Le document que nous devons étudier est une publicité immobilière, elle a donc une visée argumentative. Cette publicité est imprimée en noir et blanc, et son format et de 18cm sur 24cm. La publicité est recto-verso. Cette publicité n'est, par conséquent, pas destinée à être affichée, mais à être donnée de la main à la main dans les rues de Paris.
Le commanditaire de cette affiche est mentionné en bas de la page de gauche, dans la rubrique «s'adresser» : «M.Lorin» est accompagné de ses coordonnées professionnelles : «Paris...79, Faubourg Saint-Denis».
Le destinataire est clairement nommé «parisiens», en bas de la page de droite.
M.Lorin, présenté comme un promoteur immobilier, fait l'article du lotissement du «Parc de l'Haÿ-les-Roses», mentionné en haut de chaque page, accentué par un caractère gras.
Sur la commune, ce lotisseur a acheté un terrain, qu'il a ensuite morcelé. Chaque parcelle ainsi constituée est destinée à être vendue aux particuliers (parisiens), lesquels «lotiront» par la suite le terrain par la construction de leur maison.
Le document n'est pas daté. Cependant, nous savons que l'aménagement du lotissement du Parc s'étale entre 1922-24 et 1928.
Ce lotissement, comme d'autres à l'Haÿ-les-Roses, marque le déclin de la ruralité de la commune, et une urbanisation qui s'intensifie autour de Paris.
Après un certain isolement originel, la commune prend part à la vie de Paris, et plus largement à la vie du département de la Seine, lesquelles sont difficilement dissociables.
Une loi de 1859 prévoit l'annexion des communes qui entourent Paris. Celle-ci prend effet le 1er janvier, dans le but de donner à Paris une ampleur adaptée à son temps et à ses prétentions. Cet agrandissement de la capitale s'accompagne d'une tentative d'homogénéisation, par les pouvoirs publics.
Par ailleurs, une géographie des activités économiques, particulièrement industrielles, se met en place avec le déplacement d'une partie des industries en banlieue nord et est. Ce phénomène est dû à la politique hygiéniste des pouvoirs publics.
Dans les années 1920-1930, subsistent encore nombre d'établissements à l'intérieur de Paris, surtout dans les quartiers périphériques, tels que Belleville ou Charonne. La capitale brasse donc encore nombre d'ouvriers.
La banlieue, constituée de fait autour des récentes limites de la ville, est une mosaïque d'espaces diversifiés qui s'affirment peu à peu par la vocation que les Parisiens leur donnent: le nord et le quart nord-est est industriel, le quart sud-ouest est dédié à la villégiature. Enfin, le sud de Paris est disparate: tantôt résidentiel (Bourg-la-Reine), tantôt rural, c'est justement l'exemple de l'Haÿ-les-Roses.
Dans ce contexte, un questionnement s'impose, quel rôle matériel et humain joue le lotissement dans la banlieue, dans un «Paris au sens large» ?
Cela nous conduit à étudier les conditions d'apparition du lotissement et l'idéologie qui l'accompagne, dans une banlieue naissante.
Dans un deuxième temps, nous étudierons les facteurs pratiques et juridiques suscités par de tels aménagements.
[...] L'état des ventes demandé par la préfecture est toujours en suspens. Les informations n'ont pas été données. Mais en 1928, un habitant du lotissement se plaint des eaux de ruissellement qui traversent son terrain. Le lotisseur est alors mis en demeure par la préfecture de fournir les renseignements exigés de longue date. En 1928, le lotissement n'a toujours pas de cadre juridique. Dans une note de mars 1929, on apprend finalement que le lotissement a été créé par M.Lorin, et par M.Parenty (maire de la commune de l'Hay-les-Roses de 1925 à 1927). [...]
[...] Le fruit de ses récoltes alimente Paris. C'est dans ce cadre champêtre que les Parisiens viennent se promener : le long de la Bièvre, la Roseraie qui fait la réputation de la ville. L'idée d'une banlieue de loisir est communément intégrée parmi les Parisiens. A la lecture de la publicité de M.Lorin, l'association d'idée l'Haÿ-les-Roses et cadre agréable se fait très vite. En ce qui concerne le lotisseur, la banlieue verte dans toutes ses dimensions va être exploitée, tant d'un point de vue idéologique (comme on a pu le voir dans la publicité) que matériellement. [...]
[...] Le lotisseur y participe à hauteur de francs. Puis, la commune et la Compagnie Générale des Eaux financent en partie les travaux suivants. M.Lorin a une avenue de son lotissement classée dans la voirie communale alors que le projet est rejeté par la préfecture de la Seine. Le lotisseur présente un deuxième projet à la préfecture pour un deuxième avis. Lequel rejette de nouveau la démarche : la réalisation des travaux est lente et de surcroît imparfaite. Cette dernière demande enfin une situation des ventes au 19 juillet 1924, date de promulgation de la loi. [...]
[...] La banlieue, constituée de fait autour des récentes limites de la ville, est une mosaïque d'espaces diversifiés qui s'affirment peu à peu par la vocation que les Parisiens leur donnent: le nord et le quart nord-est est industriel, le quart sud-ouest est dédié à la villégiature. Enfin, le sud de Paris est disparate: tantôt résidentiel (Bourg-la-Reine), tantôt rural, c'est justement l'exemple de l'Haÿ-les-Roses. Dans ce contexte, un questionnement s'impose, quel rôle matériel et humain joue le lotissement dans la banlieue, dans un «Paris au sens large» ? Cela nous conduit à étudier les conditions d'apparition du lotissement et l'idéologie qui l'accompagne, dans une banlieue naissante. Dans un deuxième temps, nous étudierons les facteurs pratiques et juridiques suscités par de tels aménagements. [...]
[...] La valeur immobilière de leur bien est donc aujourd'hui non négligeable. En effet, les maisons de cette époque, du moins les moins misérables, sont très recherchées. On peut conclure sur le paradoxe de cette histoire des lotissements : le scandale a détourné les urbanistes et architectes de l'avenir de la maison individuelle et du lotissement, pourtant préférés par les Français : après les aménagements de la loi Sarraut et ceux permis par la loi de 1952, l'expérience s'est révélée , en longue durée, plutôt mieux adaptée aux besoins de la société que ne le seront les grands ensembles. [...]
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