Les crises économiques ne viennent jamais seules, c'est bien ce qu'en témoignent les années 1930. La France est bouleversée par la dépression économique, et cela se traduit par une crise politique mais aussi une crise d'identité plus profonde chez les Français. Le désarroi engendre une recherche de la responsabilité de l'autre, et l'autre est bien entendu l'étranger, celui que l'on méconnaît.
Ainsi, dans les milieux populaires, ouvriers, miniers du Nord de la France, le bouc émissaire est le Polonais, qui est largement présent dans ces secteurs.
De quelles manières le phénomène de crise économique a-t-il entraîné des effets sur la population française et son rapport avec les Polonais, immigrés majoritaires dans le Nord ?
Tout d'abord, seront étudiés la dépression et ses effets sur l'emploi, puis les conséquences dans les rapports Français/Polonais, et enfin l'effet de la crise sur les Gauches.
[...] Cette division des gauches ne sera finalement résorbée qu'avec la montée du fascisme et la volonté de lutter ensemble contre l'ennemi commun. Bibliographie AMAR M., MILZA P., L'immigration en France au Xe siècle, Paris, A.Colin ANGLADE Jean, La vie quotidienne des immigrés en France de 1919 à nos jours, Paris, Hachette BADE Klaus J., L'Europe en mouvement, Paris, Seuil BERSTEIN Serge, La France des années 1930, Paris, A. Colin PONTY Janine, Polonais méconnus, Paris, La Sorbonne SCHOR Ralph, L'opinion française et les étrangers, Paris, La Sorbonne PONTY Janine, Polonais méconnus, Paris, La Sorbonne p Léon Blum, Le Populaire novembre 1931 in SCHOR Ralph, L'opinion française et les étrangers, Paris, La Sorbonne, 1985. [...]
[...] Nous ne croyons pas que les chômeurs français des grandes villes soient disposés à descendre dans la fosse pour remplacer les Polonais. De plus, nous ne pensons pas que, dans les industries préférées des Français, la proportion des ouvriers polonais soit notable. Le contrôle des étrangers a déjà éliminé des usines françaises, un grand nombre de polonais, en vertu de la décision interdisant le passage aux étrangers d'un métier à l'autre. Tous les pouvoirs politiques appellent à légiférer sur l'emploi des étrangers. La droite et l'extrême-droite ne sont plus les seuls partis concernés. [...]
[...] Les Polonais, très souvent majoritaires dans les usines et mines du nord, sont très vite licenciés. Ce sont les derniers arrivés qui partent en premier. Par exemple, les fabriques lainières et cotonnières du nord renvoient les femmes polonaises du jour au lendemain, sans indemnité et sans certificat qui leur permette de percevoir des secours. En janvier 1931, le consul de Lille proteste contre des compressions de personnel dans les textiles du Nord dont sont victimes des filles de mineurs (polonais) pourvues de papiers réguliers Dans les mines, les ouvriers polonais ont plus de possibilités pour lutter contre les licenciements massifs, leur ancienneté et leur grand apprentissage du métier les rend indispensables. [...]
[...] La montée de la xénophobie La xénophobie se propage dans l'opinion publique, mais aussi dans la Presse et les milieux politiques. Les étrangers sont les uniques responsables de cette crise, du chômage. Ils volent le travail aux Français. Des lettres accusant les immigrés sont envoyées aux journaux, aux députés, qui se font une joie d'en rendre compte pour appuyer ou pour condamner la xénophobie ambiante. C'est dans ce contexte de haine envers les immigrés que le pouvoir politique décide de donner satisfaction à ses électeurs en établissant un projet de loi limitant la participation d'étrangers dans les entreprises. [...]
[...] Au point de vue égoïsme national, la démarcation entre l'ouvrier du pays et l'étranger est justifiée, mais si nous rappelons que la France était toujours la patrie de l'idéal démocratique de la liberté de l'homme, que la France donnait toujours l'asile à l'émigration politique, et que c'était enfin la France qui a lancé le projet de la création d'Etats-Unis d'Europe, projet irréalisable si chaque pays est décidé à creuser autour de lui une barrière contre l'émigration. Pour ces raisons, le projet des socialistes français est sans fondement. En conclusion, on peut dire que la volonté de Messieurs Rejer et Kalinowski, respectivement Président et Secrétaire général de la société des ouvriers polonais, n'a pas été respectée puisque la loi a été votée en 1932 et elle assure aux Français 95% des emplois des entreprises, soit de plus que dans le projet de loi. [...]
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