Par rapport à la France qui procède souvent par flambées de violence révolutionnaire et réformes dans l'urgence, la Grande Bretagne, après son soulèvement de la Glorious Revolution de 1688, opte pour un pragmatisme politique qui vise précisément à remédier empiriquement à des mécontentements avant que ceux-ci ne débouchent sur une contestation plus radicale. D'où une progression moins nettement sensible mais graduelle. Ainsi le libéralisme (entendu dans son acception vaste, c'est-à-dire celle qui inscrit au fronton de l'État le droit des particuliers à faire usage de leur liberté mais qui nous le verrons porte toute l'ambiguïté de sa classe sociale prédominante: les bourgeois) s'inscrit dans la vie politique britannique de façon plus rapide qu'en France car il s'enracine dans la tradition de l'Habeas corpus et du Bill of Rights qui limitent le pouvoir arbitraire du roi et proclament les libertés fondamentales. Cependant qu'en est-il en Grande Bretagne de l'idéal démocratique qui, grâce à la révolution de 1848 en France, a trouvé sa consécration en l'espace de quelques mois avec la proclamation du suffrage universel (masculin) ?
Nous verrons donc tout d'abord que le parlementarisme anglais reste foncièrement inégalitaire pendant tout le XIXè siècle, situation liée au libéralisme dominant et à un système électoral archaïque. Dans un deuxième temps, il convient de mettre en lumière les réformes graduelles (à l'échelle du siècle) qui conduisent à la mise en place d'une démocratie relayée de façon constante par la montée de conscience démocratique dans la société civile et politique.
[...] Nous verrons donc tout d'abord que le parlementarisme anglais reste foncièrement inégalitaire pendant tout le XIXè siècle, situation liée au libéralisme dominant et à un système électoral archaïque. Dans un deuxième temps, il convient de mettre en lumière les réformes graduelles (à l'échelle du siècle) qui conduisent à la mise en place d'une démocratie relayée de façon constante par la montée de conscience démocratique dans la société civile et politique. Le parlementarisme anglais, reflet d'une société anglaise fortement inégalitaire, n'est pas d'essence démocratique État des lieux du parlementarisme anglais au début du XIXe siècle Le pouvoir politique des citoyens anglais passe par le Parlement de Westminster. [...]
[...] Le mouvement radical dont les chefs de files sont Cobbett et Hunt, se font l'écho des ouvriers et des classes sociales qui, d'une part font face à des conditions économiques difficiles suite à l'effort de guerre contre Napoléon et à la fluctuation des prix des produits de première nécessité, et d'autre part n'ont aucune représentativité par leur impossibilité de payer le cens et la division des circonscriptions qui empêchent la représentation proportionnelle à la population des villes ouvrières très peuplées par rapport aux campagnes où subsistent les bourgs pourris. Les meetings et rassemblements qui n'iront qu'en crescendo dans le siècle, sont le témoignage d'une émergence continue d'aspirations démocratiques des populations. Dans un premier temps les réactions des autorités est répressive comme par exemple avec le massacre de Peterloo en 1819, la suspension de l'Habeas Corpus et la loi des Six Acts qui, entre autre, censure la plupart des journaux. [...]
[...] La démocratie exige également un vote pleinement libre, c'est-à-dire qu'aucune pression ne s'exerce sur les électeurs, que la consultation soit honnête et le dépouillement scrupuleux ; l'électeur doit échapper à la pression des notables ou à la corruption. Or, en Grande-Bretagne au début du XIXe siècle le vote est encore public (et il le sera jusqu'en 1872, avec l'adoption du ballot), les élections sont corrompues, d'une part par les candidats qui achètent les suffrages, d'autre part par des groupes de pressions des grandes familles aristocratiques et de l'Église établie. L'impossible conciliation du libéralisme anglais et de la démocratie Les Anglais sont fiers du libéralisme qui prévaut dans leur société. [...]
[...] C'est pour cela que l'agitation reprendra avec le chartisme et des mouvements démocrates nouveaux qui amèneront de nouvelles réformes. La vague de réformes suivant la loi Disraeli de 1867: une conséquence de la prise de conscience progressive des autorités malgré l'inertie des représentations ? L'agitation politique qui domine la période des années 1832-1860 est marquée par la montée du mouvement chartiste: celui-ci résulte du syncrétisme des revendications frustrées des radicalistes et du mouvement syndicaliste très important face aux conditions de vie des ouvriers rendues difficiles par les Corn Law qui augmentent le prix du pain. [...]
[...] Cependant, si le parlementarisme britannique du début du XIXe siècle est encore fortement éloigné de l'idéal démocratique, il suffit de se projeter dans le temps pour se rendre compte du ralliement de la Grande-Bretagne aux idéaux démocratiques, rattrapant certains pays ayant réalisé une transition démocratique plus rapide, dont la France. En effet, en ce qui concerne la représentation politique des femmes par exemple, la Grande-Bretagne a un rôle de précurseur. Lorsqu'en 1919, Lady Astor est la première femme à entrer à la Chambre des communes, c'est un grand pas dans la démocratisation du système politique anglais dû à l'alphabétisation généralisée et au traumatisme de la Première Guerre Mondiale. [...]
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