S'il n'y a pas, au XIXème siècle, de pendant agricole à la révolution industrielle (même si les progrès du XVIIIème siècle ont des allures de révolution), on a une expansion (la production augmente de 78% entre 1815 et 1851), et l'on peut parler après 1850 de prospérité. Une phase de baisse des prix laisse alors place à un décollage très profitable ; d'autre part, les famines ne sévissent plus depuis quelque temps, et si la faim, la disette, se manifestent dans la première moitié du siècle, par exemple en 1815-1817, et une dernière fois en 1845-1847, elle disparait ensuite. Le fait de manger à sa faim ne dépend plus des caprices de la météorologie. C'est fondamental.
[...] Puis la crise s'aggrave. Vers 1880 le protectionnisme se généralise en Europe ; le revendiquer est aussi un moyen de ne pas se moderniser, en mettant les difficultés sur le compte du bas prix de la terre en Australie ou des bas salaires en Chine. Avec Jules Méline, qui tient le libre-échangisme pour un anarchisme de milliardaires les barrières douanières se dressent : les surtaxes de 1892 vont de 15 à selon les produits, quel que soit le pays étranger d'origine. [...]
[...] Parmi les autres facteurs, on peut citer la presse (on retrouve l'alphabétisation), avec des feuilles même très locales, cantonales. Les migrations saisonnières, que la mythologie conservatrice accuse de l'alcoolisme ou des maladies vénériennes en milieu rural, amènent plutôt des progrès dans le domaine sanitaire ; de plus, les migrations masculines laissent plus d'autonomie aux femmes, et contribuent au progrès. Le service militaire généralisé joue un rôle assez comparable. Il faut aussi tenir compte du modèle fourni par les fonctionnaires, de l'instituteur au gendarme, diffusant en particulier une certaine limitation des naissances. [...]
[...] Après 1879, malgré la crise, les opportunistes satisfont le monde rural, avec le plan Freycinet et les voies ferrées secondaires (malgré quelques inquiétudes originelles), avec l'École (on tend à avoir moins besoin du travail des enfants, et on commence à penser à une promotion sociale par la fonction publique, donc à un savoir minimum), et en 1881 avec les libertés municipales et l'élection des maires. La République voit la fin des notables mais pas la fin du notable. En gros, on passe du noble au médecin, au commerçant ou au fonctionnaire retraité. Ce monde rural républicain, conservateur, s'oppose à la ville tentée par le boulangisme, le nationalisme ou le socialisme. [...]
[...] Les choses changent vers 1830. Quelques gros laboureurs paient assez d'impôts pour voter aux législatives. Surtout, les municipalités sont élues par les 10 à de contribuables les plus imposés du lieu, donc certains paysans. La loi Guizot de 1833 oblige chaque commune à ouvrir une école (ni laïque, ni gratuite) ; elle n'entend pas politiser le monde rural, mais l'intégrer à la nation, le civiliser ; mais elle ouvre de nouveaux horizons. Les routes facilitent la politisation a aussi entraîné une effervescence politique, une brève vacance du pouvoir, quelques attaques de châteaux. [...]
[...] La limitation des naissances reste marginale, car les enfants sont une main d'œuvre permettant de se passer de salariés. Par ailleurs, la mortalité baisse, du fait non de la médecine, mais d'une amélioration du niveau de vie : mieux nourris, les organismes sont plus résistants. Le surpeuplement rural inquiète les notables, malthusiens à partir de 1830, et certains paysans puisque la limitation des naissances est manifeste en Normandie ou dans le Toulousain, et qu'un reflux de la population rurale commence vers 1850. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture