La colonisation est un mot désignant un processus complexe, d'abord par les différents sens qu'il a pris au cours de l'Histoire, mais aussi, car ceux qui ont fait l'Histoire l'ont eux-mêmes doté de plusieurs interprétations. De nos jours, la colonisation fait encore l'objet de nombreuses études historiques, mais certains a priori restent dans l'opinion générale. Ainsi, en 2005, près d'un Français sur deux n'avait jamais suivi un cours d'histoire intégrant les derniers acquis de la recherche sur ce sujet.
Si la colonisation est souvent associée à la deuxième moitié du XIXe siècle, elle est néanmoins beaucoup plus ancienne. Les Hommes, plus particulièrement les Européens, ne l'ont pas toujours entendu de la même façon. Dans l'Antiquité, la colonisation était un simple déplacement de population (pionniers) sur des terres dites « non civilisées » afin d'y construire de nouvelles citées de peuplement. Le sens du mot civilisation se rapproche de celui de 1870 une première fois au XVIe siècle, durant ce qui a été appelé par la suite la « première vague » de colonisation. Ce processus est ici fondé par l'exploitation et l'esclavage du peuple colonisé. Mais à la fin de ce même siècle, un autre mot est popularisé : « l'impérialisme » qui désigne ainsi la domination à la fois politique et économique acquise par cette exploitation et cette expansion. C'est ainsi que, jusqu'au milieu du XIXe siècle, de nombreux territoires vont être placés sous la tutelle française. En 1870, la France possède de nombreuses colonies : en Amérique elle a colonisé Saint Pierre et Miquelon, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane, aujourd'hui nos départements d'outre-mer. Elle possède également, suite aux acquisitions des précédents régimes, des colonisations en Afrique (Algérie, Sénégal) et en Asie. Mais ces colonies sont encore trop dispersés et les politiques qui leurs sont liés trop hésitantes (il n'y a d'ailleurs pas de politique coloniale à proprement parler), c'est pourquoi on ne peut parler alors d'« Empire colonial ». La naissance de la IIIe République marque une rupture avec ces hésitations et donne très vite à la colonisation une richesse de sens qui aideront à sa justification. Dans toute l'Europe, le ton est donné et cette colonisation devient rapidement un élément de diplomatie.
[...] Si ce lien peut paraitre superficiel aux premiers abords, il est néanmoins essentiel au partage culturel : celui-ci résidant également dans un métissage de la musique, du cinéma et des arts en général. Ces liens, résistants à la fois intérieurement et extérieurement à la France, font l'objet d'une confrontation des mémoires et montre la nécessité pour la France de gérer cet épisode colonial dans l'histoire tout comme dans les mentalités collectives. En effet, la colonisation a été pendant très longtemps racontée par ses partisans et sa place dans l'histoire française a longuement manqué de recul. [...]
[...] De plus, certains français naissant d'un métissage entre les colonies françaises et la France ont du mal à trouver leur place, leur identité et leur appartenance. Ces populations se sentent sujettes à une discrimination prenant plusieurs formes différentes : à l'embauche, dans leurs études tout comme dans les loisirs. Sous représentés politiquement comme médiatiquement, elles font néanmoins l'objet de plus en plus de documentations et d'enquêtes. Mais cette volonté d'affranchissement des discriminations se heurte à un rejet de plus en plus fort de l'immigration et à d'autres obstacles tels que la montée de l'extrême droite, tout comme celle de la xénophobie. [...]
[...] C'est ainsi que la plupart des Français n'ont jamais entendu que cette version de l'histoire et restent encore assez ignorants de la réalité coloniale. Néanmoins, on observe aujourd'hui un renversement de ces pratiques. La période coloniale fait l'objet de plus en plus d'études et depuis la réforme Haby introduisant dans les programmes scolaires la période de 1945 à nos jours les jeunes français étudie la colonisation dans une dimension bien plus authentique. La liberté prise par les autorités politiques sur les travaux historiques pour exalter la grandeur nationale est de moins en moins acceptée. [...]
[...] Mais cette décolonisation prend un nouveau dynamisme quand les colons appelés pieds noirs s'y opposent. Pour la plupart, l'Algérie est une partie intégrante de la France et y renoncer serait, tout comme en 1870 avec l'Alsace et la Lorraine, la perte d'un morceau de la patrie. Si bien que ce sont les colons eux-mêmes, avec l'aide de l'Armée, qui décident de répondre aux émancipations du peuple Algérien par un putsch. Ce n'est qu'à partir de 1959, par l'œuvre du Général de Gaulle qui avec beaucoup de subtilité fait des promesses aux uns et aux autres que l'ordre fait son retour en Algérie en 1962 après de nombreuses contestations. [...]
[...] Cette thèse d'une colonisation favorable à l'économie est en grande partie acceptée par les opportunistes comme Gambetta et Ferry. Ce dernier va même, en 1885 jusqu'à déclarer Dans cette concurrence de tant de rivaux que nous voyons grandir autour de nous, la politique de recueillement ou d'abstention, c'est tout simplement le grand chemin de la décadence par la suite et sous la tutelle d'Eugène Étienne, un parti colonial est créé même si celui-ci n'existe qu'à l'occasion de débats. Enfin, l'intérêt de la colonisation est aussi social : pour beaucoup de paysans, elle parait presque être le dernier recours face à des conditions de vie difficiles et un apparent manque de mobilité sociale qu'ils peuvent trouver facilement dans les colonies. [...]
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