« Je ne pense pas qu'il y aura une guerre mondiale », déclara Victor Adler. Médecin d'origine, né à Prague, il est membre de nombreux cercles philanthropiques et d'opposition. Une des principales personnalités du socialisme d'avant-guerre, il aidera à la fondation du Parti social-démocrate autrichien rassemblant les socialistes de l'Empire Austro-hongrois. La citation d'Adler évoque de nombreuses questions, comme celles que pose FERRO : « Quelles étaient les aspirations de la société civile à la veille de la guerre ? Comment pouvait-elle à la fois, souhait la paix et partir allègrement à la guerre ? Quelles forces économiques ou politiques commandaient aux Etats, aux nations, aux sociétés ? » On doit certes noter que la guerre avait des origines multiples, des causes circonstancielles et immédiates et des causes préexistantes – une sommes de facteurs antérieurs et ponctuels qui laisse Adler porte son jugement sur l'improbabilité de la guerre. Il considère certes un nombre de facteurs psychologiques : « crainte de l'encerclement, volonté d'action préventive, amour-propre national, fierté patriotique, clé de l'acquiescement ou de la résignation à la guerre » , ainsi que la raison d'Etats sous influence des facteurs internes et externes. Peut-on donc affirmer que la perception de la guerre d'Adler se justifie par le contexte de la fin de XIX siècle ? Qu'en est-t-il de ses convictions personnelles, socialistes voire internationalistes ?
Ainsi, l'analyse d'Adler – qui repose sur l'improbabilité de la guerre – est-elle pertinente et ne va-t-elle pas en contradiction avec des anticipations et un environnement favorables au déclenchement d'un conflit ?
Il paraît en effet que l'analyse d'Adler est juste: la guerre est contestée par les socialistes et paraît même inimaginable, d'où son rejet par le mouvement ouvrier et la « surprise » des peuples. Toutefois, nous ne pouvons pas nier le fait qu'un conflit est attendu, voire recherché : l'opinion y est psychologiquement prête, tandis que la guerre est conçue – surtout par les pays impérialistes – comme une solution ultime aux problèmes internes. C'est ainsi que dans ces opinions contrastées on retrouve une marche certaine vers la guerre, qui paraît, certes, inévitable, mais courte et victorieuse.
[...] La situation se déroulera de la même manière en Allemagne, où Goethe écrivit dans ses Mémoires, La partie est encerclée».[4] Les sports, dont les Jeux Olympiques rétablies en 1896 sont un exemple, prendront le relais de l'instruction et favoriseront cet esprit belliqueux, un goût pour la discipline militaire et obéissance à l'autorité. Une nouvelle génération née après la guerre de 1870-71, sera une génération plus militariste[5]. Ainsi, l'exaltation nationale, va dresser les peuples les uns contre les autres, l'idée nationale ayant atteint toutes les couches de la société[6], la pensée de la guerre ayant pénétré toute la population. B. [...]
[...] Jusqu'en été 1914, la course aux armements s'accéléra, accroissant la nervosité et pressentiment de la fatalité de la guerre, une obsession pour elle comme le note DROZ. On ne se posa plus la question de la guerre en tant que telle, ni sur l'éventualité de la victoire, mais sur sa date même. La situation explosive offrant un mécanisme de généralisation de conflit à partir d'une rivalité limitée sera d'autant plus aggravée par les plans militaires d'une rapidité présupposée, telle de Schlieffen allemand ou Plan XVI du général Français JOFFRE. [...]
[...] Jugeant d'abord la guerre improbable, il déclara plus tard Il est quelque chose de pire que la guerre, c'est la défaite démontrant donc les tendances nationalistes comme tous les socialistes de son temps, à peu d'exceptions près. De la même manière, en 1914 il sera capable de voir dans l'ultimatum Autrichien à la Serbie le futur conflit général. La guerre, conçue d'abord comme improbable, l'était bel et bien. La montée de tensions avant guerre, serait-elle donc déterminante dans la résolution du conflit à sa fin ? Bibliographie Ouvrages généraux CARON, Jean-Claude ; VERNUS, Michel, L'Europe au XIXe siècle. [...]
[...] La nuance a y apporter est le fait que même si on imaginait la possibilité d'une guerre et un conflit certain, personne ne prévoyait un conflit mondial avec la participation de la Grande Bretagne. Ainsi, malgré les réticences socialistes et la surprise de la population, la population semble psychologiquement préparée à la guerre- libératrice, ainsi que les gouvernements mêmes, qui y voient une possibilité d'ouverture économique et une solution aux problèmes internes par le renforcement de la cohésion nationale, l''union sacrée La paix armée créa donc une situation objectivement belliqueuse, dans laquelle la guerre mondiale sera non seulement possible, mais même vue avec enthousiasme, vu la mobilisation rapide. [...]
[...] Il fallait éviter la guerre, ou, au pire, contribuer à la défaite. N'ayant pas abouti à un compromis sur les moyens, la proposition VAILLANT-HARDIE de la grève générale ayant été rejetée, on s'accordera sur une opposition sans exclure aucun moyen Ainsi, la IIe Internationale socialiste (1889) fera entendre aux gouvernements Européens la menace : la guerre fera certainement éclater une révolution, transformant ainsi un conflit extérieur dans une guerre civile. En parallèle, l'Internationale déclara lors de son Congrès de Stuttgart, en 1907, la guerre à la guerre ce qui se manifesta dès 1911 : face à un conflit entre l'Italie et la Turquie, les leaders socialistes organisèrent des manifestations grandioses, démontrant la puissance de pacifisme au sein de mouvement ouvrier. [...]
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