Le loisir, régi par le plaisir, est un temps de la jouissance que procurent l'expression et la réalisation de soi. En 1869, Littré qualifie le mot loisir de « temps qui reste disponible après les occupations » alors qu'en 1940, il est « l'ensemble des distractions, occupations auxquelles on se livre de son plein gré, pendant le temps qui n'est pas pris par le travail ordinaire ». Entre ces deux dates, un glissement de sens s'est opéré qui traduit le passage du loisir aux loisirs et semble caractériser l'avènement d'une gamme diversifiée de distractions durant le temps libre. Ainsi, si le désir de se détendre et de se distraire a pratiquement toujours existé, la définition des loisirs s'est transformée au fil du temps. Dans les sociétés traditionnelles, loisirs et mode de vie sont étroitement liés. En milieu rural, et même urbain, le travail s'effectue au rythme des saisons. Une corvée est suivie d'un temps de jeu et de loisir dont la durée dépend de la prochaine tâche à effectuer. Avec l'industrialisation de la société dans les années 1840, le temps devient de plus en plus réglementé. L'industrialisation et la mécanisation transforment complètement le rapport au temps. L'apparition du temps libre (ou temps personnel) a contribué à la création de nouveaux rapports sociaux et à la compréhension de certains éléments dits de la « culture du pauvre ». L'essor des loisirs à partir de cette période est d'abord alimenté par une nouvelle conception de l'humain et des sources de son épanouissement. La valorisation de l'ordre est remplacée par le principe de l'expérience. On pense que l'être humain doit plutôt s'épanouir à travers ses actions et ses décisions personnelles que par la simple obéissance. Liberté et devoir remplacent le tandem subordination et soumission. Le quotidien des ouvriers n'est plus rythmé par le travail uniquement et il prend progressivement en compte la notion de loisirs. Mais pour qu'une personne puisse pleinement exercer sa liberté et s'épanouir, elle doit être éduquée. Les loisirs qui visent ces nobles buts, tels que la lecture, sont considérés comme un bon moyen pour former des êtres modérés et raisonnables. Il convient alors de se demander en quoi le XIXe est-il un siècle propice au développement des loisirs populaires ? Peut-on réellement parler d'une consécration réussie ou convient-il de relativiser ces propos devant un vingtième siècle qualifié de siècle du divertissement ?
[...] Cette ouverture des loisirs aux masses reste marginalisée et critiquée Les loisirs de masse sont dans un premier temps critiqués fortement par les élites sociales qui se prononcent en faveur d'un loisir de classe. Ces élites sont fortement influencées par l'héritage des Lumières qui avait mis sur le devant de la scène publique l'idée de valorisation de l'activité culturelle. C'est alors l'émergence de la notion de loisir cultivé. Au sein des élites du XIXe siècle, le loisir se retrouve valorisé : le bourgeois est l'homme du temps libre. Sa disponibilité se retrouve liée à des dépenses somptuaires qui sont un marqueur social. La bourgeoisie fonde le prestige de l'homme basé sur son revenu. [...]
[...] Durant toute cette première moitié du XIXe siècle, la notion de temps libre n'existe pas ou est perçue comme étant un temps mort plus qu'un temps de loisir. Le temps libre est pensé comme étant une simple récréation incluse dans le temps de travail ; ce n'est pas un temps du divertissement. Le temps de travail et le temps de non-travail sont deux catégories en interaction. Ainsi, dans la France rurale et paysanne, la durée du travail épouse celle du jour, variant suivant les saisons tandis que dans le monde ouvrier, la durée quotidienne de travail effectif augmente du début de l'industrialisation jusque dans les années 1840. [...]
[...] C'est le temps des journaux à un penny au Royaume- Uni (le Daily Telegraph en 1855 un demi-penny) ou à un sou en France (tel que le Petit Journal, créé en 1863). Les nouvelles lignes de chemin de fer permettent aux éditions parisiennes de s'assurer des débouchés en Province même si la Presse régionale reste toujours vivace. La multiplication des titres engendre une concurrence accrue et donc une baisse des prix, mais également une course au scoop. Dans ce contexte, les agences de presse qui se créent vont être d'une aide précieuse pour les rédactions. [...]
[...] Les voyages de masse étaient donc impossibles. En revanche, le chemin de fer rendit le voyage accessible à tous. Les compagnies ferroviaires trouvent un intérêt direct dans le développement d'infrastructures touristiques telles que les stations thermales (Bath en Angleterre), les stations de ski (Chamonix) et les stations balnéaires. En France, vers 1860, le chemin de fer permet de relier Dieppe, première station balnéaire française à Paris en à peine quatre heures de trajet ce qui encourage le développement de stations telles que Deauville ou Cabourg. [...]
[...] Ils rejettent clairement les loisirs de masse. Le discours d'en haut dédaigne les loisirs des ouvriers. Le discours sur le mauvais loisir utilisé par le prolétaire est aussi présent à gauche qu'à droite. Aussi, si les loisirs de masse doivent arriver, il faut que ceux-ci soient au profit de l'élévation des ouvriers. Le travail est sacré et sain : il ennoblit le travailleur, mais il peut être ruiné par le loisir spontané. Seul un loisir sain peut redresser la condition des ouvriers. [...]
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