Si, pour l'historien français du XIXe siècle Alexis de Tocqueville : « quand les citoyens diffèrent entre eux sur des points qui intéressent également toutes les portions du pays [...] alors on voit naître ce que j'appellerai véritablement des partis » (De la démocratie en Amérique, 1835) ; les Pères Fondateurs des Etats-Unis considéraient quant à eux que l'existence de partis dans un système politique conduisait inéluctablement à la parcellisation de ce même système. Ainsi, en septembre 1796, Georges Washington fustigeait, dans son dernier discours, « l'esprit de parti ».
Cependant, au regard de l'Histoire étasunienne, les partis politiques, organisations dont les membres mènent une action commune à des fins politiques, ont indubitablement structuré la vie politique américaine – on entend ici par vie politique tout aspect relatif à l'organisation et à l'exercice du pouvoir dans une société organisée, ainsi qu'aux rapports du gouvernement et de son opposition, au pouvoir et à la lutte autour du pouvoir.
De quelle manière les partis politiques ont-ils donc rythmé et transformé la vie politique aux Etats-Unis entre 1787, date de l'adoption de la Constitution américaine et 1861, début de la Guerre de Sécession (1861-1865) ?
[...] Cependant, la raison principale de l'atonie de la vie politique réside bien dans la politique de compromis menée par Monroe. Ainsi, l'une des mesures les plus représentatives de ce statu quo en termes de débat politique demeure incontestablement le Compromis du Missouri en 1820, grâce auquel Monroe parvient à contenter à la fois les Etats esclavagistes (en intégrant le Missouri à l'Union), mais aussi les Etats abolitionnistes du Nord (en acceptant l'admission du Maine et en déplaçant la limite nord- sud). [...]
[...] En effet, il convient de souligner que les partis politiques américains ne suivent pas de ligne idéologique stricte. Ainsi, il arrive par exemple qu'au Congrès, les deux partis votent dans la même direction. De plus, les deux partis se revendiquent comme d'ardents défenseurs des libertés et des droits fondamentaux. Cependant, des divergences de fond apparaissent dès le début du XIXe siècle et déterminent les identités des deux mouvements : la vie politique se dynamise et commence à se structurer alors autour de deux grands axes. [...]
[...] Ils voient ainsi dans la république (telle qu'elle existait à Athènes) la meilleure forme de gouvernement. Par ailleurs, ils sont enclins à la décentralisation (ils veulent promouvoir les Etats fédérés) et Thomas Jefferson, secrétaire d'Etat de Washington et représentant du mouvement républicain, soutiendra ainsi que meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins.» Ils ne sont cependant pas forcément défenseurs de la démocratie et pensent par exemple que l'esclavage ne s'oppose pas à l'idée libérale. Enfin, ils soutiennent plus particulièrement les classes agricoles du Sud (on retrouve alors ici l'idée d'état de nature comme ordre parfait, tel qu'elle avait été émise par Rousseau). [...]
[...] Sandford est proclamé par la Cour Suprême : si un maître emmène son esclave dans un Etat libre, puis s'il le ramène dans le Missouri (esclavagiste), l'esclave n'est pas considéré par la loi comme un homme libre. C'est à partir de cet arrêt que le Compromis du Missouri est déclaré inconstitutionnel et que les élections de 1860 vont se dérouler dans une atmosphère de tensions extrêmes entre les deux partis, débouchant par la suite sur la Guerre de Sécession en 1861. II. L'organisation de la vie politique A. [...]
[...] 1817-1829 : «L'ère des bons sentiments» : comment le rapprochement entre les partis concourt à figer la vie politique américaine 1. Le poids de l'héritage des Pères fondateurs : Au tout début des années 1820 s'ouvre l'«ère des bons sentiments» (Era of good feelings), période durant laquelle les deux partis qui dominent la vie politique (fédéralistes et républicains) se confondent plus ou moins : l'opposition est alors quasi nulle lors des élections, et ce que Tocqueville appelle les «violentes passions» entre les deux tendances est éteint. [...]
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