Au début du XXe siècle, le leader noir de la NAACP William E. Dubois déclarait : « Le problème du XXe siècle est celui de la frontière de couleur (« color line »). La revendication par la population noire étasunienne des droits civiques et de l'égalité a effectivement confirmé cette prophétie. W. E. Dubois ne s'est pas trompé en faisant de la question des Noirs dans la société étasunienne l'une des questions centrales du XXe siècle. De 1917 à 1988, la population noire a formé un pourcentage globalement stable de la population étasunienne : environ 11% de celle-ci. Mais au début de la période cette population était mise à l'écart dans une société ségréguée. La fin de la période est, elle, caractérisée par une société étasunienne qui admet, tout en les conservant, les différences : une société du « salad bowl ». Comment est-on passé de la marginalisation et de l'exclusion de la population noire dans la société étasunienne à une inclusion plus ou moins réussie, mais néanmoins réelle ? Quelles ont été les modalités de cette évolution ?
La période comprise entre l'entrée dans la Première Guerre Mondiale et la Seconde Guerre Mondiale est caractérisée par une réelle prise de conscience de la question noire aux Etats-Unis. Mais ce fut surtout entre 1945 et 1965 que les choses évoluèrent, grâce aux combats des mouvements noirs : l'on est passé du rêve à sa réalisation juridique. Le dernier temps va de la violence au retour à la normale, avec la nécessité pour la minorité noire de s'imposer dans une Amérique républicaine dont il reste encore à changer les mentalités.
[...] Ces trois tendances des mouvements noirs au début du XXe siècle étaient significatives du profond manque de cohésion de ceux-ci. Si certains Noirs s'accordaient entre eux sur le but de leur action, l'égalité complète, ce n'était qu'une fraction d'entre eux, et ils étaient divisés sur les moyens de la réaliser. Il y avait donc une faiblesse de la conscience collective, entraînant une fragilité et une dispersion évidentes. Vint ensuite le temps de la crise de 1929 et du New Deal, période à créditer essentiellement de promesses. [...]
[...] Elle marqua en effet la fin des programmes sociaux de secours et d'aides car R. Reagan voulait réduire le rôle de l'Etat fédéral et instaurer pleinement l'influence des milieux d'affaires. En un mot il prônait un New Beginning et l'enterrement de l'Etat-Providence. Parallèlement, la période allant de la présidence de J.Carter à celle de R.Reagan fut celle d'une offensive conservatrice qui remit sévèrement en question l'AA. Le premier coup lui fut porté par l'affaire d'Alan Bakke, refusé à la faculté de médecine de Californie car 16 places étaient réservées aux minorités. [...]
[...] Les Noirs dans la société américaine de 1915 à 1988 Au début du XXe siècle, le leader noir de la NAACP William E. Dubois déclarait : Le problème du XXe siècle est celui de la frontière de couleur color line La revendication par la population noire étasunienne des droits civiques et de l'égalité a effectivement confirmé cette prophétie. W. E. Dubois ne s'est pas trompé en faisant de la question des Noirs dans la société étasunienne l'une des questions centrales du XXe siècle. [...]
[...] Les Black Panthers adoptaient le langage et l'agressivité du ghetto et s'organisaient de façon paramilitaire. Ces impasses dans lesquelles s'étaient engagés les mouvements noirs aboutirent à une vague de violence et d'assassinats qui marquèrent le reflux du mouvement des droits civiques. En 1968, ce furent en effet deux figures importantes du mouvement pour l'égalité qui disparurent. ML King fut assassiné le lendemain de son discours du Sommet de la Montagne, le 4 avril 1968. La nouvelle de sa mort provoqua une vague de violence très importante : il y eut 700 incendies à Washington morts arrestations. [...]
[...] Ainsi, par exemple, le salaire minimal des Noirs restait inférieur à celui des Blancs. Ce fut surtout la construction de logements bon marché par la Federal Public Housing Agency qui fut favorable aux Noirs, puisque un tiers de ces logements fut occupé par des familles noires, qui purent découvrir des conditions de confort jusque là inconnues. Enfin, la CIO vit le jour en 1935 et cette organisation syndicale, contrairement à l'AFL, appliquait une stricte égalité raciale parmi ses membres. Ainsi, bien que, dans le Sud, l'application de la plupart des mesures du New Deal fussent ouvertement discriminatoires à l'égard des Noirs, un frein fut porté à la perpétuation de cette tradition car, au niveau politique, l'entrée de personnalités noires au gouvernement et dans les agences fédérales du sud fut pour les Blancs l'occasion de faire l'expérience d'une nouvelle forme de relation avec les Noirs. [...]
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