Le rôle du peuple dans l'idéologie, la rhétorique, les fins, la politique et la représentation du monde des régimes fascistes (aussi bien allemand qu'italien et qu'argentin) a été, depuis leur fondement, tout à fait central. Il s'agissait en effet, avant tout, de transformer la société (en Argentine), la nation (en Allemagne), l'homme (en Italie) selon le modèle ultime que ces régimes visaient. Cela dit, avant de définir les traits que l'idée de peuple assumait dans l'idéologie des régimes fascistes il est indispensable de se demander ce que le terme de peuple signifiait pour eux.
En effet, il convient d'appréhender le peuple de la même façon que le faisaient ces régimes. Le peuple n'était pas en effet identifié à l'ensemble de la population présente dans les pays respectifs mais plutôt à une unité (pas pour autant individualiste) idéalisée et abstraite ne comprenant qu'une partie bien définie de la population et constituant la nation idéale, l'objectif ultime du régime (trait somme toute plus marginal dans le régime argentin). Cette considération permet en effet de souligner un trait tout à fait essentiel de l'idéologie de ces régimes. Tout individu faisant partie du peuple est loin de faire pour autant partie du peuple.
En Allemagne, Adolf Hitler n'hésita pas, dès ses débuts et la rédaction de Mein Kampf, à définir clairement les "catégories" d'individus à exclure du groupe qu'il identifiait au peuple. Ainsi, le peuple auquel le régime nazi devait aspirer ne devait pas comprendre les non-Aryens (les Juifs, les Slaves et les Tziganes), les Aryens "inférieurs" (les malades mentaux, les infirmes), certains marginaux (les homosexuels, les alcooliques) et enfin pour des raisons plus politiques qu'idéologiques les communistes, les capitalistes et les libéraux économiques, considérés comme indignes d'appartenir à "l'élite" que la race aryenne aurait constituée.
[...] Il s'agissait donc de transformer le peuple selon une hiérarchie dont les fascistes auraient pris la tête. Si en Allemagne Hitler se détacha progressivement de plus en plus d'une hiérarchie proprement politique pour n'obéir qu'à la hiérarchie présente dans son propre groupe, l'action de Mussolini eut lieu en laissant en place la plupart des structures présentes dans le pays sans pour autant renoncer à appliquer sa vision organiciste. Si dans l'idéologie des régimes fascistes le peuple constituait donc un ensemble partageant tantôt une histoire commune, tantôt la même langue, tantôt la même culture et était conçu de façon corporatiste, "collectiviste" et organiciste, comment les régimes fascistes se rapportaient-ils au peuple ? [...]
[...] Certes, le peuple devait être soudé et uni derrière son leader charismatique mais, par nature, certains individus, certains groupes, étaient, selon eux, faits pour diriger et d'autres pour être dirigés. En effet, comme un corps humain, la nation avait son cerveau imposant ses "réflexions" aux membres et au corps tout entier. Une élite se devait donc de maintenir et d'administrer le pouvoir. Aussi bien en Italie qu'en Allemagne les membres des relatifs partis fascistes ou nazis étaient de fait des privilégiés. Les charges politiques et administratives étaient bien entendu monopole du pouvoir. En Allemagne, les S.S. devinrent également un groupe privilégié, une sorte d'aristocratie du régime. [...]
[...] Il est donc évident qu'une analyse plus détaillée, ample et faisant état aussi bien des traits communs que des spécificités de chacun des régimes, s'impose. Quelle est, précisément, l'idée du peuple que l'on retrouve dans ces régimes ? Sur quels éléments repose-t-elle et était-elle définie ? De plus, de quelle manière les régimes fascistes ont-ils cherché à manipuler le peuple, à le transformer, à le remodeler selon leurs objectifs ? Y sont-ils arrivés ? Comment le peuple a-t-il vécu sous ces régimes et comment s'est-il comporté face à ce bouleversement ? [...]
[...] En effet, il convient d'appréhender le peuple de la même façon que le faisaient ces régimes. Le peuple n'était pas en effet identifié à l'ensemble de la population présente dans les pays respectifs mais plutôt à une unité (pas pour autant individualiste) idéalisée et abstraite ne comprenant qu'une partie bien définie de la population et constituant la nation idéale, l'objectif ultime du régime (trait somme toute plus marginal dans le régime argentin). Cette considération permet en effet de souligner un trait tout à fait essentiel de l'idéologie de ces régimes. [...]
[...] Le peuple est constamment considéré dans son ensemble, l'individualisme étant tout simplement haï. Le pouvoir fasciste se rapporte au peuple selon un fort populisme et une massive activité d'encadrement de la population et de propagande. Il s'agit en effet de fonder un homme nouveau, de purifier la race élue dès l'enfance, dans tous les domaines de la vie quotidienne privée et publique. Le "privilège" d'aller jusqu'à contrôler les rêves de ses citoyens reviendra à Enver Hoxha (dont l'espionnage ultime est allusivement présenté par le roman Le palais des rêves d'Ismail Kadaré) en Albanie. [...]
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