Au XIXème siècle, l'enseignement se transforme, passant de formes traditionnelles dirigées par la famille et l'Eglise à des systèmes nationaux d'éducation. L'apprentissage ne se définit plus que par la scolarisation, qui devient elle-même une part primordiale de la prise en charge par l'Etat.
Cette émergence de systèmes nationaux d'éducation passe par la consolidation de réseaux d'éducation élémentaire progressivement gratuite et universelle (obligatoire) ; l'élargissement de la minuscule base sociale de l'enseignement secondaire ; la rationalisation de l'université ; (...)
[...] L'Eglise, de son côté, y perd son plus puissant outil de contrôle social. L'individu créé dans le moule républicain est contesté par l'Eglise et son holisme, sa défense de la famille. Rapidement, l'affrontement tourne en un clivage national, entre ceux qui épousent les valeurs traditionnelles véhiculées par l'Eglise, et ceux qui épousent les valeurs républicaines. C'est la France du curé contre celle de l'instituteur; le missel contre le manuel scolaire. En Allemagne, l'affrontement est nettement moindre car il y existe un multiconfessionnalisme, et le gouvernement Allemand veut avant tout lutter contre les forces extérieures à l'Allemagne; la création de la Nation et l'identité allemande peut partiellement s'accorder avec la persistance d'un rôle de l'Eglise. [...]
[...] C'est la création de l'Etat moderne, nettement plus interventionniste, qui passe par l'émergence de l'éducation publique généralisée, avec d'un côté un système administratif abouti, et de l'autre la naissance d'un corps de fonctionnaires dans le moule de l'Etat. Et à nouveau, ces observations générales sont à nuancer selon les modèles. La nécessité de créer une Nation unique, avec une identité commune, passe par une nationalisation et une centralisation de l'éducation primaire publique. De telle sorte, l'implantation dans chaque commune est contrôlé par l'administration centrale au moyen d'inspecteurs, de la formation et le contrôle strict des enseignants. De même, il y a une nationalisation des programmes, des manuels, et de l'échelle d'éducation. [...]
[...] C'est à la fois le pur produit de l'Etat-Nation et le facteur premier de sa reproduction, de sa pérennité. Il en est de même en Allemagne, l'instituteur est le pur produit du germanisme, et le transmet au mieux chez ses élèves. Le témoignage fictif du roman culte A l'Ouest rien de nouveau, dénonçant cette endoctrinement nationaliste de la part du maître de classe en est l'excellente illustration. Mais à nouveau, ces observations sont à nuancer au regard du monde anglo-saxon. [...]
[...] Il a étendu sa sphère d'action, et ses moyens par la même occasion. Quand il s'agissait tout à l'heure de la naissance de la Nation moderne avec sa conscience et son apréhension chez chacun, on a ici la naissance de l'Etat moderne avec une ingérence croissante dans la sphère privée et dans la constitution de la société, dans son éducation et donc dans sa composition et sa hiérarchie même. Ceci s'accompagne d'une création d'une nouvelle classe sociale, celle qui va s'occuper de la transmission entre ces volontés étatiques centralisées et le peuple. [...]
[...] Le Balfour's Act place l'ensemble du système éducatif primaire sous des autorités étatiques locales; mais le conflit direct avec les églises est encore évité. La naissance de l'individu se faisant en partie contre les anciennes institutions est plus ou moins radicale selon les pays et les systèmes, le conflit pouvant être total avec l'Eglise, ou partiellement atténué, voire presque absent. L'analyse de l'émergence de l'Etat-Nation moderne, ainsi que la propagation de l'individualisme à travers l'élaboration de systèmes publics d'éducation nationale qui viennent éduquer le peuple et former des élites dans des buts très précis, se marque d'une typologie très claire entre plusieurs modèles. [...]
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