Au XIXe siècle le continent qui jusque-là avait été le plus colonisé par les puissances européennes, l'Amérique, accède dans sa quasi-totalité à l'indépendance vis-à-vis des anciennes métropoles – à l'exception majeure du Canada, toujours sous l'autorité de la Couronne britannique. Les Amériques du début du XIXe siècle, quand les nouveaux États s'organisent, ont donc un défi de grande ampleur : le développement.
On observe ainsi au XIXe siècle deux mouvements : celui du peuplement et celui de la colonisation – le premier se définit selon l'Académie française comme l'action de peupler, de constituer ou d'accroître la population d'un territoire donné ; le deuxième comme l'action d'occuper, d'exploiter et de mettre sous tutelle un territoire sous-développé et sous-peuplé par les ressortissants d'une métropole.
Quelles sont alors les modalités de ce peuplement et de cette colonisation, comment fonctionnent-elles, qu'amènent-elles comme conséquence ?
[...] Le Brésil, autre grand État où l'esclavage était toléré, attendit 1888 pour mettre fin à cette pratique c'est le dernier pays à le faire aux Amériques dans un contexte de diminution du nombre d'esclaves et de moindre nécessité de faire appel à eux ( il y a en 1887 encore environ sept cent mille esclaves dans l'Empire du Brésil). Ces abolitions tardives ne sont pas la norme : ainsi dès 1793 le Haut-Canda l'abolit, et en 1803 le Bas-Canada fait de même. b. L'émigration volontaire aux Amériques L'autre grand phénomène de colonisation est l'émigration volontaire, qui touche en grande majorité les États-Unis, mais également le Canada, le Brésil et l'Argentine. [...]
[...] Mais, conséquence de la colonisation tardive, le Canada ne parvient pas à rattraper le retard démographique qu'il possède vis-à-vis de son voisin, malgré son territoire plus étendu. c. Le cas de l'Argentine Le cas de l'Argentine, enfin, est plus restreint que celui du Canada et des États-Unis. Il fait la conquête d'un important territoire, contre les Indiens, en deux phases principales : sous la dictature de Rosas, gouverneur de Buenos Aires de 1829 à 1852, puis en 1879 par la conquête sous l'égide du ministre de la Guerre Rocas de quatre cents milles kilomètres carrés de terres en chassant les Indiens des plaines pampéennes et du nord de la Patagonie conquête parachevée ultérieurement par celle du reste de la Patagonie et de la Terre de Feu. [...]
[...] Cette manne de main d'œuvre est rarement rejetée, comme en 1882 lorsque le Congrès adopte le Chinese Exclusion Act qui suspend toute immigration depuis la Chine pour dix années. Derrière les États-Unis, grands favoris des émigrants, l'on trouve le Brésil, qui accueille au xixe siècle près de deux millions cinq cents mille immigrants, le Canada, ou encore l'Argentine, avec trois millions. Ces arrivants permettent de mettre en valeur rapidement les immenses territoires des États américains, de peupler les zones humainement désertes, et d'exploiter les ressources naturelles comme lors des Ruées vers l'or en 1848 en Californie, ou en 1897 au Klondike, au Canada. [...]
[...] Les situations sont bien différentes : l'extension vers l'Ouest accompagnée d'une forte immigration des États-Unis n'a rien à voir avec la mise sous tutelle des terres indiennes en Argentine, réalisée d'ailleurs sans mise en valeur ni exploitation à la mesure de leur potentiel. Il devient évident, à travers les cas évoqués, que les grandes puissances des Amériques d'aujourd'hui trouvent leur genèse dans l'immigration au xixe siècle, et dans la conquête de nouvelles terres. Le peuplement et la colonisation qu'ils ont subi à cette époque leur a permis de se développer bien au-delà des autres pays, et le fossé est encore largement visible aujourd'hui. [...]
[...] Les Amériques à l'origine sont sous-peuplées, or la mise en valeur de leurs richesses passent par une augmentation de la main-d'œuvre disponible, augmentation qui se fit partiellement par la croissance naturelle des populations indigènes et des populations de colons, mais également par un afflux, dans certains cas massif, d'immigrants venus d'Europe, afflux au début du xixe siècle forcé (l'esclavage), puis par la suite volontaire. a. L'esclavage comme cause de peuplement L'importation et l'utilisation d'esclave aux Amériques remontent aux débuts de la colonisation de ce continent : les Espagnols en conquérant les civilisations précolombiennes réduisirent leurs peuples en esclavage ; en Amérique du Nord dès le xviie siècle l'on trouve des esclaves, dont le statut est codifié dans les colonies britanniques dans la deuxième moitié de ce siècle. Au xixe siècle, l'on observe un mouvement mondial d'abolition de l'esclavage qui touche également les Amériques. [...]
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