[...] L'attitude des ouvriers est globalement hostile à ces nouvelles organisations du travail, surtout au taylorisme (qui n'implique pas de hausse salariale). Comme l'a brillamment dénoncé Charlie Chaplin dans les « Temps Modernes » en 1936 ou la CGT dans son tract de 1913, le taylorisme déshumanise le travail et l'ouvrier qui le réalise, le réduisant à une bête de somme. Le travail devient désormais aliénant en ce sens qu'il dépossède l'ouvrier de sa réalisation, l'épuise, l'abêtit en ne sollicitant ni son intelligence, ni son initiative, en lui rognant toute autonomie. La nouvelle ambiance disciplinaire du taylorisme s'impose à l'ouvrier comme dans une prison Aussi le recours à la grève semble-t-il s'imposer mais de faits de tels mouvements, comme ceux plus conciliants d'ailleurs, n'ont guère pu infléchir ni enrayer la montée du taylorisme car celui-ci correspondait assez bien à l'offre du travail ouvrier. Nombre de ces ouvriers à la chaîne étaient de néo-ouvriers, peu qualifiés, amenés là par l'exode rural. (...)
[...] Dans l'organisation même de l'entreprise, par la surveillance qu'il implique, le taylorisme permet de contraindre la main d'oeuvre ouvrière. En même temps qu'il y organise le travail, le taylorisme renforce la discipline dans l'entreprise. Le fordisme assouplit le taylorisme sans le remettre en cause. Pour des patrons comme Ford ou Citroën, l'augmentation des salaires n'est pas un acte philanthropique mais une stratégie de vente ou bien un moyen non avoué de fidéliser sa main d'oeuvre et éviter le nomadisme ouvrier d'une entreprise à l'autre. [...]
[...] L'attitude des ouvriers est globalement hostile à ces nouvelles organisations du travail, surtout au taylorisme (qui n'implique pas de hausse salariale). Comme l'a brillamment dénoncé Charlie Chaplin dans les Temps Modernes en 1936 ou la CGT dans son tract de 1913, le taylorisme déshumanise le travail et l'ouvrier qui le réalise, le réduisant à une bête de somme. Le travail devient désormais aliénant en ce sens qu'il dépossède l'ouvrier de sa réalisation, l'épuise, l'abêtit en ne sollicitant ni son intelligence, ni son initiative, en lui rognant toute autonomie. [...]
[...] A l'aube du XX siècle, de nouvelles formes d'organisation du travail s'imposent, le taylorisme puis le fordisme, aux Etats-Unis puis en Europe occidentale. La place et le travail des ouvriers en sont bouleversés, la domination patronale en ressort renforcée. Le taylorisme ou Organisation Scientifique du Travail (OST) est une nouvelle organisation proposée par l'ingénieur américain Frederick Taylor début XX e Taylor n'est pas l'inventeur de ces nouveautés mais le théoricien. Par tous les moyens, il cherche à augmenter la productivité et pour cela subordonne le travail ouvrier au produit qu'il réalise. [...]
[...] Pour atteindre une productivité maximale, les gestes sont chronométrés, minutés et en cas de lenteur, un contremaître est là pour sanctionner ou dissuader l'éventuel fautif. Industriel de l'automobile et soucieux d'écouler sa production, Henry Ford innove, toujours début XX en complétant et dépassant le taylorisme. Le travail à la chaîne et ses cadences infernales ne sont pas remis en cause mais pour stimuler l'ardeur de ses employés et en faire des consommateurs de sa célèbre Ford il choisit d'augmenter les salaires. [...]
[...] Nombre de ces ouvriers à la chaîne étaient de néo-ouvriers, peu qualifiés, amenés là par l'exode rural. D'une certaine manière, c'est le fordisme, par ses hausses de salaire, qui a enraciné le taylorisme en faisant accepter la déqualification du travail ouvrier contre une participation à la consommation. Conclusion : Le travail à la chaîne a bien incarné l'opposition, voire l'antagonisme, entre patrons et ouvriers, les premiers voulant accroître la productivité et la production pour accroître leurs bénéfices, les seconds refusant un travail aliénant et purement alimentaire et cela jusqu'à l'aube des années 1970. [...]
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