L'occupation de la Ruhr en janvier 1923 marque un sommet des tensions franco-allemandes. Cette « prise de gage » franco-belge est en effet un événement fondamental pour comprendre l'après-guerre européen, voire aussi, sans même sombrer dans la téléologie, pour comprendre la « marche à la guerre ». En effet, 5 ans à peine après la fin des hostilités, anciens occupants et anciens occupés se retrouvent face à face, mais les rôles sont inversés, sans que la tension ne baisse pour autant. Commence alors, en pleine « paix » et en plein ordre de la SDN, une « occupation en temps de guerre » qui va durer presque un an, pour accoucher d'une situation paradoxale : la France souhaitait saisir l'Allemagne et affaiblir son ennemi vaincu, mais tout le contraire advint.
Etudier l'occupation de la Ruhr est donc un procédé efficace pour entrer dans l'état d'esprit d'une Europe encore traumatisée, pour qui le droit et la force sont encore des recours également possibles. Entre occupation agressive et unilatérale, résistance passive et hésitations du concert international, la Ruhr symbolise donc la nouvelle Europe née avec le traité de Versailles.
[...] L'occupation de la Ruhr L'occupation de la Ruhr en janvier 1923 marque un sommet des tensions franco-allemandes. Cette prise de gage franco-belge est en effet un événement fondamental pour comprendre l'après-guerre européen, voire aussi, sans même sombrer dans la téléologie, pour comprendre la marche à la guerre En effet ans à peine après la fin des hostilités, anciens occupants et anciens occupés se retrouvent face à face, mais les rôles sont inversés, sans que la tension ne baisse pour autant. [...]
[...] Ils insistent avec vigueur sur la totale illégalité de cet acte, et appuient leur réclamation sur le traité de Versailles fait nouveau puisqu'ils le rejetaient jusqu'alors. La propagande nazie reprendra cet épisode. II / Le combat A / La résistance passive L'Allemagne n'a aucune troupe à opposer aux soldats qui pénètrent sur son sol. Le moyen qu'elle choisit est donc celui de la résistance passive. Cette résistance est ordonnée depuis Berlin. Il s'agit de refuser de travailler sous les ordres des occupants. Les fonctionnaires stoppent le travail, d'où plus de train qui circule ; usines et mines sont alors forcées de cesser le travail. [...]
[...] Les radicaux et Herriot s'opposent à cette politique. Le cartel des gauches qui parvient au pouvoir se forme autour du refus de cette politique extérieure. Même le Quai d'Orsay désavoue Poincaré : la France n'a pas les moyens politiques ou financiers de mener une action isolée contre l'Allemagne. La France va donc accepter le Plan Dawes. L'échec de l'occupation de la Ruhr est aussi l'échec de la force sur le droit, l'échec de l'action isolée et non concertée, l'échec d'une conception étroite de la reconstruction européenne qui doit se faire contre l'Allemagne. [...]
[...] Il faut dénoncer les atrocités françaises, réelles ou supposées, pour que les alliés de la France condamnent cet acte et isolent la France, la forçant ainsi à faire machine arrière. Les vieux thèmes de guerre sont donc immédiatement remobilisés, avec une prédilection sur le cas des troupes coloniales françaises (pourtant très minoritaires), accusées de toutes les barbaries, notamment le viol de petits garçonnets gentils et naïfs (cf. Jean Yves le Naour, La honte noire), avec réactivation de thématiques déjà présentes dans le manifeste des 93. On crie à une tentative de mulatrisation de la Rhénanie par le recours au viol systématique. [...]
[...] Les troupes sont accusées d'affamer volontairement les populations, en ne livrant pas le lait par exemple. Les Français n'ont eux qu'une faible contre- propagande à opposer. Au total morts allemands de janvier 1923 à septembre 1924, et une trentaine de soldats français. La propagande allemande a eu son impact : la Grande Bretagne condamne en août 1923 l'initiative de la France ; c'est un peu tard. III / L'échec de l'occupation A / Une victoire apparente La résistance passive prend fin le 26 septembre (cf. [...]
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