Le socialiste Saint-Simon écrit dans son ouvrage De la réorganisation de la société européenne (1814), que pour le XIXe siècle, « une Constitution […] appuyée sur des principes puisés dans la nature des choses et indépendants des croyances qui passent et des opinions qui n'ont qu'un temps » est nécessaire, c'est « ce qui convient à l'Europe » du XIXe.
C'est au XIXe siècle que se confondent volonté d'unifier les Etats européens et idées nationalistes; la fin de la période donnera raison aux nationalismes, puisque la conséquence directe des mouvements nationalitaires sera la Première Guerre Mondiale, l'Europe n'ayant su, à temps, former une société unie. Par « société européenne », on peut comprendre une culture socio-économique commune pour la population européenne, ou une organisation politico-sociale collective. L'Europe forme-t-elle une société à part du reste du monde ? A la veille de la Première Guerre Mondiale, les tensions et les alliances fleurissent sur le continent européen, preuve de la « désunion » des gouvernements européens.
Malgré les tensions et la Grande Guerre, peut-on dire qu'il existe un modèle de société européenne au crépuscule de l'ère industrielle ? Les différents Etats européens ont-ils su conserver un patrimoine commun et laisser de côté leurs différends ? Les sociétés européennes distinctes sont-elles assez comparables pour parler d'une société européenne ? Avec des valeurs, des institutions communes à toutes les nations européennes du second XIXe siècle ?
[...] En effet, à la veille de la Première Guerre Mondiale, la diversité des régimes politiques en Europe est telle qu'on ne peut pas parler de société politique européenne. En 1914, le modèle démocratique semble dominant, de nombreux pays ont adopté un régime constitutionnel et aux apparences démocratiques (même les Empires), mais les vraies démocraties européennes, celles qui méprisent un régime autoritaire se comptent sur les doigts de la main : les Républiques française, suisse et portugaise, et les monarchies parlementaires britannique, belge et norvégienne. [...]
[...] Egalement par des sociétés de sport (conçues comme une préparation militaire par la presse, par la littérature, la philosophie (le français Ernest Renan), la chanson (hymnes nationaux : la Marseillaise, le Deutschland über alles Enfin, plusieurs nations relevant d'Etats différents souhaitent se regrouper dans de grands ensembles (panslavisme des Russes et des Serbes, pangermanisme des Allemands ) qui font peser de graves menaces sur la paix mondiale. Désormais, l'idée même d'Europe devient illusoire, l'idée de paix européenne n'est plus envisageable. Chaque nation ne pense qu'à ses avantages, qu'à son peuple, qu'à son intérêt national ; elle songe à ses voisins, mais les considère comme inférieurs, et comme ennemis. [...]
[...] Ellipses, Paris o HOBSBAWNS Eric J., L'ère des empires (1875-1914), Ed. Fayard, Paris - Ouvrages spécialisés o DUROSELLE Jean-Baptiste, L'idée d'Europe dans l'Histoire, Les Editions Denoël, Paris o GAY Peter, Une culture bourgeoise (1815-1914), Ed. [...]
[...] S'il est vrai que la base sociale de la société européenne peut être qualifiée de commune, les évolutions politiques, qui conditionnent la vie en société, sont bien trop différenciées pour employer l'expression société européenne Des inégalités non-négligeables entre les Nations européennes Si l'on parle de démocratisation, elle ne concerne qu'inégalement les Etats européens ; de même pour les avancées techniques, économiques, sociales, qui ne touchent pas de la même manière les pays d'Europe. Peut-on alors parler de société européenne si les fondements d'une société (au sens plus social et économique) ne sont pas les mêmes ? Si les capacités d'innovation, de progrès sont différentes ? [...]
[...] En 1913, les trois plus grands empires coloniaux sont le Royaume-Uni (avec 30 millions de km2), la France (11 millions de km2), et l'Allemagne millions de km2) ; les autres pays européens (Espagne, Portugal, Belgique, Russie, Pays-Bas, Italie, Danemark ) ont eux aussi quelques possessions coloniales (on peut parler d'une sorte de consensus, de complicité entre les Etats européens, et donc d'une certaine union tacite entre eux) Des sociétés industrielles & citadines À la veille de la Première Guerre Mondiale, l'Europe se distingue des autres économies industrialisées. Tous les pays européens (ou presque sont devenus de vraies puissances industrielles. On peut l'observer par la surreprésentation du secteur industriel dans la population active en Europe : en 1914, le secteur industriel représente plus de 30% de la population active (alors qu'aux Etats-Unis, la proportion n'est que de 20%). [...]
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