Si le Kosovo et la Serbie sont liés dans beaucoup d'esprits par la brutalité d'une histoire récente, la Serbie s'appuie et insiste sur un passé commun nettement plus ancien pour justifier ses droits sur celle qu'elle appelle « la Vieille Serbie » (Kosovo et Metohija réunis). Celle-ci est pourtant largement musulmane, majoritairement peuplée d'Albanais et ces derniers estiment en être les occupants légitimes.
Les tensions actuelles entourant la question de la reconnaissance de son indépendance proclamée en 2007 ne viennent que confirmer cette place centrale occupée par le Kosovo dans la culture nationale serbe, place qu'il nous faudra donc expliciter les raisons.
Pour cela, nous nous pencherons sur l'histoire, notamment médiévale, qui lie les deux parties. Nous nous appliquerons ensuite à déconstruire le discours nationaliste élaboré à partir du XIXe siècle. Ces rappels et ces analyses nous permettront enfin de mieux comprendre les difficultés et la précarité de la situation dans la région.
[...] Celui-ci, rédigé par l'Académie des Sciences et des arts de Belgrade, condense-le ressenti serbe face au pouvoir central de Tito. Selon ce texte, les Serbes se doivent de reconquérir leur souveraineté nationale mise à mal par un régime dont ils n'ont pas pu obtenir d'être [égaux] en droits aux autres peuples de Yougoslavie et qui n'ont pas eu le droit d'avoir [leur] propre Etat Il rappelle également la légitimité de la Serbie à contrôler les provinces autonomes. A propos de la situation faite aux Serbes du Kosovo, le Mémorandum va même jusqu'à évoquer un génocide physique, politique, juridique et culturel Ce texte est alors érigé en véritable programme national visant à restaurer l'intégrité de la Nation serbe. [...]
[...] La foi orthodoxe au Kosovo est cependant prise dans l'agitation générale. En effet, en réponse à la poussée conjuguée des Serbes et des Austro-hongrois qui parviennent à prendre Belgrade en 1688 et après la reprise en main du territoire par les Ottomans en 1690 à Kacanik, des églises sont détruites et des monastères pillés en guise de représailles. Toujours dans cette logique punitive suite aux affrontements austro-turcs, le patriarcat de Pec est de nouveau supprimé en 1776. Dans ce contexte, de nombreux Serbes quittent le Kosovo pour aller s'installer dans les terres sous domination austro-hongroise. [...]
[...] La Première Guerre mondiale est en effet déclenchée après l'assassinat par un nationaliste serbe de l'Archiduc François Ferdinand à Sarajevo. Vaincue, la Serbie garde de ce conflit le souvenir d'une épreuve pour son peuple, épreuve qui nourrit encore un peu plus l'image qu'il se forge de lui-même et qui fait écho à la bataille de Kosovo Polje : celle d'un peuple héroïque et martyr face aux grandes puissances[8]. Le 1er décembre 1918, la Serbie devient le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes entité rassemblant donc la Serbie, la Slovénie et la Croatie mais aussi la Dalmatie, la Bosnie-Herzégovine, la Voïvodine serbe et le Monténégro. [...]
[...] L'autonomie est consacrée par la Constitution yougoslave de 1974 qui blesse les Serbes dans la mesure où elle illustre à leurs yeux la volonté de Tito de construire une Yougoslavie forte avec une Serbie faible Il n'y a plus alors que le statut officiel de République qui manque au Kosovo et à la Voïvodine pour être sur un pied d'égalité parfaite avec les autres républiques mais Belgrade s'y oppose formellement. Une politique agraire est également mise en place au Kosovo et entraîne l'expulsion des propriétaires serbes. Les nationalistes serbes ne cessent cependant de réclamer le retour du Kosovo dans leurs frontières. [...]
[...] DERENS JA, Op. Cit. www.tflq.ulaval.ca www.tlfq.ulaval.ca www.tlfq.ulaval.ca LANDRY T., Op. Cit, p.68. LANDRY T., Op. Cit., p.69. LANDRY T., Op. Cit, p.70-72. [...]
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