Dissertation d'Histoire ayant pour sujet : "Les paysans dans la société française de 1871 aux années 60". Elle porte sur les mutations sociales, économiques et culturelles de cette classe qui était le pilier du Second Empire. Elle retrace également la manière dont le XXème siècle vit l'effondrement numérique des paysans, et selon le mot lancé par Henri Mendras "la fin des paysans".
[...] C'est peut-être une des clés du malaise identitaire que connaîtra la société française des années 1980 et 1990, que ce vide au coeur de la nation que rien ne viendra réellement combler. En tout cas c'est ce que conclut Mendras : sans cette prégnance d'une représentation rurale de la nation, on ne s'explique pas sur l'importance des efforts consacrés à la politique agricole nationale et à la PAC qui peut apparaître rétrospectivement comme une tentative de maintenir en survie artificielle un monde paysan en coma dépassé, tentative coûteuse et vouée à l'échec, mais que personne ne remettra en question jusqu'à la fin des années 1980. [...]
[...] Ainsi les paysans dans la société française de 1870 à 1970 sont une réalité complexe : les bouleversements sont autant quantitatifs que qualitatifs. La IIIe République cherche à les intégrer à l'école et à la vie politique et y parvient en partie même si en 1945 la paysannerie est en apparence disloquée et amorphe Elle réalise une modernisation spectaculaire, mais la société française a suivi toutes ces évolutions avec retard et regret. Ainsi la publication en 1967 de La Fin des paysans par le sociologue Henri Mendras, qui prédisait la disparition de la civilisation paysanne traditionnelle, élément constitutif fondamental de la civilisation occidentale et du christianisme et son remplacement par la civilisation technicienne soulève une véritable tempête. [...]
[...] De plus l'occupant allemand prélève de lourdes livraisons en nature. Pour assurer l'alimentation des citadins, l'État français alterne les invocations au civisme et le recours à la contrainte. Au service du Ravitaillement général, chaque exploitant doit fournir les quantités prescrites par un ordre de production individualisé Mais en marge du circuit officiel il subsiste les trafics affairistes du marché noir ou les solidarités familiales et amicales du marché gris L'après guerre s'accompagne de l'exode rural massif et de l'effondrement de tout le tissu social qui n'est pas imputable aux seuls paysans. [...]
[...] Avec la télévision (dont des foyers paysans sont équipés en 1975), l'école, les contacts accrus avec le monde citadin, l'autonomie des cultures paysannes s'est réduite à rien. La sociabilité des veillées et des sorties de messe est morte ; dans les régions les plus dynamiques elle a été remplacée par de nouvelles formes de sociabilité, associatives ou syndicales, mais en beaucoup d'endroits la solitude télévisuelle est le sort ordinaire de l'agriculteur, à peine brisée par la sortie hebdomadaire à l'hypermarché de la sous-préfecture, où l'on retrouve tout le canton. [...]
[...] Comme le travail de la terre occupe au milieu du siècle le tiers des actifs, les pouvoirs lui portent une attention constante. Henri Queuille préside à la consolidation du crédit, à la restructuration de l'industrie des engrais, à électrification des fermes. Après 1930 les cours à la vente subissent un effondrement dramatique. La protection douanière ne suffit plus et il faut réguler l'offre interne surabondante. On comprend donc que l'organisation des marchés soit âprement discutée avec la constitution de groupes de pression : les associations spécialisées par produits. [...]
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