Le Congrès de Nuremberg ou Congrès du Reich est le rassemblement annuel du parti qui s'est tenu de 1928 à 1938 en Allemagne ; à partir de l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, il a lieu chaque année au Reichparteigsgelände, gigantesque complexe sportif construit par Albert Speer, principal architecte d'Hitler.
Ce congrès va être l'un des principaux instruments de propagande nationale socialiste. Le Congrès durait une semaine, chaque jour étant consacré à une organisation nazie. Ce congrès a pour but de démontrer par une mise en scène grandiose la solidarité du peuple et du Führer, mais le but de ces congrès était de préparer le pays à la guerre.
Robert Brasillach, dans cet extrait tiré de son ouvrage "Notre avant-guerre" publié en 1941, décrit la cérémonie du congrès de Nuremberg qui s'est déroulé en septembre 1937 et auquel il était invité. Robert Brasillach est un français qui a étudié à l'Ecole Normale Supérieure, il est né en 1909 et fait partie de cette génération d'intellectuels rêvant d'une révolution nationale.
[...] l'un d'eux, plus large que les autres forme une sorte d'avenue, qui mène de l'entrée du stade à la tribune ou passera le Führer »l.16 enfin, cette large avenue empruntée par Hitler peut représenter l'image de l'église avec la nef centrale, et la tribune sur laquelle se tient Hitler étant le cœur de l'église. C'est donc Hitler qui dirige la cérémonie, tel un chef d'orchestre, la cérémonie se fait au rythme de ses discours, entre ses discours, il y a des chants, tels des chants religieux. Le congrès de Nuremberg se déroule au même rythme qu'une cérémonie religieuse. Tel que Brasillach en fait la description, le congrès de Nuremberg est une véritable cérémonie religieuse. [...]
[...] Il veillait au moindre détail visuel de toutes ses manifestations. D'ailleurs, cette foule montre un respect religieux envers ce personnage qui de ce fait est quasi messianique : c'est le silence extraordinaire qui règne »l.25 un silence surnaturel et minéral »l.34 discours de Hitler, qui fait dans cette foule muette des remous de bras tendus et de cris »l.37. On pourrait comparer cette scène à une réunion religieuse, où le prêtre, témoin de Dieu parle à ses fidèles. C'est un lien comparable qui se crée entre Hitler et la foule, et c'est ce lien qu'il veut lui-même mettre en place : un lien de confiance, de fidélisation. [...]
[...] Cette architecture monumentale montre un souci de mettre fin aux humiliations de l'histoire et d'assurer la pérennité du Reich. Hitler veut montrer par cette architecture la renaissance de l'âge d'or, symbole d'ordre et d'harmonie, et la promesse d'une renaissance aryenne. Dans ces constructions on retrouve une certaine démesure, la mégalomanie du chef et du parti, toujours faire plus grandiose : des bâtiments au service d'un seul homme. Ces monuments devaient être les marques de la puissance du régime. Hitler, ne choisit donc pas cette ville au hasard, il veut en faire le lieu de sa propagande. [...]
[...] L'individu n'est rien et le peuple est tout pour Hitler. Et ce peuple, c'est le nouveau peuple élu, c'est la nouvelle Allemagne, dont le chef est Hitler, ce presque Dieu. Le Führer incarne cette nouvelle Allemagne à travers la foi que lui porte la foule. Et dans cette mise en scène, comme on l'a vu le travail sur la lumière et sur le son permet de produire un choc émotionnel sur ce peuple et favorise la fusion entre le peuple et le parti. [...]
[...] Conclusion Brasillach dans ces quelques lignes fait part de l'enchantement qu'il a éprouvé lors de la cérémonie du congrès du parti nazi en septembre 1937. Il faut bien souligner que Brasillach est un homme favorable au fascisme et donc qu'il adhère largement aux idées exprimées par Hitler. Mais par son témoignage on imagine la manière dont la foule présente perçoit cette cérémonie, qui de ce fait adhère par ce même enchantement éprouvé par Brasillach aux idées d'Hitler. Certes on le sait, la population allemande n'est guère favorable à une entrée en guerre et cette volonté ne fait pas du tout l'unanimité, mais par cette liturgie Hitler parvient tout de même à conditionner la foule dans une stricte discipline, dans un respect religieux envers leur chef. [...]
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