A la libération, les autorités issues de la Résistance ont voulu refermer au plus vite la "parenthèse vichyste". Dès l'immédiat après-guerre jusqu'à la démission du général de Gaulle, en 1969, s'impose une mémoire collective "officielle", celle d'une France majoritairement résistante. Elle est surtout portée par les deux grandes forces politiques issues de la Résistance et qui dominent alors le pays au lendemain de la guerre, les communistes et les gaullistes. L'exaltation de la France résistante relègue l'existence du régime de Vichy dans l'ombre des "années noires". C'est le temps du résistancialisme, mythe selon lequel les français ont été majoritairement résistants (image héroïque d'une France massivement résistante). Avec le temps cependant, le souvenir de Vichy refait surface, suscitant polémiques et conflits de mémoire (...)
[...] Malgré leurs morts, leur image de vaincus en fait des anti- héros. C'est la même chose pour les prisonniers de guerre ( hommes en 1940) qui restent des "soldats de la débâcle". Incarnant la preuve vivante de la plus grande défaite que la France ait connue dans son histoire, ils sont condamnés à l'oubli. Dans une certaine mesure, il en va de même des déportés dans les camps qui donnent l'impression de déranger. "Les victimes sont toujours gênantes, écrit Emmanuel Mounier dans le journal L'Esprit en septembre 1945. [...]
[...] Ce film est une chronique de l'occupation dans la région de Clermont-Ferrand. Il provoque un scandale, la télévision qui l'a financé refusant pendant douze ans de le programmer. Diffusé seulement en 1981 sur FR3, il attire alors 15 millions de téléspectateurs. Réalisé avec des témoignages et des bandes des Actualités françaises ou de la propagande allemande, il montre que des français ont choisit, en toute conscience, le camp du nazisme et même pour certains de porter l'uniforme allemand. C'était dévoiler pour la première fois que le choix entre Résistance et collaboration n'allait pas de soi et mettre à nu les fractures entre Français. [...]
[...] En articles de presse donnent à l' "affaire Touvier" une ampleur considérable et ravivent la mémoire de l'occupation. Au cours des années 70, on assiste à une forme de renaissance de la mémoire vichyste avec l'expression publique de thèses négationnistes qui nient l'existence des chambres à gaz et la réalité de l'extermination des juifs d'Europe. Ce courant qui se prétend "révisionniste" vise en fait à falsifier l'histoire. Le 23 octobre 1978, L'Express publie un entretien avec un octogénaire exilé en Espagne, Louis Darquier, dit "de Pellepoix", "Commissaire aux questions juives" de mai 1942 à février 1944. [...]
[...] Les travaux d'historiens comme Robert O. Paxton permettent de mieux évaluer les responsabilités du régime de Vichy et de la collaboration dans la guerre franco-française et la déportation des juifs de France. La société française est alors conviée à une relecture souvent douloureuse de son passé. C'est la fin d'une longue amnésie. Le réveil de la mémoire de la Shoah permet d'éviter la banalisation du crime contre l'humanité qui se traduit par la condamnation d'anciens responsables de Vichy ayant participé à la "solution finale". [...]
[...] Les nouveaux enjeux de mémoire se nourrissent également d'un autre fait politique majeur, la renaissance d'une extrême droite en France, avec la création du Front National en 1972. Une extrême droite qui s'impose comme une composante non négligeable de l'échiquier électoral et qui revendique les valeurs de la Révolution Nationale de Vichy, symbolisée par le slogan "travail, famille, patrie". En 1987, Jean-Marie Le Pen déclare que les chambres à gaz et la mort de 6 millions de juifs sont "un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale". [...]
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