« Nous sommes, dès à présent, progressivement inspirés par l'esprit patriotique. La naissance du patriotisme chez nous est due à l'emprise britannique et à l'éducation anglaise […]. Le patriotisme n'est pas notre qualité nationale : c'est le produit des influences que nous avons subies après l'introduction de la domination britannique ». Ces phrases, écrites par Bâl Gangâdhar Tilak dans son journal, Kesharî, en 1885, sont significatives du nouveau courant qui se développe au 19ème siècle en Inde. Soulignons tout d'abord que l'Inde s'est trouvée jusqu'alors divisée entre des régions, des religions, des castes et d'énormes différences sociales, ainsi que par d'innombrables langues et idiomes qui rendent les communications difficiles. Aucun sentiment d'appartenance à une nation n'existe. Ainsi, les conquêtes britanniques, unifiant administrativement les régions et permettant à la langue anglaise de devenir le langage de tous les lettrés, abolissent de nombreuses frontières. Les indiens se sentent alors plus libres de penser par eux-même, et, progressivement, le sentiment d'appartenir à un grand pays, l'Inde, en opposition à la domination britannique, prend racine.
Les premières idées nationalistes sont alors formulées par Râjnârâyan Bose en 1866 et le sentiment nationaliste se répand rapidement dans la plupart des provinces grâce à la formation de sociétés, comme par exemple, l'ârya-samâj, créée à Bombay en 1875 et en 1885, l'Indian National Congress (INC), sujet de cet exposé.
[...] La Home Rule League doit appuyer le Congrès dans ses revendications. De son côté, Tilak organise l'Indian Home Rule League ayant les mêmes objectifs que celle de Mme Besant. Les deux chefs du mouvement ne cessent alors de parcourir l'Inde et de défendre leurs idées au cours de réunions qui connaissent un grand succès. Ces activités agacent le gouvernement qui prit de sévères mesures contre Tilak et Besant, leur interdisant l'entrée dans de nombreuses provinces, internant certains chefs de mouvement et déclarant la Home Rule illégale. [...]
[...] En prenant conscience de son impuissance dans la lutte pour l'indépendance, le Congrès procède à la réorganisation du parti. L'All-India Muslim League (la ligue musulmane fondée en 1906 pour soutenir le gouvernement britannique afin que celui-ci ne cède pas aux pressions exercées par les hindous dans le cadre du Congrès), résolut dans sa session de Bombay en 1915 de se rapprocher de l'Indian National Congress en raison de l'attitude des Anglais vis-à-vis des musulmans. Les Britanniques, en effet, étant entrés en guerre contre la Turquie, dont le sultan est considéré comme le calife des musulmans, commencent à voir les musulmans indiens pro turcs comme des ennemis éventuels et font incarcérer plusieurs de leurs chefs tel que Muhammed Ali Khân. [...]
[...] Das se rallie à la campagne de non-coopération, ce qui en assure le succès. Le Congrès se trouve pour la première fois engagé dans l'organisation d'un mouvement de masse dont l'objectif déclaré est l'obtention du swarâj : ce terme volontairement ambigu peut signifier soit le statut de dominion dans le cadre de l'Empire britannique, soit l'indépendance totale. Le mouvement de non-coopération qui dure de décembre 1920 à février 1922 est un grand succès. Bien que Jinnah, le chef de la Ligue musulmane, refuse de rejoindre le mouvement («votre programme extrémiste n'a pour le moment que frappé l'imagination des jeunes sans expérience, des ignorants et des illettrés» dit-il à Gandhi), la session du Congrès de 1920 qui se tient à Nâgpur sous la présidence de l'hindou C.V. [...]
[...] Bien que de nombreuses sociétés nationalistes aient été fondées, principalement au Bengale, à Bombay et à Madras, avec parfois des idéologies différentes, la nécessité de créer un large mouvement d'union nationale capable de concrétiser les aspirations du peuple et d'opposer une force politique valable au gouvernement britannique ne tarde pas à se faire sentir. C'est ainsi que soixante-douze délégués se réunissent à Bombay en décembre 1885 et adoptent le nom de «Congrès national Indien» bien que cette organisation ne représente en réalité qu'eux- même. Toutes ces personnes appartiennent à la classe instruite des grandes villes et jouent un rôle actif dans les associations locales. Ce Congrès est l'initiative d'un Anglais, Allan Octavian Hume. Qu'un Anglais soit à l'origine d'un mouvement nationaliste indien n'est en rien paradoxal. [...]
[...] C'est le commencement de la campagne de non- coopération qui cherche à mettre en place un vaste programme visant à gêner l'administration et le commerce britannique en Inde. Dans un premier temps, les congressistes mettent l'accent sur le boycottage des écoles officielles et de la justice. Plusieurs dizaines de milliers d'élèves et d'étudiants quittent les institutions officielles et des centaines d'écoles nationales sont fondées. De même, plus de deux cent avocats renoncent d'exercer. Le Congrès prône aussi le boycott des marchandises étrangères, l'encouragement aux écoles nationales ; la création de tribunaux d'arbitrage et l'achat exclusif de tissu fait à la main (khadi). [...]
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