Jusqu'en 1880, le monde ouvrier se caractérise surtout par son hétérogénéité. L'héritage de l'Ancien Régime permet de distinguer deux catégories à l'intérieur de ce groupe : les ouvriers de l'artisanat, que l'on rencontre surtout dans les villes, et les ouvriers de la grande industrie, qu'on trouve principalement dans les zones rurales et qui ont profité de la diffusion du travail textile et métallurgique dans les campagnes.
Ce schéma se retrouve jusqu'à la fin du Second Empire, en 1870. Comme le précise Frédérique Le Play, il serait donc plus juste de parler de « classes ouvrières », même si l'on utilise souvent le terme de « classe ouvrière » par usage. Et c'est à partir de février 1848 que le monde ouvrier va revêtir une importance de plus en plus forte dans son rapport à la politique. En effet, les ouvriers vont y prendre part plus intensivement et à l'inverse, les régimes vont s'y intéresser de plus près.
Pendant la Seconde République et le Second Empire, on va donc pouvoir observer des mutations très importantes et c'est en ce sens que l'on peut se demander quels ont été réellement les rapports entre le monde ouvrier et celui de la politique entre 1848 et 1870, et quelle évolution s'est dessinée à cette époque.
[...] Mais pour les socialistes, le résultat du scrutin est sans appel : les modérés obtiennent 500 sièges des 880, mettant en avant la puissance encore très active des notables, qui obtiennent près de 300 sièges. Le 10 mai, le gouvernement devient donc exclusivement modéré et suite à l'insurrection du 15 mai, les derniers leaders insurgés comme Barbès, l'ouvrier Albert ou Blanqui sont arrêtés. On peut noter au passage que l'ouvrier Albert a été le premier ouvrier à participer à un gouvernement, même si ce fut de courte durée. [...]
[...] L'attachement à la République est resté relativement fort dans les couches populaires et le ralliement à Louis-Napoléon Bonaparte est loin d'être total. Si le Second Empire ne naît officiellement que le 2 décembre 1852, lors de sa proclamation, il se met en place dès le coup d'État du 2 décembre 1851. Les ouvriers qui ont tenté de s'y opposer ont été arrêtés et les contestations se font dès lors dans le secret et surtout dans le calme. La soumission est donc apparente, mais tout n'est pas gagné pour celui qui devient, en décembre 1852, Napoléon III. [...]
[...] Sous le Second Empire, phases libérales et autoritaires se sont succédées, ce qui explique les lois parfois restrictives, parfois favorables envers les ouvriers. À la fin du Second Empire, Napoléon III est affaibli par sa politique extérieure, l'usure de son pouvoir et sa santé, devenue plus fragile. Cela se ressent dans les lois qu'il fait appliquer dans les toutes dernières années de son gouvernement. Ainsi, en juin 1868, il permet les réunions publiques sous astreinte administrative et policière. Ce sont là des signes d'un recul de l'Empire, face à un mouvement ouvrier qui progresse et s'organise. [...]
[...] Le pouvoir exécutif est confié à un président, élu au suffrage universel direct pour quatre ans. La date du 10 décembre est donc fixée pour l'élection de ce dernier. Louis-Napoléon Bonaparte fait alors son entrée sur la scène politique, avec pour seule légitimité la légende napoléonienne, encore très présente dans les esprits. Il passe pour un crétin que l'on mènera (Thiers) aux yeux des conservateurs à qui il sert de prête-nom. Il obtient des suffrages. Le gouvernement qu'il met en place ne contient plus réellement de républicains. [...]
[...] Le 22 juin 1854, le livret ouvrier est généralisé, même pour les travailleurs à domicile. La plupart de ces mesures défavorables ont été mises en place durant la décennie de l'ordre c'est-à-dire entre 1852 et 1859. Dès 1859, l'inflexion libérale reprend le dessus, mais la lutte des ouvriers a déjà pris de l'ampleur et ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Napoléon III va aussi faire évoluer la situation économique de l'Empire. En 1860, par le traité de libre- échange avec l'Angleterre, il dégage l'industrie française de sa tutelle protectionniste. [...]
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