A la fin du XIXème siècle dans les pays européens où le processus d'industrialisation était plus avancé, le nombre des ouvriers atteignait 20% de la population environ : en Angleterre le pourcentage était beaucoup plus élevé, tandis qu'en Allemagne et en France il était inférieur ; dans les autres pays (l'Italie et la Russie en particulier), sensiblement inférieur. Les femmes représentaient environ le tiers du total des ouvriers, nombreuses dans le textile, avec des salaires beaucoup plus bas par rapport aux hommes. Toujours assez répandu était le travail des mineurs, bien que soumis à des limitations croissantes.
Dans la plupart des cas, l'ouvrier était un paysan qui venait d'abandonner ses champs, auxquels parfois il rentrait comme saisonnier. Le passage de la liberté de la campagne à la discipline de l'usine ou des mines provoquait tout d'abord des phénomènes d'insubordination individuelle. Bientôt, dans la plupart des cas, cette réaction d'insubordination individuelle à la discipline imposée (très dure, presque militaire, particulièrement en Allemagne) se transforme : l'ouvrier, individuellement, commence à se soumettre, en faisant propre cette discipline, tandis qu'il organise collectivement la résistance contre l'exploitation en s'appropriant de formes de combat tels que les grèves et l'association en partis et en syndicats.
L'un des moyens majeurs de cette structuration de la force ouvrière au cours de la période est la Deuxième Internationale ouvrière qui, en exerçant rarement une influence sur les partis et les associations nationales, continue à renvoyer l'évolution des différents courants qui la constituent. Son rôle principal est celui d'intermédiaire pour les débats entre chaque groupe, dans une action qui internationalise leurs problèmes internes et rapproche leurs requêtes.
Les rythmes du travail en usine, suite à l'introduction de machines de plus en plus nombreuses et complexes, vont augmenter après 1880. En même temps, l'augmentation des rythmes fait augmenter les accidents sur le travail. Les gouvernements interviennent de plus en plus dans le domaine de la tutelle des ouvriers contre les accidents, les maladies, le chômage et la vieillesse.
Les pays dans lesquels la législation sociale se développe le plus sont, tout d'abord, l'Allemagne, avec les lois sociales imposées par Bismarck entre 1883 et 1889, et, en suite, l'Angleterre, avec l'essor suscité par les libéraux au pouvoir entre 1906 et 1914. Par contre, le régime républicain en France, où le processus d'industrialisation était déclenché en retard, par rapport à l'Angleterre, et continuait à suivre une croissance inégale, suspendue entre le développement des grandes usines et le maintient du travail dans les ateliers de petites dimensions (en 1906, un tiers des salariés industriels travaillent dans des établissements employants moins de 10 ouvriers, lesquels représentent le 60% du total, les usines de plus de 100 ouvriers en formant, elles, 25%. La moyenne est de 4,3 ouvriers par emplyerur : ces patrons, au nombre de presque 800.000, sont donc pour la plupart de petits artisans), par rapport à la concentration allemande, se borne à des interventions très limitées dans le domaine social, en laissant plutôt le champ ouvert au libéralisme économique.
Malgré l'âpreté du travail dans les usines, malgré la méfiance des ouvriers envers la culture bourgeoise, malgré son isolement par rapport aux autres couches sociales, peu à peu ce qui lie les ouvriers aux autres classes (la petite bourgeoisie en particulier) devient plus important que ce qui les sépare. Dès la fin du XIXème siècle, le modèle bourgeois s'impose aux ouvriers. Petite bourgeoisie et ouvriers participent aux mêmes divertissements : le cinématographe, les cabarets, les music halls, le rituel de la promenade avec la famille le dimanche. En Angleterre l'ouvrier cherche à embellir sa maison exactement comme le bourgeois, dès que les conditions matérielles le lui permettent.
[...] Depuis longtemps il y a une grande production de recherches sur les conditions du travail ouvrier, qui entraînent la formulation de doctrines politiques de plus en plus articulées. Des sciences nouvelles, comme la Sociologie, qui naît de l'exigence d'approfondir la connaissance de la société, afin de mieux la diriger, trouvent dans le travail ouvrier une source inextinguible d'objets d'étude, sur la base desquels se formulent les différentes revendications politiques. Dans la période 1880-1920 il est évident, bien que la couche des ouvriers d'industrie n'arrive nulle part à inclure plus que le 20% des travailleurs salariés, qu'il y a une tendance envers l'élargissement aux autres secteurs du travail salarié des revendications et acquis politiques des partis qui défendent les ouvriers. [...]
[...] Les femmes représentaient environ le tiers du total des ouvriers, nombreuses dans le textile, avec des salaires beaucoup plus bas par rapport aux hommes. Toujours assez répandu était le travail des mineurs, bien que soumis à des limitations croissantes. Dans la plupart des cas, l'ouvrier était un paysan qui venait d'abandonner ses champs, auxquels parfois il rentrait comme saisonnier. Le passage de la liberté de la campagne à la discipline de l'usine ou des mines provoquait tout d'abord des phénomènes d'insubordination individuelle. [...]
[...] Halbwachs, analysant au début du siècle des études allemands de consommation, concluait à l'existence d'un genre de vie proprement ouvrier : importance des consommations de première nécessité liées à la reproduction de la force de travail et faiblesse des dépenses liées aux relations sociales. L'ouvrier, même à revenu égal, consacre une plus grande part de ses ressources que l'employé à l'alimentation, une plus petite part au vêtement. Pour Halbwachs, l'ouvrier est le travailleur délégué par la société aux échanges avec le monde matériel : il est donc placé en marge de la société ; l'usine est dans les faubourgs, alors que les bureaux et les magasins, lieux d'échanges proprement sociaux, sont au centre. [...]
[...] En effet, après le Congrès de Gotha, Bismarck voit les sociaux-démocrates comme les pires ennemis de la stabilité et de l'ordre intérieur allemand. Dès lors, il commence une oeuvre de mise à l'écart de la représentation politique sociale-démocrate (que pourtant, comme on a vu, continuait à croître), en arrivant jusqu'à mettre le Parti hors de la loi. C'est la législation anti- socialiste qui affectera jusqu'à la Guerre l'essor du mouvement ouvrier en Allemagne. Par contre, Bismarck ne pouvait pas prétendre annuler politiquement la présence socialiste sans lui donner une juste contrepartie. [...]
[...] Au 1914, lorsque la Guerre Mondiale brise l'esprit de l'Internationale, il compte environ électeurs et 101 députés. En Italie, le parti socialiste naît au 1892 grâce à l'œuvre de Antonio Labriola et de Filippo Turati, après avoir marginalisé la tendance anarchiste qui demeurait pourtant très forte dans le syndicalisme. Très brièvement, on peut résumer les spécificités du socialisme italien en deux points principaux : premièrement, il naît comme liaison entre plusieurs mouvements régionaux nés auparavant, sans avoir donc un centre doctrinal fort et bien défini ; en outre, il a la capacité d'influencer des milieux sociaux différents de ceux proprement ouvriers et du travail salarié traditionnel : d'un coté, il pénétrer les milieux intellectuels et universitaires d'une façon inconnue dans les autres pays (ce sont surtout les allemands qui s'étonnent du fait qu'on puisse être au même temps professeurs universitaires et socialistes) ; de l'autre il connaît un bon succès parmi les ouvriers agricoles. [...]
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