« Le siècle qui va de 1789 à 1880 aurait pu s'appeler le siècle de la révolution française », ainsi l'historien François Furet illustre la tâche complexe que représente la délimitation de l'impact de la révolution dans l'Histoire. Si son legs est indéniable, l'ambiguïté n'en est pas plus atténuée : siècle de la révolution quant à l'affrontement continuel auquel elle fait place ou siècle de la révolution tant les questions qu'elle a ouvertes seront celles que la France s'efforcera de résoudre et les principes qu'elle a instaurés seront ceux à défendre ?
Car ce siècle est riche en paradoxes. La France des années 1780, à la fois confinée dans des cadres anciens et foisonnante de nouveautés, d'initiatives et rapidement de remises en causes, semble être le pays de tous les possibles. En 1851, la pays qui a alors connu une kyrielle de transformations, d'évolutions, est transpercé par une période de crises qui trouve issue dans un coup d'Etat. Ce sont moins les soixante-dix années que les diverses ruptures politiques qui se sont opérées qui séparent ces deux France si différentes. A la lumière de ce contraste flagrant, il est donc légitime de se demander dans quelle mesure on peut évoquer le terme de « pacification politique » pour décrire cette évolution.
En effet, considérons la dimension multiple de ce dernier. Y'a-t-il eu une action durable pour rétablir le calme après la guerre ou les troubles politiques ? Peut-on parler de pacification pour décrire une structuration des institutions politiques pour régir la vie de la Cité et unifier son peuple? Si les conflits et les révoltes sont antinomiques de la pacification politique, ont-ils pu garantir le bonheur commun (qui, rappelons-le, est l'objectif ultime du politique selon Aristote) ?
Afin de répondre à ces questions, nous analyserons tout d'abord comment la valse des révoltes, des révolutions, des insurrections et des dictatures qui occupe la quasi-totalité de la période étudiée aura fait couler beaucoup de sang et conservé dans la soumission beaucoup de peuples pour une pacification politique finalement que très relative. Toutefois, une observation des grandes évolutions politiques dans un balayage du siècle permettra dans un second temps de dégager une tendance globale à la pacification politique dans l'esquisse d'une lente conquête de la démocratie.
[...] Toutefois, une observation des grandes évolutions politiques dans un balayage du siècle permettra dans un second temps de dégager une tendance globale à la pacification politique dans l'esquisse d'une lente conquête de la démocratie. L'ère des révolutions, 1789-1848, ainsi s'intitule l'ouvrage d'un des plus célèbres historiens britanniques, Eric J. Hobsbawm, et qui témoigne du trouble politique permanent de cette période. En effet, la guerre et les révoltes viennent le plus rapidement à l'esprit quand on pense à ce siècle de douleur, de massacres et surtout de rupture. Car c'est bien la rupture irréversible qui est associée au terme de révolution, rupture le plus souvent dans une violence démesurée. [...]
[...] A la lumière de ce contraste flagrant, il est donc légitime de se demander dans quelle mesure on peut évoquer le terme de pacification politique pour décrire cette évolution. En effet, considérons la dimension multiple de ce dernier. Y'a-t-il eu une action durable pour rétablir le calme après la guerre ou les troubles politiques ? Peut-on parler de pacification pour décrire une structuration des institutions politiques pour régir la vie de la Cité et unifier son peuple? Si les conflits et les révoltes sont antinomiques de la pacification politique, ont-ils pu garantir le bonheur commun (qui, rappelons-le, est l'objectif ultime du politique selon Aristote) ? [...]
[...] Ainsi, peut-on parler d'une violence pacificatrice pour décrire la tendance politique au cours de cette période. En effet, si les révoltes et les massacres ont ponctué cette dernière au point d'être vue comme l'ère des révolutions, le sang versé par le peuple est à l'origine de l'ancrage de principes fondamentaux dans les populations et les régimes, qui se reconnaissent de plus en plus l'un dans l'autre. C'est donc au prix de souffrances et de soumission que la vie politique se fait plus libre et marche progressivement vers la démocratie. [...]
[...] On parlera de lui lors de son retour dans l'épisode des Cent Jours comme le perturbateur du repos de l'Europe et le libéral Benjamin Constant le comparera à Attila. Cette institutionnalisation de la violence est telle qu'elle se poursuit sous la Restauration où l'instabilité du Régime n'a d'égale que l'acharnement de la lutte politique. En effet, tiraillé entre ceux qui veulent un retour en arrière (les réactionnaires et les ultras), ceux qui veulent un compromis et ceux qui veulent une avancée plus libérales, les différentes phases de la Restauration sont ponctuées par la répression, la montée des tensions, l'assassinat politique du duc de Berry le 14 février 1820. [...]
[...] Ne serait-ce que dans l'organisation territoriale, le pays est unifié : à l'enchevêtrement des circonscriptions territoriales de l'Ancien Régime se substitue une division en départements, cantons, communes. A chaque échelon correspondent des fonctions définies, des lieux de réunion, des assemblées élues proches du peuple. Au niveau financier, la Révolution institue l'égalité devant l'impôt et le droit de la nation d'en fixer le montant chaque année et l'administration financière est très hiérarchisée sous le Consulat. De même pour la justice, celle-ci subit des transformations conformes aux nouveaux principes. [...]
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