On entend par condominium la direction en commun des affaires. Le monde est-il conjointement géré par les deux superpuissances en charge de régler chacune les affaires de son bloc et conjointement les affaires du monde ? Cette idée apparaît largement paradoxale avec le principe de Guerre Froide : les deux Grands ne sont pas censés collaborer à la stabilité du monde mais se confronter, s'opposer. Pourtant les USA et l'URSS apparaissent comme les deux gendarmes du monde, avec l'entrée dans la détente à la mort de Staline en 1953 et la stabilisation temporaire du front en Asie, consécutive à la fin de la guerre de Corée. A partir de 1985, l'URSS est en perte de vitesse au niveau mondial et les réformes internes (perestroïka et glasnost) s'accompagnent d'un recul de l'influence soviétique dans le monde avec le retrait d'Afghanistan et la fin de la surexpansion impériale qui se traduit par la désagrégation progressive du bloc communiste et la fin des aides et faveurs accordées à de nombreux pays à travers le monde.
Si les deux supergrands ont bien établi une forme de condominium sur le monde durant cette période, bien qu'il faille émettre quelques limites, cela s'est produit moins par leur collaboration que par leur opposition.
[...] Du côté communiste, les confrontations ne manquent pas. Outre la rupture définitive entre la Chine et l'URSS en 1961, les confrontations au sein du bloc communiste vont se perpétuer sur cette ligne de fracture entre communistes chinois et communistes soviétiques par la guerre entre le Cambodge des Khmers maoïstes et le Vietnam de la junte prosoviétique. Des révolutions : Iran en 1979 Les divers coups d'Etat à travers le monde étaient pour la plupart liés au conflit Est-Ouest, que ce soit en Amérique Latine où les régimes putschistes ou révolutionnaires étaient soutenus par les Américains ou les Soviétiques ou en Asie où les régimes étaient plus ou moins obligés de se situer dans un camp ou un autre. [...]
[...] Leur opposition oriente et surtout stigmatise les conflits les plus importants. La guerre d'Indochine menée par la France passe dans les années 1960 d'une guerre de décolonisation à un conflit Est-Ouest. La décolonisation française est achevée en 1954 en Indochine, mais l'opposition du Nord communiste et du Sud pro-occidentale va s'imprimer des oppositions entre les Etats-Unis, qui interviennent dans la région, et l'URSS, qui soutient indirectement le Nord-Vietnam. Nombre de guerres de décolonisations tournent au conflit Est-Ouest, les décolonisations portugaises de 1975 laissent place à une guerre civile en Angola qui oppose ceux soutenus par les Soviétiques et ceux soutenus par les Occidentaux. [...]
[...] De même, les Américains et les Soviétiques cherchent à éviter la division de leurs camps. Les Américains prennent rapidement fait et cause au cours de la guerre des Malouines (1982) et intiment à Margaret Thatcher de ne pas réagir à l'agression argentine, afin de ne pas déstabiliser le régime des généraux, dirigé par Videla en pleine crise sociale. De la même manière, le conflit cypriote de 1974 inquiète les Américains qui n'osent pas prendre part pour l'une des parties par crainte de déstabiliser l'autre. [...]
[...] A l'inverse, des pays susceptibles de basculer dans le camp communiste et de générer le tant redouté effet domino font l'objet d'une intervention militaire américaine très forte. Entre 1951 et 1953, le gouvernement iranien du Docteur Mossadegh nationalise le pétrole iranien, suscite l'ire du clergé et du shah et même un embargo britannique, avant d'être renversé avec l'appui des Américains. L'Iran, alors proche des Américains, menaçait les intérêts occidentaux et menait une politique plus indépendantiste. La crainte des Américains du basculement d'un pays dans le bloc communiste les a incités à intervenir au cours de deux guerres majeures : la guerre de Corée (1950-1953) et la guerre du Vietnam (1963- 1975). [...]
[...] Ce sont bien deux superpuissances qui s'affirment sur la scène mondiale au sortir du Second conflit mondial. Les États-Unis prennent alors acte de leur puissance et décident de jouer le rôle sur la scène internationale qu'ils avaient refusé au sortir de la Première Guerre mondiale. Les Soviétiques, marginalisés après la Révolution d'Octobre, trouvent dans la Grande Alliance une nouvelle place sur la scène mondiale. La différence de capacités avec les nations européennes est considérable. Les États-Unis et l'URSS sont économiquement, en dépit de systèmes antagonistes, militairement bien supérieurs aux Européens, dont les économies sont dévastées par les pillages et les destructions et le potentiel militaire quasi nul. [...]
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