L'intégration européenne ne fait pas, en 1945, partie des plans américains pour l'après-guerre. Les Etats-Unis sont alors favorables à une stratégie universaliste et, en particulier à une organisation mondiale de l'économie qui doit permettre d'éviter le retour à la Grande Dépression. Ils sont donc logiquement hostiles au régionalisme. Mais les difficultés économiques de l'après-guerre gênent la réalisation de ce rêve universaliste : les pays européens, ruinés par la guerre, sont absolument incapables de faire face à la concurrence américaine et doivent réduire leurs importations en provenance des Etats-Unis (...)
[...] Enfin, un contraste difficilement soutenable est apparu entre la méfiance vis-à-vis des Européens et l'intégration des politiques atomiques militaires américaines et britanniques. Face au projet de Marché Commun Au début des années 1950, les Américains sont par principe très favorables à la construction européenne. Mais, à vrai dire, peu d'entre eux ont une idée précise de ce dont il s'agit. En 1956, le projet de CEE ne retient guère l'attention Outre-Atlantique. Sa réalisation apparaît de toute façon bien incertaine. La question du tarif extérieur commun (le TEC) inquiète cependant un peu. [...]
[...] Le dialogue n'est pas toujours fructueux, mais il devient en tout cas possible. L'Alliance atlantique, qui avait été unie par la peur commune de l'expansionnisme soviétique, est désormais plus divisée. Eisenhower, désireux de réduire le budget des Etats-Unis, ne peut éviter d'en diminuer le poste essentiel, les dépenses militaires. Pour ne pas trop gravement affaiblir le potentiel militaire américain, il axe alors toute sa stratégie sur la dissuasion atomique : c'est la doctrine des représailles massives Le choix des Américains a évidemment d'importantes conséquences. [...]
[...] Conclusion Coïncidence surprenante, les Etats-Unis présentent les premiers signes de déclin économique au moment même où ils facilitent la constitution de la CEE. Les Américains comprennent par ailleurs rapidement que la France retire de la CEE une force considérable et 7 que la France, désormais dirigée par le général de Gaulle, ne sera pas un partenaire facile. Le président Kennedy propose certes aux Français un projet de communauté atlantique. Mais, à la suite du refus français, la crise atlantique devait en fait tendre à s'aggraver tout au long des années 1960. [...]
[...] De 1946 à 1953, les Etats-Unis ont appliqué un régime que l'on pourrait qualifier d'isolationnisme atomique. Mais en 1953, l'explosion du premier engin thermonucléaire soviétique y met un terme. Il fallait en effet craindre que l'URSS n'offre la première au monde, dans un effort de propagande, les informations civiles que les Etats-Unis avaient refusé de divulguer depuis 1946. Les Américains lancent donc en mars 1953 le programme Atomes pour la Paix Les Américains s'engagent à faciliter la construction de centrales à uranium enrichi. [...]
[...] C'est évidemment un élément décisif pour les Européens. Avant Suez, le Marché commun et Euratom sont encore des projets assez précaires. Après Suez, il devint évident qu'ils se concrétiseraient. Suez est en fait une double révélation. Les nations du Vieux Continent comprennent à quel point, isolées, elles étaient impuissantes. Elles comprennent aussi que la politique américaine, quand les circonstances l'exigent, balaie toute considération pour l'intérêt de leurs alliés. Dans ces conditions, il est logique que la France et la RFA se rapprochent encore davantage. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture