L'Empire russe était, avec l'Angleterre, la seule des grandes monarchies d'Europe qui n'eût pas été touchée par la révolution de 1848. Jusqu'à sa mort, en 1855, le tsar Nicolas Ier incarna l'absolutisme. Cependant, sous une apparence de stabilité, se posaient alors en Russie, de graves problèmes. Divisé en quatre classes, le peuple russe se composait de la noblesse, du clergé, de la bourgeoisie et des paysans.
Ces derniers formaient les cinq sixièmes de la population, ce qui représentait environ 50 millions d'individus sur les 60 millions que comptait la population en 1857. La période 1861–1914 marque une période d'émancipation du monde paysan en Russie. Si le 19 février 1861, le tsar libéral Alexandre II abolit le servage, la question paysanne n'est pas encore résolue à la veille de la Première Guerre mondiale.
Quelle vie mènent les paysans au milieu du XIXe siècle ? Comment leur situation économique, sociale et politique évolue-t-elle ? Quels sont les changements qui les concernent ? Quel est le bilan en 1914 ?
[...] Engagée en 1906, la réforme de Stolypine quant à elle s'inscrit dans un contexte de graves revendications sociales à la suite du Dimanche Rouge (22 janvier 1905), point de départ de grèves et émeutes générales dans tout le pays, où des dizaines de milliers de personnes se sont dirigées pacifiquement vers le palais d'Hiver de Saint-Pétersbourg, résidence du tsar, pour présenter leurs revendications. L'armée ouvre alors le feu, tuant et blessant des milliers de manifestants. La réforme de Stolypine Plus tard la réforme de Stolypine : Elle rendit facultatif le régime du mir et permit aux paysans qui le désiraient de devenir individuellement propriétaires des parcelles qu'ils cultivaient. Ses effets économiques furent heureux : le développement de la propriété privée encouragea les améliorations agricoles. [...]
[...] Le problème économique se pose encore tandis que le problème social perdure sans laisser entrevoir d'éventuelles avancées. Ainsi, la valeur de la terre est différente, à cause de ses qualités naturelles et plus encore de ses méthodes d'exploitation. L'assolement triennal (qui limite considérablement les surfaces cultivables), l'absence d'engrais et, plus tard, celle de machines agricoles, l'inexistence de toute instruction, constituent des obstacles insurmontables à toute exploitation rationnelle. Certes certaines exploitations fourniront des quantités satisfaisantes et l'ont fait pousser du blé, et on se tourne vers d'autres plantations comme la betterave, ou encore l'élevage, les produits laitiers, le lin et la pomme de terre. [...]
[...] En principe, les terres d'un domaine seigneurial devaient être partagées entre le seigneur et ses paysans, le premier comme possesseur du sol, le deuxième comme détenteur de la force de travail ; en réalité le propriétaire domine largement les exploitants, souvent sa part contient les 2/3 du sol et pour abandonner le lot restant, ou bien il se fait payer une redevance en nature (en argent), ou bien il oblige les serfs à la corvée. Avant l'émancipation, une famille paysanne pouvait se contenter de ses ressources domestiques. [...]
[...] Il est permis pourtant d'affirmer qu'il y avait quelques exagérations dans les prévisions optimistes. De toute façon, l'action de Stolypine venait bien tard, trop tard. Au XIXe siècle, les souverains russes avaient gardé leur confiance en la loyauté inconditionnelle et inébranlable de la paysannerie. Or, la situation avait déjà changé : on s'en apercevait dès la convocation de la première Douma où la loi électorale avait accordé aux paysans la majorité des sièges et où ces nouveaux élus s'étaient rangés, presque en totalité, du côté de l'opposition. [...]
[...] Mais elle ne profita guère qu'à une poignée de paysans aisés, les koulaks ; la masse paysanne resta misérable et mécontente. Le président Stolypine va abolir, en 1906, la redistribution périodique des terres et accorder aux paysans le droit de se dégager de la propriété communale, d'acquérir ses lopins en propriété individuelle et de les réunir en un seul lot dont il aura la liberté de disposer librement en les hypothéquant et en y établissant des entreprises industrielles. Elle vise à moderniser l'agriculture en autorisant notamment les paysans à sortir du mir et à partager les terres communautaires et en encourageant la formation d'une classe de petits propriétaires terriens pour former ainsi une nouvelle classe de robustes propriétaires pour reconstruire l'Empire sur de solides bases monarchiques le nombre de propriétés privées passe ainsi de 2,8 millions en 1905 à 5,5 millions en 1914, il n'y a plus ni commune ni annuités de rachat ni enfin d'aides financières pour l'achat des terres. [...]
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