Il s'agit de s'intéresser aux similitudes et aux différences entre le nazisme et le stalinisme, et non pas à celles qui peuvent exister entre le fascisme et le communisme. Pourquoi cette distinction ?
Il semble utile de distinguer ces différentes formes de régimes politiques, qui n'impliquent pas les mêmes choses. Le communisme est une doctrine idéologique marxiste qui définit une forme idéale de gouvernement, dont la mise en application la plus célèbre est celle des bolcheviques qui ont mené la Révolution russe en 1917. A l'intérieur de cette doctrine, on distingue le stalinisme, qui est au départ une forme de gouvernement liée à la personnalité d'un homme. Toutefois, on ne peut réduire le stalinisme à Staline, pas plus d'ailleurs que le nazisme à Hitler.
Parallèlement, le nazisme est considéré par la plupart des historiens et des politologues comme un fascisme, et même comme la forme la plus aboutie du fascisme. Le fascisme est moins une doctrine qu'un ensemble de comportements gouvernementaux autoritaires, qui ont pour particularité la place prééminente d'un chef tout-puissant à la tête d'un parti unique et un usage systématique de la violence comme moyen politique. Sa première expérience a été menée en Italie entre 1922 et 1945 et des régimes similaires se sont développés en Europe. Le national-socialisme allemand est plus qu'un fascisme, dans la mesure où « le maître a dépassé son élève », c'est-à-dire que le nazisme constitue une formation politique inédite où les travers fascistes sont totalement exacerbés afin de servir un projet politique d'une extraordinaire violence : l'extermination des Juifs.
Nous nous intéresserons donc aux similitudes et différences entre le nazisme et le stalinisme parce que ces deux formes représentent, à l'intérieur des formes de gouvernement plus larges que sont le fascisme et le communisme, des paroxysmes. Leur contemporanéité et leur frappante gémellité n'ont pu qu'intriguer historiens et politologues depuis une cinquantaine d'années, même si tout sépare ces deux régimes en apparence. Face à ces nouvelles formes de gouvernement, les analyses classiques ne sont plus pertinentes.
On peut légitimement s'interroger sur l'opportunité d'une comparaison de ces deux régimes. Elle s'explique par le fait qu'ils ont tous deux été extraordinairement meurtriers, vu le nombre de victimes qu'ils ont laissé derrière eux. Il s'agit de décrypter cette « ressemblance de l'incomparable » dixit Ernst Bloch, à travers ces deux parties : 1) le concept de totalitarisme ; et 2) analyse comparée des origines et des structures des deux régimes.
Les régimes nazis et soviétiques peuvent être pensés ensemble grâce au concept de totalitarisme…
[...] Dans cet ouvrage elle compare le régime stalinien en URSS de 1945 a 1953 et le nazisme de 1929 à 1941. Devenu un classique de la théorie politique, cet ouvrage a été très vivement critiqué pour sa mise en place d'un parallélisme incessant entre nazisme et stalinisme et surtout l'amalgame revendiqué entre le goulag et les camps de concentration. L'idée selon laquelle les 2 régimes se ressemblent ou présentent du moins des caractères comparables est présente chez beaucoup d'auteurs européens entre les 2 guerres : ex. [...]
[...] Hitler instaure peu à peu une nouvelle forme de légalité, celle du Parti nazi, qui ne prend même pas la peine de se fonder sur une constitutionnalité quelconque. Des intentions fondamentalement différentes Il est difficile d'éviter la question des finalités du pouvoir, argument souvent avancé par les partisans du bolchévisme. En effet, est-il réellement légitime d'établir une ressemblance entre deux régimes aux philosophies si différentes et dont les projets sont aux antipodes l'un de l'autre? A l'origine, le stalinisme se fonde sur un projet égalitaire et universaliste, soucieux de rendre à l'homme sa dignité. [...]
[...] Hitler essaya de donner l'image d'un homme au-dessus de la mêlée, à écart des affaires politiques, s'adressant à la nation à travers une mise en scène conçue pour un Dieu païen, Staline donnait plutôt l'image d'un homme simple il n'avait pas les mêmes facilités rhétoriques qu'Hitler et se voulait proche du peuple. Les deux dictateurs adoptèrent la même politique d'éloignement par rapport à leur parti comme technique de gouvernement. Ils construisirent leur image aux dépens des principaux piliers de leur propre système M. Lewin. [...]
[...] Mais les deux auteurs récusent l'idée défendue en particulier par François Furet selon laquelle la Première Guerre Mondiale serait la matrice décisive des systèmes totalitaires. D'une manière générale, nombreux sont les auteurs qui se sont demandés si l'Histoire nationale des pays portait en germe ou non les gouvernements qui sont apparus au début des années 1930. L'héritage est plus clair dans le cas du nazisme : en effet, l'antisémitisme, la théorie de l'espace vital, la glorification de la race germanique sont des éléments qu'on retrouve dans l'Allemagne de Guillaume II et dans les écrits pan-germanistes ou xénophobes de la fin du XIXème siècle. [...]
[...] Un phénomène inédit Des systèmes politiques différents par essence Le concept de totalitarisme a été adopté pour rendre compte de systèmes politiques qui apparaissent différents par essence H. Arendt. Les régimes nés en Allemagne et Russie ont effet nécessité une révision de la classique typologie des systèmes politique inspirée de la Politique d'Aristote. Les régimes staliniens et nazis sont inédits par deux traits essentiels : ce sont des régimes révolutionnaires, affranchis de toute contrainte légale. Leur légitimité ne résulte non pas de leur enracinement dans le passé ms dans l'avenir dont ils sont censés porter la promesse. [...]
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