Lorsqu'en 1815 Napoléon se trouve pour ainsi dire éjecté du pouvoir en France, la société offre ce que l'on pourrait nommer une allure en marqueterie ; constituée de groupes sociaux extrêmement nombreux et variés, fort différents surtout, elle ne fait guère preuve d'unité en ce qui concerne sa population.
Ceci se vérifie également, à une autre échelle, au sein de ce que, à première vue, on pourrait prendre pour un ensemble homogène ; ainsi, le monde paysan, bien que pouvant sembler être un groupe à part entière, se caractérise en fait, tout au long du 19ème siècle, par une extraordinaire diversité des types d'individus le composant ; de grandes disparités peuvent ainsi être observées entre ce qu'il convient plutôt de nommer des mondes paysans…
Mais plus particulièrement, il est étonnant de constater à quel point, en ce début de 19ème siècle, la notion de pensée paysanne, affectionnée des villes et des historiens actuels, semble dénuée de vérité, de réalité ; comment en effet parler d'une pensée paysanne alors même que les protagonistes de cette soi-disant pensée offrent des visages si différents d'une région à l'autre ?
Par ailleurs, ainsi que le dit Maurice Agulhon, ‘rien ne cesse jamais de se transformer, même à la campagne' ; ne pouvons-nous voir dans cette assertion la preuve que, non contente de n'être qu'un schéma social simplifié, la pensée paysanne a pu de surcroît subir, au long du 19ème siècle, un certain nombre d'évolutions venant contredire cette idée d'unité ?
Mais on peut malgré cela se demander si les modes de pensée paysans n'offrent pas pourtant une certaine homogénéité toute relative, alors même que certains des événements intervenus au cours du 19ème ont pu éventuellement jouer en faveur d'une certaine uniformisation.
Je vais donc m'attacher, au fil de cette étude, à voir d'une part si cette idée de pensée paysanne n'est pas un mythe de la ville, et si, d'autre part, malgré tout, on ne peut pas parler, à la faveur de certaines évolutions nées du 19ème siècle, de l'émergence, lente mais néanmoins indéniable, d'un embryon de pensée paysanne.
Dans ce cadre, nous verrons dans une première partie dans quelle mesure on peut dire de la pensée paysanne du premier 19ème siècle qu'elle fut une marqueterie non dépourvue de caractères généraux.
Puis, dans une deuxième partie, nous étudierons l'uniformisation relative des modes de pensée paysans intervenue au cours du second 19ème siècle à la faveur d'une augmentation de vecteurs favorables.
Enfin, dans une dernière partie, nous verrons dans quelle mesure on peut parler, au sujet des liens unissant la 3ème République à la pensée paysanne, d'influences réciproques et bilatérales, conduisant, pour certains, à une folklorisation et à une mythification d'une certaine image de la pensée paysanne.
[...] La fin du bétail rustique ? Le monde paysan avait donc conservé sa spécificité, malgré quelques modifications étant intervenues suite à une acculturation moindre mais réelle de la ville. Peu à peu les dirigeants de la République prirent conscience de la nécessité de s'assurer le soutien du monde paysan, et pour cela, d'influencer la pensée paysanne, du moins pour autant qu'elle existe. Pour cela, il devint absolument nécessaire de faire de cette pensée paysanne une pensée républicaine ; comment faire pour y arriver ? [...]
[...] Mais cette uniformisation eut-elle réellement eut lieu ? B/. Des mentalités paysannes qui s'uniformisent Effectivement, on peut noter en premier lieu une certaine uniformisation de la pensée paysanne ; les vecteurs évoqués précédemment eurent de façon indéniable un rôle uniformisateur non seulement au niveau des campagnes, mais aussi, dans une certaine mesure, entre les mondes citadins et paysans. Ainsi, la ville pénétra les campagnes, notamment au niveau de l'explosion du nombre de cafés et cabarets, désormais lieu d'une sociabilité nouvelle importée de la ville ; peu à peu, on vit les veillées entre voisins au coin du feu disparaître au profit de retrouvailles au café du village Des observateurs aussi éloignés que Frédéric Mistral dans le Sud et le comte Arthur de Gobineau dans l'Oise furent témoins de ce phénomène. [...]
[...] Dans ce cadre, nous verrons dans une première partie dans quelle mesure on peut dire de la pensée paysanne du premier 19ème siècle qu'elle fut une marqueterie non dépourvue de caractères généraux. Puis, dans une deuxième partie, nous étudierons l'uniformisation relative des modes de pensée paysans intervenue au cours du second 19ème siècle à la faveur d'une augmentation de vecteurs favorables. Enfin, dans une dernière partie, nous verrons dans quelle mesure on peut parler, au sujet des liens unissant la 3ème République à la pensée paysanne, d'influences réciproques et bilatérales, conduisant, pour certains, à une folklorisation et à une mythification d'une certaine image de la pensée paysanne. [...]
[...] La pensée paysanne au XIXe siècle Introduction Lorsqu'en 1815 Napoléon se trouve pour ainsi dire éjecté du pouvoir en France, la société offre ce que l'on pourrait nommer une allure en marqueterie ; constituée de groupes sociaux extrêmement nombreux et variés, fort différents surtout, elle ne fait guère preuve d'unité en ce qui concerne sa population. Ceci se vérifie également, à une autre échelle, au sein de ce que, à première vue, on pourrait prendre pour un ensemble homogène ; ainsi, le monde paysan, bien que pouvant sembler être un groupe à part entière, se caractérise en fait, tout au long du 19ème siècle, par une extraordinaire diversité des types d'individus le composant ; de grandes disparités peuvent ainsi être observées entre ce qu'il convient plutôt de nommer des mondes paysans Mais plus particulièrement, il est étonnant de constater à quel point, en ce début de 19ème siècle, la notion de pensée paysanne, affectionnée des villes et des historiens actuels, semble dénuée de vérité, de réalité ; comment en effet parler d'une pensée paysanne alors même que les protagonistes de cette soi-disant pensée offrent des visages si différents d'une région à l'autre ? [...]
[...] On peut également mentionner l'intérêt porté aux patois et cultures locales dans les ENS, dont celui de Saint Brieuc proposa comme sujet à l'examen d'entrée : Vous prendrez la défense de la Bretagne dont un jeune parisien s'est moqué Conclusion La spécificité de la pensée paysanne était encore donc bien une réalité en France au début des années 1930 : à cadre de vie différent, mentalités différentes, et ce à une époque où le territoire français se composait encore en une multiplicité de régions aux frontières plus ou moins étanches Plus encore, il convient de mentionner à la fin de cette étude les dérives que connut l'appropriation par les élites urbaines d'une soi-disant pensée paysanne caricaturale et instrumentalisée, l'agrarisme devant mener, dans les années 1920-1930, aux mouvements extrémistes tels que le Dorgérisme, et, plus tard, au discours développé par le régime de Vichy. Plan I Le 1er 19ème siècle : la pensée paysanne, une marqueterie non dépourvue de caractères généraux A/. Le partage de valeurs communes - L'individualisme, l'âpreté à la terre, la peur de l'étranger et du progrès B/. La survivance de mentalités d'Ancien Régime à opposer à d'autres mentalités plus récentes : typologies - Des campagnes très différentes : les campagnes de gauche, républicaines et calotines comme autant de modèles schématiques ms néanmoins révélateurs d'une certaine réalité C/. [...]
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