Le développement économique de l'Amérique latine est encore aujourd'hui compromis par une dette extérieure. Cet endettement résulte de graves déficiences structurelles qui trouvent leur origine dans le développement historique de la région depuis son premier contact avec les conquistadores. En fait, pour comprendre pourquoi l'économie de l'Amérique latine ne parvient jamais à combler le retard qu'elle accuse sur l'Amérique du Nord et l'Europe, il faut revenir sur son histoire, ce que nous ferons ici en considérant successivement les grandes étapes qui, de la découverte de l'Amérique à nos jours, ont fait l'Amérique latine telle qu'on la connaît.
La découverte de l'Amérique a lieu la même année que les Espagnols écrasent le dernier bastion arabe en Espagne. Cortes écrase l'empire aztèque avec au départ 550 hommes et 16 chevaux, et ce, grâce à la supériorité des armes à feu, des chevaux et surtout d'une légende locale associant Cortes au dieu Quetzalcoatl dont on attendait le retour... de l'est. La petite vérole est aussi une alliée de Cortes, la maladie causant un taux de dépopulation de 95% entre 1519-1605 au centre du Mexique. Un autre conquistador, Pizarro, soumet pour sa part les Incas. Comme il y a dans les nouvelles terres conquises beaucoup plus de Blancs que de Blanches, un métissage s'ensuit. Les mestizos, issus de ces mélanges, sont aujourd'hui prédominants au Mexique, en Amérique centrale, dans les pays andins. La bureaucratisation du Nouveau Monde assure à l'Espagne son obéissance, ensemble avec l'Église. Mais cette bureaucratie demeure élitiste et oppose, de façon raciste, ceux qui sont nés en Espagne (les peninsulares), des « autochtones » (les criollos) .
[...] Editions du Félin : 2003, p Norman Loayza, Pablo Fajnzylber et Cesar Calderon. Economic growth in Latin America and the Caribbean : Stylized facts, Explanations, and Forecasts. Washington ; The world Bank : 2005, p Raul Zibechi, Argentine : généalogie de la révolte : la société en mouvement. Paris ; Editions CNT-RP : 2004, p. 145-67. José Antonio Ocampo et Juan Martin (dir.). Mondialisation et développement : un regard de l'Amérique latine et des Caraïbes. Nations Unies, Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes. [...]
[...] Mais les postes politiques demeurent l'apanage des péninsulaires. La naissance du Brésil Par le traité de Tordesillas signé en 1494 entre l'Espagne et le Portugal, l'est de l'Amérique du Sud avait été octroyé au Portugal, où l'on ne retrouvait pas de grandes civilisations indiennes comparables aux Aztecs ou aux Incas. Il n'y avait donc pas de société organisée que l'on aurait pu reconvertir dans le labeur comme les Espagnols le firent avec les Mayas et les Incas. Il n'y avait pas non plus dans le futur Brésil d'or (la première grande mine n'est découverte qu'en 1690) ou d'argent, conséquemment pas de possibilité rapide d'enrichissement. [...]
[...] Politics of Latin America : the Power Game. Oxford ; Oxford University Press : p. Velut, Sébastien. L'Argentine : des provinces à la nation. Paris ; PUF : p. Zibechi, Raul. Argentine : généalogie de la révolte : la société en mouvement. Paris ; Editions CNT-RP : p. Alvaro Artigas. Amérique du Sud : les démocraties inachevées, Paris ; Armand Colin : 2005, p. [...]
[...] Puis il y a eu des tentatives de centraliser le pouvoir pour rendre l'État plus fort, sous le gouvernement d'hommes autoritaires comme Diego Portales au Chili ou Juan Manuel de Rosas en Argentine. On passait ainsi d'un gouvernement de caudillo à celui d'administrateur. Les pays d'Amérique latine devinrent tous indépendants - sauf quelques exceptions dans les Caraïbes - avant 1830, pourtant de nouvelles servitudes se poursuivirent avec la pénétration du territoire par des puissances extérieures comme la Grande-Bretagne, la France et les USA. [...]
[...] Dans la justice et la politique en général, les Créoles sont ostracisés. Les Créoles en revanche vont se rabattre sur les cabildos (conseils de ville), qui leur offrent une source de revenus (taxes) et de pouvoir. Charles III cherche également à réduire le rôle de l'Église (en 1767 les Jésuites sont chassés de toute l'Amérique espagnole). Il introduit aussi des colonies militaires (pour protéger les colonies des puissances ennemies et écraser de possibles rébellions), mais, ce faisant, les Créoles se retrouvent plus nombreux au sein de l'armée, créant ainsi la base des futures armées patriotiques. [...]
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