En 1945, l'Allemagne nazie est vaincue et le monde entre dans une nouvelle phase. La fin de la Seconde Guerre mondiale ouvre en effet le monde à une nouvelle ère bipolaire, caractérisée par la guerre froide entre les deux États qui sortent du conflit grandis et renforcés : l'Union soviétique et les Etats-Unis. En revanche, pour la première fois dans son histoire, l'Europe divisée est tombée dans la dépendance des deux Grands. L'Allemagne est divisée, avec d'une part la RFA à l'Ouest et d'autre part la RDA à l'Est. Or, il est indéniable qu'aucun règlement définitif et stable en Europe n'est possible sans une solution à la question allemande qui est au cœur de la tension en Europe, la division de l'Allemagne étant la manifestation particulière des barrières artificielles entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est.
Cependant, dans le milieu des années 1960, un processus de détente se développe entre l'Ouest et l'Est. L'équilibre nucléaire conduit les Etats-Unis et l'URSS à éviter de s'affronter d'où leur recherche d'une stabilisation en Europe, marquée principalement par le gel de la question allemande, pourtant nœud de la guerre froide. Dès lors, c'est à la RFA de prendre son destin en main. C'est dans ce contexte que l'Ostpolitik, c'est-à-dire l'ouverture vers l'Est, a été lancée dès 1961, à la fin de l'ère Adenauer. Cependant, l'Ostpolitik connaît des débuts hésitants. La RFA entretient des relations tendues avec les pays satellites de l'URSS. L'aliénation de ces pays à Moscou empêche la reprise du dialogue diplomatique. Jusqu'au milieu des années soixante la normalisation des relations entre la RFA et les pays de l'Est ne s'opère que sur le terrain des transactions économiques et commerciales.
[...] Les 7 et 21 décembre 1971, un accord signé entre les deux Allemagne puis une convention passée entre le Sénat de Berlin et la RDA prévoient aussi de faciliter la circulation en transit des marchandises civiles et de délivrer des laissez-passer aux Berlinois de l'Ouest qui désirent rencontrer des membres de leur famille installés en RFA. Il est suivi du traité fondamental interallemand du 21 décembre 1972. A travers ce traité, les deux États allemands reconnaissent que la souveraineté de chacun se limite à leur propre territoire. Celui-ci confirme la volonté de la RFA de ne pas prétendre à représenter l'ensemble de l'Allemagne sur le plan international et témoigne du désir des deux États d'instaurer entre eux des relations de coopération. [...]
[...] Cependant, l'Ostpolitik connaît des débuts hésitants. La RFA entretient des relations tendues avec les pays satellites de l'URSS. L'aliénation de ces pays à Moscou empêche la reprise du dialogue diplomatique. Jusqu'au milieu des années soixante la normalisation des relations entre la RFA et les pays de l'Est ne s'opère que sur le terrain des transactions économiques et commerciales. Il faudra attendre 1969 et qu'une nouvelle coalition de sociaux-démocrates soit élue pour que l'Ostpolitik prenne une nouvelle orientation, sous l'impulsion du nouveau chancelier Willy Brandt. [...]
[...] Il y avait en effet un risque de domination soviétique sur l'Europe ce qui provoqua chez les alliés occidentaux, en particulier aux Etats Unis et en France, beaucoup de réticences. Cependant, des discussions sur la sécurité et la coopération en Europe commencèrent en 1972. Dès lors, les objectifs de l'Ostpolitik et de la construction européenne semblent se recouper. En effet, ces deux politiques répondent à une même volonté de dépasser les tensions d'après-guerre et de favoriser la création d'un ordre de paix en Europe. [...]
[...] Par ailleurs, l'Ostpolitik développe une osmose croissante entre les deux Allemagnes, en accroissant les interdépendances. L'étude de la politique étrangère de la RFA après 1945 se divise souvent entre des analyses portant sur sa politique d'intégration européenne et celles couvrant sa politique d'ouverture à l'Est, l'accent étant mis sur l'Ostpolitik au détriment de l'Europapolitik. Cependant il semble désormais que les deux étaient étroitement liées. On sait qu'à long terme, l'arrière-pensée de Bonn était la réunification, l'idée des nouveaux dirigeants allemands étant que la réunification ne serait possible que dans un contexte tout à fait différent, à savoir celui d'un nouvel ordre européen de sécurité qui permettrait à l'URSS d'accepter la réunification. [...]
[...] Les adversaires de Brandt ne se sont d'ailleurs pas privés de dire que, neuf ans après la construction du mur de Berlin, deux ans après l'intervention armée à Prague, le chancelier donnait à l'Union soviétique une victoire inespérée. Il est vrai que cet acte diplomatique consolide, au moins dans un premier temps, l'emprise de l'URSS sur les Etats de sa zone d'influence. A l'époque, la plupart des observateurs pensent donc que l'Ostpolitik bénéficie surtout à l'Union soviétique. En fait, avec le recul, l'Union soviétique paraît grosse perdante. En effet, l'URSS se présentait comme le rempart contre l'expansionnisme germanique. Avec l'Ostpolitik, la RFA devient un partenaire économique et technologique incontournable. [...]
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