Turner USA Etats-unis frontière cowboy western
La frontière aux États-Unis ne caractérise pas une limite territoriale comme on l'entend généralement. On ne peut pas la situer, la fixer ni la délimiter. C'est un territoire mobile, une ligne qui séparait les espaces exploités des espaces encore vides du territoire américain. C'est aussi une terre à coloniser, et l'état d'esprit conquérant qui va avec.
Puis c'est enfin le mythe de l'Ouest américain et toutes ses figures emblématiques. On peut considérer que la frontière s'est « ouverte » dans une moindre mesure dès le début du XIXe siècle, mais c'est l'impulsion du « Gold Rush » de 1848 et des « Grandes Migrations » qui constituent véritablement ses images telles quelles sont les plus représentées dans l'imaginaire qui la caractérise.
La fin de la Frontière correspond moins à une date communément admise par les spécialistes. En effet, la théorie de la frontière est surtout connue grâce à la plume de Frederick Jackson Turner qui lui donne fin en 1890 (le moment où tout le territoire est colonisé) dans son livre La signification de la frontière dans l'histoire américaine paru en 1893. Mais de plus en plus d'historiens remettent en cause cette limite et estiment que le mythe de l'ouest a continué de se forger et a évolué avec la société américaine en incorporant ses changements.
Cependant on s'intéresse ici à la théorie originelle de la frontière, celle qui caractérise la frontière sous le XIXe siècle, et à ses formes, ses manifestations.
[...] D'autre part, les ressources naturelles qu'offrait le territoire de l'Ouest semblant illimitées, la population américaine du XIXème siècle ne cessa de repousser la frontière, ou plutôt de la faire progresser. Cette progression permanente de la frontière marqua ainsi l'ère du gaspillage des ressources naturelles par les hommes. Les troupeaux de bisons furent massacrés pour la plus part. D'innombrables barrages furent construits sur les fleuves, attentant ainsi à leurs milieux naturels. Les forêts furent également décimées et les grandes plaines défigurées par l'implantation massive d'exploitations minières. [...]
[...] Cette destruction progressive du territoire due à l'expansion des limites de la frontière est notamment à l'origine des premiers mouvements américains de défense de l'environnement. Les populations américaines refusèrent en effet de voir disparaitre les paysages porteurs de la progression de la frontière, ce qui mena par exemple à la création du premier parc national ; celui de Yellow Stone en 1872, suivi de la nationalisation des forets dans les années 1890. Les mouvements de contestation suscités par la lente détérioration d'un territoire qui fut jadis symbole d'abondance et de liberté marquent ainsi l'influence persistante de la Frontière dans les esprits américains. [...]
[...] En effet, de 1848 à 1900, les populations de pionniers se précipitaient sur les territoires non exploités, construisaient des villes et exploitations, exterminant les populations natives au passage. Les Guerres Indiennes furent les premiers conflits au nom de la Frontière ; une nouvelle forme de violence inter-civilisation apparut. De plus, Turner explique comment la conquête de l'ouest a influencé les mœurs étatsuniennes. L'Ouest est en effet représenté comme étant un espace de liberté et d'inconnu dans lequel tout reste à découvrir. [...]
[...] L'achèvement de ce domptage progressif du point de rencontre entre primitif et civilisation comme l'exprime Turner, est le refoulement des indiens, peu à peu parqués dans des réserves, et l'extermination des bisons. La maîtrise de l'espace qui caractérise de plus en plus la totalité de l'espace américain demande alors une réactualisation de l'idée de frontière car comme l'exprime Turner, encore une fois dans La signification de la frontière dans l'histoire américaine : "Up to and including 1880 the country had a frontier of settlement but at present the unsettled area has been so broken into isolated bodies of settlement that there can hardly be said to be a frontier line.", en l'absence désormais de terres sauvages, le concept de frontière semble perdre son sens. [...]
[...] Bibliographie - Far West Images et récits de la conquête, Barbara Kappelmayr et Marcus Sillober, PML Editions. - Encyclopédie Canadienne - Portrait des États-Unis. Chapitre 2. D'un océan à l'autre. Géographie et caractéristiques régionales, Service d'information du Département d'État, É.-U - The Frontier in American History, Frederick Jackson Turner Dover Publication (de plus, la préface de René Rémond dans la traduction française). [...]
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