Le Pacte germano-soviétique fut signé à Moscou dans la nuit du 23 au 24 août 1939 entre le Gouvernement du IIIème Reich, représenté par Joachim von RIBBENTROP, Ministre des Affaires Etrangères depuis 1938, et le Gouvernement de l'URSS, représenté malgré la présence de Staline par Viatcheslav Mikhaïlovitch MOLOTOV, Commissaire du peuple aux affaires étrangères, mais également membre du Politburo et Président du Conseil des Commissaires du peuple ( c'est-à-dire Premier Ministre ). Il s'agit d'un traité, c'est-à-dire un acte de droit international positif, assorti d'un Protocole annexe resté secret mais faisant partie intégrante du traité. L'accord prend le nom officiel de "Traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques" : il s'agit donc d'un pacte de neutralité et non d'assistance mutuelle. Ce pacte germano-soviétique, conclu pour une durée de dix ans, connaît aussi l'appellation de "Pacte Ribbentrop-Molotov", du nom des représentants plénipotentiaires des deux Etats signataires. MOLOTOV, révolutionnaire réaliste aux tendances plutôt pro-allemandes, avait remplacé le 3 mai 1939 Maxim LITVINOV à la tête des Affaires Etrangères soviétiques. Le renvoi de LITVINOV, d'origine juive, partisan de la sécurité collective et d'un rapprochement avec les pays occidentaux pour lutter contre les Etats fascistes, ainsi que le renouvellement de 90 % du personnel du Commissariat aux Affaires Etrangères, constituait un signal en direction d'Hitler et marquait les premiers retournements de la politique étrangère de Staline. Ce pacte fit l'effet d'une bombe en Occident, où une telle alliance paraissait impossible et contre-nature entre les deux régimes totalement antagonistes sur le plan idéologique. En effet, Hitler, qui avait conclu le Pacte anti-komintern avec le Japon en novembre 1936, et dont les thèses racistes montraient son mépris envers les slaves, se faisait le champion de l'anti-communisme et de la lutte contre l'URSS judéo-bolchevisée; tandis que Staline se posait comme un adversaire du nazisme, et était intervenu en Espagne contre Franco et ses alliés fascistes. Pourtant, la conclusion de ce pacte entre les deux frères ennemis peut se comprendre au regard de la situation politique, diplomatique et stratégique assez complexe des années 1938-1939, ainsi qu'au regard des dispositions du Protocole secret qui prévoit, comme nous le verrons plus loin, un partage de l'Europe orientale en zones d'influences
[...] Le Traité de Rappalo de 1922 consacrait la reconnaissance mutuelle des deux Etats et prévoyait une aide technologique allemande à la Russie en échange de terrains pour abriter le réarmement clandestin allemand. Le Traité de Berlin du 24 avril 1926, pacte de non-agression et de neutralité, avait été conclu par Stresemann pour rassurer les Soviétiques inquiets et leur prouver que Locarno n'effaçait pas Rappalo (puisqu'en effet, à Locarno, l'Allemagne reconnaissait ses frontières occidentales mais pas ses frontières orientales, refusant d'hypothéquer l'avenir dans ces régions). [...]
[...] L'URSS écartait ainsi la menace qu'aurait représenté pour elle l'arrivée de troupes allemandes à la frontière polono-soviétique. III- Le débat sur le sens profond de l'engagement soviétique La part d'énigmes, d'interrogations et d'incertitudes que recèle encore cet engagement est source d'interprétations radicalement différentes entre les historiens quant aux intentions réelles de Staline et à ses motivations profondes. La thèse du projet communiste révolutionnaire Pour certains, l'alliance avec les nazis aurait toujours été présente, implicitement, dans les plans de Staline, tandis que la politique de sécurité collective n'aurait été pour le dictateur qu'un masque destiné à cacher ses desseins à l'Occident. [...]
[...] En URSS, le pacte fut pendant longtemps passé sous silence. Le Protocole secret avait d'ailleurs été nié par les soviétiques lors du Procès de Nüremberg. Ce n'est qu'avec l'ouverture des archives depuis une dizaine d'années que l'on commence à disposer de plus d'informations sur les motivations profondes de Staline, qui restent toutefois encore assez mystérieuses puisque les archives couvrant la période 1937-1943 demeurent sous la vigilance de la Sécurité d'Etat russe. [...]
[...] Dans la nuit du 23 au 24 août, le Pacte germano-soviétique est signé. Hitler obtient les mains libres pour l'attaque de la Pologne, au prix de concessions territoriales importantes à l'URSS ( concessions que je développerai plus loin L'accord officiel insiste sur la renonciation à " tout acte de violence, toute manoeuvre agressive et toute attaque" entre les deux pays ( art.1 mais également et surtout sur l'interdiction mutuelle de rejoindre une coalition de puissances dirigée contre l'un des deux Etats signataires, que ce soit directement ou indirectement. [...]
[...] Tout était donc une question de procédure : l'Angleterre ne s'opposait qu'à l'emploi de la force. Après Prague, Hitler tournait maintenant son regard vers la Pologne, avec qui il avait conclu un pacte de non-agression en 1934, pacte qu'il venait de dénoncer en avril. Il exigeait la cession de Dantzig, "ville libre" placée sous tutelle de la SDN, et le droit de libre-circulation dans le "corridor" polonais pour les allemands se rendant en Prusse orientale. Hitler était persuadé que les Anglais ne se battraient pas pour Dantzig. [...]
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