Grande guerre, Antoine Prost, Jay Winter, temps, espace, histoire
Cet ouvrage historiographique est l'œuvre de deux chercheurs : un français et un américain que sont Antoine Prost et Jay Winter. Ces deux historiens ont un point en commun : ils sont tous deux des spécialistes du XXe siècle. Antoine Prost est né en 1933 à Lons-le-Saunier dans le Jura, il suit une formation plutôt classique : il fait une khâgne à Lyon, puis rejoint l'École Normale Supérieur de la rue d'Ulm et obtient une agrégation d'histoire. En 1975, il soutient sa thèse d'État portant sur Les Anciens combattants et la société française (1914-1919). Ses études et sa thèse reflètent les sujets d'études qu'il choisit par la suite : il traite de l'éducation (Regards historiques sur l'éducation en France...), de la guerre (Guerres, paix et société : 1911-1946...) et des mouvements sociaux (Autour du Front Populaire. Aspects du mouvement social au XXe siècle...) généralement dans la première moitié du XXe siècle. Prost est également le président de l'association « Le Mouvement Social » (éditant une revue du même nom), association faisant la promotion d'une histoire sociale pluridisciplinaire ouverte sur l'économie, la sociologie, l'anthropologie, la démographie, la science politique ou encore le droit. Quant à Jay Winter, il est quand à lui titulaire d'un baccalauréat en arts et d'un doctorat de philosophie. Il devient professeur d'histoire à l'université de Yale puis commence un travail de recherche sur la guerre et plus particulièrement la Grande Guerre, son sujet d'étude principal. Il est notamment l'auteur de Entre deuil et mémoire, la Grande Guerre dans l'histoire culturelle en Europe, ou encore La Grande Guerre, ou l'éclatement d'un monde... Winter est lui associé au Mémorial de Péronne, centre de recherche important sur la Première Guerre mondiale.
[...] Penser la Grande Guerre, un essai d'historiographie est un ouvrage publié en février 2004 aux éditions du Seuil, il fait partie d'une série intitulée « L'Histoire en débats » dirigée par Christian Delacroix, François Dosse et Patrick Garcia. Il est important de préciser que la texte de Jay Winter a été traduit de l'anglais par Antoine Prost lui-même. Comme l'indique le sous-titre de ce livre, nous avons la un essai historiographique : soit une réflexion de deux auteurs sur l'historiographie d'un événement. [...]
[...] En a-t-on la même vision en 1914 qu'en 2004 ? Bien entendu, quand les auteurs posent cette question dans l'introduction, la réponse est évidente, si l'étude de la Première Guerre mondiale avait été uniforme de 1914 à 2004 il n'aurait pas été question d'en faire un ouvrage historiographique de ce type. En usant de cette question rhétorique, les historiens abordent ce qu'est leur thème principal : l'évolution des études sur la guerre de 1914, leurs continuités et leurs différences. Afin de structurer leur démarche, Prost et Winter, mettent en avant trois générations d'historiens et donc trois conceptions historiques abordant des thèmes particuliers. [...]
[...] Comme concluent Antoine Prost et Jay Winter en affirmant qu'à la lecture de Renouvin on se sent devenir plus intelligent et tolérant, on peut retourner la formule sur cet essai qui en donnant les différentes pensées des historiens (et autres) sur un sujet permet en même temps de faire accepter le fait que tout le monde n'a pas le même système de pensée et que des hommes aient pu et peuvent penser différemment. Fiche Bibliographique Source : Penser la Grande Guerre, un essai d'historiographie, PROST Antoine et WINTER Jay, Éditions du Seuil, Paris p. Article : « Antoine Prost, Jay Winter, Penser la Grande Guerre. [...]
[...] Les auteurs veulent montrer que la temporalité d'un événement n'est vu qu'en fonction des intérêts nationaux. C'est du fait que cette guerre à de trop forts caractères nationaux que son étude d'un point de vue international est extrêmement compliqué : déjà, un caractère européen de cette guerre s'affirme du fait que dans les histoires de la guerre écrites par des historiens européens les pays lointains de l'Europe sont oubliés, et dans les histoires de ces pays non-européens, la question de la Première Guerre mondiale n'est que très peu traitée. [...]
[...] Cependant, cela n'est pas le cas pour tous les pays vaincus. Pour les allemands, l'approche de la guerre est différente. Certes ils ont perdu la guerre, cependant, l'historiographie allemande ne s'attarde (dans un premier temps) pas davantage la-dessus : s'ils ont perdus la guerre, c'est à cause de « l'ennemi intérieur » (les juifs) : la Grande Guerre sème les graines des trente années à venir. Pour certains pays, la Grande Guerre n'a pas la même temporalité que la temporalité européenne traditionnelle : de 1914 à 1918. [...]
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