Dans quelle mesure le photographe au village, malgré son ancrage dans le réel, est-il à la fois tributaire et diffuseur des représentations que l'Occident se fait de l'Afrique noire ?
[...] Le photographe au village vient chercher des informations anthropologiques 1. La photographie apparaît comme un outil de rigueur scientifique Un procédé qui semble plus objectif que les illustrations : on peut reprocher aux illustrations (images, dessins, croquis), de présenter une vision forcément partielle de la vie au village, obligatoirement orientée. L'aspect même de l'illustration induit un éloignement du réel dans le souci parfois artistique. Le daguerréotype (1839) permet de fixer le réel. Mais il y a une limite : le procédé est lent. [...]
[...] Le photographe n'est pas seulement un colonisateur de mauvaise foi : ces villages existaient bel et bien, même si l'on peut toujours trouver une intention derrière une photographie : la prise de vue répond toujours à un certain objectif, qui parfois inconsciemment véhicule les clichés, parce qu'il en est aussi tributaire. Conclusion Le photographe au village en Afrique noire fait œuvre de rationalisateur, il véhicule les stéréotypes de son temps et les renforce. Cette manière de photographier et cette attitude vis-à-vis du modèle procède de la façon d'envisager l'autre et particulièrement l'étrange étranger colonisé. Alors que les théories racistes reculent peu à peu, une nouvelle vision de l'Afrique devient peut-être possible. [...]
[...] L'œil du photographe est un œil d'Occidental qui veut porter la civilisation 1. Le village est le théâtre des comparaisons entre indigènes et Occident La photographie nous renseigne plus sur l'Occident que sur le regardé : le regard même que le photographe choisit de poser sur le village en Afrique est la marque de sa propre vision du monde, de ses aspirations, de son identité et des préoccupations de sa propre culture. C'est en donnant à voir une certaine vision des Noirs que le photographe et le Blanc se cherche lui-même à travers l'autre. [...]
[...] La vision que donne le photographe est marquée par une réaction face à l'autre La découverte d'une Afrique vierge, à conquérir : l'homme blanc recherche en Afrique le dépaysement. Il est imprégné d'une certaine culture coloniale. Mais surtout, ces images sont en quelque sorte politisées dans le sens où on leur demande de donner une certaine image du village en Afrique, qui insiste sur l'importance d'aller y découvrir de nouveaux territoires. Cela rentre dans le cadre d'une seconde période de colonisation, qui incite à une course aux conquêtes entre les pays européens et renforce l'idée de colonisation. [...]
[...] (Images et colonies p282) Le divertissement : la fête au village est un cliché également très présent dans l'imaginaire (restes d'anthropophagie et de manifestations préhistoriques (L'autre et nous p63) Mise en scène, cercle, gorille au centre. Des hiérarchies sociales : le chef se fait photographier (portrait de famille) comme souverain du village (AA p89, groupe de chefs et leurs suites) 2. Une photographie orientée : images idylliques La femme africaine : une érotisation de la vie quotidienne : la femme africaine est généralement présentée nue, dans des postures souvent suggestives. [...]
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