Entre 1880 et 1914, la République est de plus en plus installée dans les esprits français, de la capitale à la province, des villes jusqu'aux campagnes. Avant, elle a du passer par l'épreuve de l'adaptation à une France éprise de bonapartisme et dirigée par une élite monarchiste. Mais le mythe napoléonien s'effondre après la défaite de Sedan du 2 septembre 1870 et la France voit l'Alsace-Moselle passer aux mains de l'ennemi. Cette perte de territoire a été le socle pour la construction de l'idée républicaine au sein de la société française. On cultive la Revanche à l'école par les livres, à la caserne par le service militaire, et le Français devient un véritable patriote prêt à prendre les armes lorsque la République l'exigera.
[...] Le premier cas a lieu dès 1894, c'est-à-dire avant que la véritable affaire éclate. A cette époque les socialistes s'insurgent contre le système judiciaire sur fond d'antimilitarisme. En effet, ils critiquent ce qu'ils jugent être une Justice à deux vitesses, les officiers ont encore des privilèges même lorsqu'il s'agit de traitres. Un officier qui trahit sa patrie ne se retrouve qu'au bagne et garde la vie sauve, alors qu'un conscrit qui a trop bu à la caserne et qui s'en prend à sa hiérarchie finit au peloton d'exécution avec un procès plus que sommaire. [...]
[...] Il avait compris que le manque de cohésion dans son camp porterait préjudice à la paix et voulait l'éviter à tout prix. Du coup, il fut largement attaqué par la presse nationaliste qui l'accusait d'être un traître à la France. On tente par tous les moyens de préserver la paix, par exemple en juillet intellectuels signent un texte dans lequel ils expliquent que les Alsaciens-Lorrains ne veulent pas forcément leur retour à la France et qu'ils sont bien adaptés à la vie allemande. [...]
[...] Les jeunes pacifistes y recevaient des conférences de professeurs socialistes et le but de cette pédagogie est d'essayer de rendre la guerre de plus en plus rare. En revanche, sous l'autorité de Thivet, les débats y sont interdits, les cours dispensés sont par exemple l'initiation à la propagande, mais aussi des cours d'espéranto. Cette langue, construite à la fin du XIXème, se voulait être une langue internationale. Elle a donc été reprise par les intellectuels pacifistes européens, car ils se voulaient sans nation, donc il fallait une langue nouvelle pour cette Europe unie. [...]
[...] Surtout après l'arrivée de Georges Clémenceau à la tête du gouvernement, le pacifisme équivaut au défaitisme, et le défaitisme sous l'autorité du Tigre c'est trahir la France. Le pacifisme devient alors pratiquement hors-la-loi. Cette lutte contre le défaitisme prend aussi exemple sur le traité de Brest-Litovsk entre les Russes et les Allemands, les Français ne peuvent accepter de telles conditions de paix avec de si lourdes pertes territoriales, pour ces patriotes, la France vaut beaucoup mieux. Conclusion Le pacifisme est donc réapparu en France dans les années 1880 après un long siècle d'absence. [...]
[...] Ainsi, la peur du peloton et le patriotisme ont eu raison du pacifisme socialiste. On dénombre seulement quelques incidents antimilitaristes, à Saint-Étienne où quelques anarchistes ont réussi à prendre le maquis pour quelques jours. Le lendemain de la mobilisation, les dirigeants socialistes admettent la guerre (alors que l'Allemagne la déclare le 3 août) dans la salle Wagram, et ils décident de participer à l'effort de défense nationale opérée par le gouvernement. Le 4 août, Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT, exprime aux obsèques de Jean Jaurès le ralliement syndical à la guerre pour prouver aussi que les syndicalistes peuvent être patriotes. [...]
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