La perpétuation des formes traditionnelles de domination était conditionnée par l'existence d'une classe de paysans pauvres dépendant de la grande propriété. Celle-ci est en effet pourvoyeuse de travail, de ressources complémentaires, d'aumônes et de protections. Il est assez logique, dans ces conditions, que la disparition des catégories les plus vulnérables de la société rurale ait accompagné le déclin des anciennes élites de la terre.
Si le paupérisme rural est loin de provoquer dans les classes dirigeantes la même inquiétude et la même frénésie discursive que la misère du prolétariat industriel naissant, les pauvres restent cependant nombreux dans les campagnes d'Europe, mais de façon plus massive en Espagne et en Italie qu'en France et en Allemagne.
[...] Les arrestations pour vagabondage passent de en 1830 à en 1899. La mendicité ne fit plus admise, et fut affichée comme une anomalie. Les mendiants eux mêmes commencèrent à avoir honte de mendier. Lorsque dans le Roussillon, la crise de 1907 ramena une misère qu'on ne connaissait plus depuis au moins une génération, un médecin constata que les nouveaux mendiants se masquaient. Réflexion d'André GUESLIN, Gens pauvres, pauvres gens dans la France du XIXème siècle, Collection historique, Paris, Aubier Cf. [...]
[...] Ce peut être aussi le cas d'une maladie, comme celle qui attaque la pomme de terre en 1846. Les prix flambent, et atteignent leur maximum pendant la soudure. La spéculation contribue aussi à accentuer cette hausse des cours. Le petit exploitant qui consomme une grande partie de sa récolte a dû se débarrasser très vite du reste pour payer son loyer ou ses impôts. Il est souvent contraint d'emprunter de l'argent à des taux très élevés, et aura bien du mal à s'acquitter des dettes qu'il a contractées. [...]
[...] De la part des pouvoirs publics, pour la période qui nous intéresse, la seule action concrète fut la création en 1910 de l'Office du travail du ministère de l'Agriculture, de l'Industrie et du Commerce. Mais la compression des dépenses dans les travaux publics entre la fin du XIXème et le début du XXème prouve une nouvelle fois que le gouvernement décharge le problème sur l'émigration, les associations privées et les administrations locales. En effet, ces deux dernières entités sont celles qui s'intéressent le plus au problème des chômeurs. [...]
[...] Le pauvre est généralement un solitaire, et les femmes seules sont particulièrement vulnérables. Guy Haudebourg a étudié pour la basse Bretagne toute une population d'indigents dont la sociologie est assez complexe : beaucoup de femmes (toujours plus de 50 ; un bon nombre de veuves et de veufs, quelques célibataires (il faudrait ajouter les mariés du Finistère), des enfants, des vieillards chez les indigents comme chez les mendiants, mais aussi des hommes dans la force de l'âge pour les mendiants, des laboureurs, des métiers du textile, des petits métiers à saison morte (bâtiment, bois, mer, agriculture), servantes, lavandières . [...]
[...] La période d'emploi était déterminée par la demande pendant la belle saison (moisson, repiquage du riz au nord). Pendant le reste de l'année, l'offre de travail provenant des campagnes ne pouvait être entièrement absorbée par une structure industrielle concentrée uniquement dans certaines zones des régions du Nord. La grande concentration de salariés agricoles au Nord était en partie due au développement du capitalisme agraire et aux assainissements, qui furent réalisés par l'appel massif aux travailleurs. Les assainissements ne créèrent pas l'entité des salariés agricoles, mais concentrèrent ceux-ci en une seule région. [...]
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