[...]
Les réticences sont bien plus importantes avec la CED. Très sensible à la nécessité d'une défense rapidement opérationnelle de l'Occident, van Zeeland veut une armée européenne efficace et conteste les modalités prévues par le plan Pleven, auxquelles il préférerait un système plus souple, conçu sur le modèle de l'OTAN. Paul van Zeeland est en particulier réticent face à la dimension institutionnelle du projet d'armée européenne. Il ne veut pas d'un ministre chargé de l'organisation d'une défense commune, mais d'un commissariat doté de pouvoirs de coordination. Il cherche en fait à réduire l'autonomie de décision de la CED vis-à-vis des gouvernements et cette position est défendue aussi en matière budgétaire. Il s'agit de réduire le plus possible le budget communautaire en retenant l'essentiel des moyens au sein des budgets nationaux. Ces positions déplaisent fortement aux Français qui estiment que le projet de van Zeeland équivaut à la mise en oeuvre d'une armée de coalition au sein de la coalition atlantique. Avec le projet de CPE, les réticences de van Zeeland s'accroissent encore. Il n'est prêt à accepter qu'une confédération d'Etats respectueuse des souverainetés nationales organisée autour d'un comité des ministres exerçant son contrôle sur des institutions spécialisées. Paul van Zeeland prône clairement le confédéralisme plus que le fédéralisme et résiste à l'intégration sur le plan institutionnel.
Lors des débats du deuxième semestre 1953 sur les finalités de la CPE, van Zeeland cherche à en réduire les domaines de compétence, à obtenir que l'unanimité soit requise pour les questions essentielles, à ménager la possibilité d'adhésion de nouveaux membres comme le Royaume-Uni et la possibilité de retrait. Pour van Zeeland, il est par ailleurs indispensable que la future CPE s'accompagne d'un marché européen unique. En fait, van Zeeland rejette l'idée d'Etats-Unis d'Europe qu'il juge simpliste. La Belgique étant l'un des Etats qui dépendent le plus du marché mondial, la création d'un véritable marché européen, l'élaboration d'une formule de coopération économique, européenne d'abord, puis atlantique et même mondiale, l'intéressent plus directement que n'importe quel autre pays (...)
[...] Paul van Zeeland continue en fait à défendre la même vision de l'Europe. C'est une Europe des patries, non une Europe fédérale. Il ne croit pas vraiment, contrairement à Coudenhove- Kalergi, qu'il connaît, à une Europe des peuples. Paul van Zeeland est par ailleurs toujours favorable à une communauté aussi large que possible et s'intéresse à l'idée d'une communauté atlantique qui favoriserait les rapports économiques à travers le monde entier. Il prend aussi toujours en compte l'intérêt national belge, défendant ainsi le rôle de Bruxelles, et non de Paris, comme capitale européenne. [...]
[...] Une menace pesait sur ces Etats : voir les Américains et les Britanniques imposer aux petits Etats européens une réorganisation, voire des regroupements régionaux. Ces réunions permettent à la Belgique de préciser ses points de vue sur l'insertion future de la Belgique dans l'Europe. Paul van Zeeland estime que le système international devra reposer sur trois niveaux. L'Etat national, indépendant, mais acceptant que sa souveraineté soit un peu réduite, en est la base. B. Vers un regroupement de l'Europe occidentale. Entre l'Etat et le monde, des régions intermédiaires sont nécessaires. [...]
[...] Paul van Zeeland était un Européen convaincu. Au moment des négociations sur la CED, il est néanmoins soupçonné par certains européistes d'être un Européen tiède, voire un saboteur de l'idée européenne. C'est que Paul van Zeeland est un personnage énigmatique (comme son compatriote Paul-Henri Spaak) qui ne défend pas n'importe quelle Europe. C'est en effet un patriote belge, qui refuse que son pays soit dominé par les grandes puissances et qui redoute en particulier la France et l'Allemagne. Il s'efforce donc de défendre le plus possible la souveraineté de la Belgique. [...]
[...] En fait, van Zeeland rejette l'idée d'Etats-Unis d'Europe qu'il juge simpliste. La Belgique étant l'un des Etats qui dépendent le plus du marché mondial, la création d'un véritable marché européen, l'élaboration d'une formule de coopération économique, européenne d'abord, puis atlantique et même mondiale, l'intéressent plus directement que n'importe quel autre pays. Mais il veut protéger les petits Etats en assurant l'égalité fondamentale de tous les Etats entre eux, de peur que les grands Etats n'imposent leur volonté aux petits. Pour les Etats du Benelux, il insiste sur le fait qu'il s'agit de monarchies constitutionnelles auxquelles il ne faudrait pas porter atteinte par le biais d'institutions européennes. [...]
[...] Quant aux ententes régionales, elles ne doivent pas seulement reposer sur des fondements économiques, mais aussi sur la base de traditions historiques, sur les aspirations culturelles ou le besoin de se défendre contre des dangers identiques. C. Le noyau de l'Occident ? Après la guerre, Paul van Zeeland déploie une grande activité pour le rapatriement des Belges déportés en Allemagne. Il remplit aussi diverses missions internationales et participe à la gestion de diverses grandes sociétés. Paul van Zeeland continue cependant de réfléchir à l'organisation européenne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture