« Les soldats debout, les bureaucrates assis, les prêtres à genoux, les mouchards rampants ». Ce résumé du « système Bach » (ministre sous le règne de l'Empereur François-Joseph) annonçant le néo-absolutisme du début de la seconde moitié du XIXe siècle montre bien la volonté, principalement européenne, dans les années 1850 de revenir un ordre après les instabilités connues lors du Printemps des peuples. Pourtant on constate en 1914 un établissement du suffrage universel dans la majorité des pays Occidentaux (Europe et Etats-Unis), symbole d'un mouvement de démocratisation des sociétés qui, ne se cantonnant pas au seul niveau politique, s'est étendu à de nombreux domaines (éducation, social…). Il semble ainsi que de très fortes mutations soient apparues durant la période s'étendant de 1850 à 1914. Si la volonté de revenir à une situation se rapprochant davantage de celle de l'Ancien Régime apparaît en 1850, peut-on dire que cette période fut finalement davantage favorable à une démocratisation des sociétés européennes et américaines ? Afin d'étudier cela, nous verrons dans un premier temps que la seconde moitié du XIXe siècle s'inscrit incontestablement dans un processus de démocratisation des sociétés avant de nous demander si les imperfections persistantes dans les démocraties de l'époque ne sont pas davantage des enjeux à « affronter » pour poursuivre le processus initié au cours de cette période.
[...] Ce type de réformes rencontrées dans une grande part de l'Occident du second XIXe siècle a permis de faire reculer l'analphabétisme ( il recule de 75% à 38% en Italie entre 1861 et 1911, l'alphabétisme touche 97% de la population en 1900 une intégration sociale des masses dans la société, une meilleure capacité de leur part à participer au mouvement démocratique en expansion et ce, notamment, par la lecture de journaux. Car, un autre symbole de la démocratisation de l'époque fut incontestablement le développement et l'extension de la culture et de l'information. Grâce notamment aux avancées techniques connues (impression rapide des deux côtés de la feuille en 1867, téléphone puis cinéma en 1895), les moyens de communication et d'information se développent considérablement sur la période, favorisant l'élan de démocratisation en ce qu'ils permettent la création d'un climat de discussion et d'expression. [...]
[...] Au travers du roman Au Bonheur des dames d'Emile Zola (1883) on peut ainsi observer des exemples de ces sphères séparées. On y voit ainsi le décalage entre une bourgeoisie en pleine ascension (caractérisée par le directeur du grand magasin Au Bonheur des dames) et une classe populaire (ici des petits commerçants) écrasée par l'arrivée de ces capitalistes et se retrouvant dans la misère. Au travers de la difficile ascension de Denise au sein du magasin, on entrevoit également les difficultés existantes pour une femme de s'imposer alors mais également les difficultés à s'imposer lorsque l'on ne vient pas de la bourgeoisie ou des classes aisées. [...]
[...] Cette idée s'est également vue appliquée très fortement par Bismarck qui instaura le Kulturkampf dont est restée la laïcisation de l'état civil et du mariage proclamée en 1874-1875. La proclamation de l'école laïque en Belgique en 1879, en France en 1882 ou encore le désintéressement progressif des masses (surtout les ouvriers masculins) sont d'autres exemples de la perte d'influence relative du religieux sur les pensées de la population à l'époque, permettant de ce fait une plus forte liberté d'expression, moins soumise à des dogmes. [...]
[...] En effet si l'école primaire est généralisée pour tous dans le but de faire reculer l'illettrisme, elle est davantage un outil d'intégration des masses dans la société, un moyen de faire accepter au peuple le régime instauré tout en développant un amour de la patrie et des traditions. Avec le livre le Tour de la France par deux enfants de G.Bruno(1877) et la lecture assidue qui en fut faite dans de nombreuses écoles dans les années 1880 nous avons un exemple français du désir politique d'ancrer dans les mentalités un culte de la patrie auquel se voient ajoutés des principes moraux tels que le respect des hiérarchies ou du travail, principes renforçant les hommes alors au pouvoir. [...]
[...] On peut tout d‘abord voir les évolutions connues dans le domaine de la protection du travail. En effet, si dans l'œuvre Germinal d'Emile Zola, on peut entrevoir les difficultés rencontrées par le monde prolétaire pour mener une existence correcte, on assiste pourtant à une amélioration des conditions des travailleurs en accord avec l'élan de démocratisation connu alors. S'il serait très long de développer toutes les mesures mises en place en Europe et aux Etats-Unis à cette époque, on peut se référer aux avancées du système de protection sociale en Grande-Bretagne ainsi qu'à l'importance prise par les syndicats menant progressivement à la création d'un parti aux vues socialistes afin d'entrevoir les mouvements en action sur le continent européen et d'Amérique du Nord à cette époque. [...]
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