Les paysans ont pendant longtemps constitué une composante essentielle de la société française dans laquelle ils furent majoritaires jusqu'en 1931. Cependant, les campagnes de France, assujetties à une grande stabilité depuis des siècles, se sont transformées et ont été bouleversées tout au long du XIXe siècle. Ainsi, sous l'Ancien Régime, la paysannerie demeurait largement dépendante du système féodal tout en constituant sa base. Bien que dominante par le nombre, elle n'avait aucune implication dans la gestion politique du Royaume, dévolue au Roi et aux nobles, car elle restait très peu instruite. Par ailleurs, la subsistance des paysans ne dépendait que d'une économie agricole fragile, largement soumise aux aléas de la météorologie. La diversité de la société paysanne d'avant 1789 rend difficile de donner une définition au mot « paysan ». En effet, aux quatre coins du Royaume, coutumes, mœurs, droits ou encore répartitions des sols différaient. Pourtant, trois phénomènes nous permettent de les lier entre eux : ils vivent de la terre, habitent les campagnes et sont soumis à la politique globale du Roi en tant que sujets. 1789 marque un tournant dans la vie des Français et le début d'un siècle de profondes transformations. Après avoir souffert d'une crise économique importante (mauvaises récoltes, cherté des grains…) qui est venue s'ajouter à une crise globale de la monarchie, les paysans ont pris part, dès juillet 1789, à la Révolution et notamment à travers la « Grande Peur ». Par l'abolition progressive des privilèges qui débuta la nuit du 4 août 1789, la société paysanne, enfin libérée du carcan féodal, entama un long processus de transformations. On peut alors se demander comment la paysannerie française va-t-elle évoluer face aux bouleversements politiques, économiques et démographiques qui vont alimenter le XIXe siècle ?
[...] Cependant, la mécanisation des campagnes ainsi que l'utilisation de nouveaux engrais chimiques vont se poursuivre (la valeur du matériel d'exploitation de 1882 est de 1395 millions, alors qu'en 1912, elle est de 3200 millions) pour diminuer le poids des salaires et augmenter la productivité du travail. Malgré les crises, les rendements s'améliorent au début du XXème siècle pour le blé, + 25% pour la pomme de terre, seul l'élevage régresse). En clair, la dépression de cette fin de siècle va amener de nombreux progrès, mais ils demeurent insuffisants. [...]
[...] Cependant, l'agriculture reste trop soumise à la météorologie et demeure encore trop vivrière ce qui pousse les exploitants à moderniser davantage l'agriculture. Malgré les progrès réalisés, la pauvreté ne recule pas d'autant plus que les paysans n'accèdent que très peu à la propriété (les propriétaires-cultivateurs) tandis que la situation des fermiers, des métayers, des journaliers et des domestiques reste précaire. Ce manque de propriété va avoir des conséquences importantes sur le rôle politique des paysans. En effet, le droit de vote nécessite de payer le cens et la propriété constitue la composante essentielle de celui-ci. [...]
[...] D'autres crises frappent la sériciculture, les oléagineux et la garance qui souffrent de la concurrence soit étrangère soit industrielle. Enfin, les élevages de moutons sont durement touchés du fait de l'importation de laines étrangères même si on tente de les reconvertir vers la viande. La mondialisation des échanges entraîne une baisse des prix agricoles, donc une stagnation de la production et une amplification de l'exode rural (en départements ont un bilan migratoire déficitaire). Cet exode est amplifié par la disparition des activités rurales non agricoles au profit des villes. [...]
[...] La culture paysanne s'épanouit et domine car les villes n'ont pas encore le pouvoir de rivaliser ni d'imposer la leur. La vie rurale est rythmée par des fêtes de village (ducasse dans le nord, kilbe en Alsace, roumeinage en Provence ) et religieuses (Noël, Pâques ainsi que les saints de la région). Le bilinguisme est très présent : le français est parlé en ville, pour les affaires et l'administration tandis que le patois est réservé à la communauté rurale. Le Second Empire est le théâtre de changements des mœurs des paysans sans pour autant que leur conservatisme en souffre. [...]
[...] En outre, la structure sociale se modifie. On voit se multiplier les petits propriétaires exploitants pour qui la famille tient toujours un rôle important, car tant qu'il a la force, le paysan travaille, mais lorsqu'il cesse par vieillesse, il ne peut survivre que grâce aux générations plus jeunes. Il ne peut donc compter que sur le groupe familial puisque l'Etat Providence n'existe pas encore. Alors que les ruraux s'accommodent de la démocratie, les Républicains sont heureux d'avoir trouvé en la paysannerie un contre-pouvoir aux excès citadins (montée du socialisme, grèves, agitations Les Républicains modérés vont être à l'origine de la République agrarienne qui défend le conservatisme en matière sociale et qui préconise le protectionnisme. [...]
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