Le 19e siècle est souvent considéré comme « L'ère des révolutions », événements brutaux dans la forme comme dans le fond en tentant de marquer une brusque rupture avec l'ordre politique et social établi. Tandis que 1789 marqua la volonté de rompre avec l'Ancien Régime, 1848 semble marquer la volonté des peuples influencés par le libéralisme politique de se voir représenter au niveau de l'Etat et de pouvoir ainsi exprimer certaines revendications. L'échec du printemps des peuples, dont le soulèvement populaire fut vite réprimé marqua le dernier exemple d'une révolution à l'échelle de l'Europe. La tentative d'insurrection populaire et parisienne de la Commune en 1871 confirma l'inefficacité de la prise des armes pour permettre un changement des conditions de vie du peuple tout en ouvrant une nouvelle ère de démocratisation des sociétés européennes pour permettre une intégration des masses et de leurs revendications dans la vie politique. Ainsi, on assiste à la fin des révolutions dans les pays industriels qui ont su élargir leur collège électoral aux classes populaires et tenir compte de la nouvelle réalité ouvrière imposée par l'industrialisation. Pourtant, 44 ans après la guerre franco-prusienne qui vit la défaite de la France à Sedan, l'Europe est prête à s'engager dans une guerre jugée inévitable, qui cristallise dans chaque camp le même désir de victoire, une même haine de l'ennemi et qui semble masquer sous un nationalisme exacerbé, 4 années de violences jamais atteintes dans des combats plus meurtriers les uns que les autres. Dans le même temps, 1913 marque l'année d'un pic dans les conflits sociaux toujours plus revendicatifs, alors que l'idéologie révolutionnaire n'a jamais autant été répandue.
Comment dès lors expliquer que l'on assiste à un tel excès de violence dans la forme ou dans le but recherché, alors que la démocratisation entreprise à partir de 1870 sembla mettre fin aux velléités de révolution en tentant d'intégrer les masses populaires dans le débat public ? Peut-on ainsi parler d'une « brutalisation », c'est-à-dire d'une utilisation de la violence dans la vie politique et sociale afin d'arriver à ses fins dans l'Europe de la période 1870-1914 ? Il s'agira d'étudier les différentes formes, physiques ou verbales, qu'a pu prendre la violence à la fin du siècle et quels buts et quels processus ont pu amener à l'utilisation de la violence.
[...] Dès lors, du fait de la liberté de presse accordée dans les différents pays, ces idées trouvèrent un formidable tremplin. Des journaux antisémites comme La Libre parole ou L'Antijuif furent fondés et participèrent à la propagande antijuive lors des scandales politiques. Finalement, la démocratisation entraîna la diffusion d'idées noires et violentes car relayées au niveau politique. En effet, en 1882, le Congrès antijuif international de Dresde lança une Pétition des antisémites réclamant des lois antijuives recueillit signatures. On passe ainsi d'une violence verbale à une organisation de la violence en prévoyant une persécution légale. [...]
[...] Nationalisme, xénophobie, antiparlementarisme, socialisme mais aussi populisme avec manipulation du suffrage voilà donc bien les éléments de la brutalisation de la vie politique et sociale de l'Europe de la fin du 19e mais aussi peut-être ceux d'une certaine brutalisation des sociétés européennes de l'entre-deux guerres mondiales. Cette brutalisation de la fin du 19e ne fait-elle pas finalement partie d'un plus long processus interrompu par la 1ère guerre mondiale ? Bibliographie o Ouvrages généraux - Berstein, Milza. Histoire du XIXe siècle. [...]
[...] En effet, les exercices scolaires furent un moment privilégié d'exaltation patriotique et notamment d'exaltation de la guerre. Des chansons martiales furent étudiées dès la maternelle et les leçons d'histoire furent une occasion d'exalter le passé guerrier national et les grandes figures de son histoire. En France, les cartes pointèrent en violet, la couleur du deuil, les provinces perdues, entretenant ainsi une nostalgie et un désir de revanche. Une revue en 1884 incita ainsi à enseigner aux enfants qu'aucune patrie n'est plus noble et plus digne d'être aimée que la patrie française et inscrivit ainsi à l'image des autres pays une hiérarchie dans les nations incitant à la conquête. [...]
[...] Ellipses o Ouvrages spécialisés pour certaines parties spécifiques - Becker, Jean-Jacques, Audoin-Rouzeau, Stéphane. La France, la Nation, la Guerre : 1850-1920. Sedes - Prépioset, Jean. Histoire de l'anarchisme. Tallandier - Rioux, Jean-pierre. Les populismes. 2007. [...]
[...] Ainsi, face à la montée du socialisme en Allemagne, Bismarck n'hésita- t-il pas à faire voter des lois d'exception à la suite de deux attentats anarchistes commis contre l'empereur en 1878. Dirigées contre le SPD, ces lois interdirent les associations, les réunions et toute publication de journaux marxistes ou anarchistes. Finalement, malgré les nombreuses oppositions, cette démocratisation des sociétés européennes conduisirent les dirigeants politiques à reconsidérer leur base électorale en s'adressant directement à l'électorat nouvellement formé et en établissant une nouvelle propagande politique à destination des masses. [...]
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