Il paraît légitime de se demander si les nations et le nationalisme peuvent expliquer, en tant que concepts centraux, l'histoire de l'Europe centrale dans l'entre-deux-guerres. Depuis le XVIe siècle, l'Empire d'Autriche-Hongrie assurait une certaine cohésion à une Europe centrale disparate. La disparition de la double monarchie, à l'issue de la Première guerre mondiale, crée donc une situation inédite. Cet ordre centre-européen, fragile, ne résistera pas à l'épreuve des nationalismes pendant l'entre-deux-guerres
[...] Conclusion L'entre-deux-guerres semble donc représenter l'ultime phase de maturation des nationalismes en Europe centrale avant l'exaspération et le déchaînement nationaliste que constitue la Deuxième guerre mondiale dans la région étudiée. En fait, il convient de resituer l'entre-deux-guerres dans le temps long, et l'on s'aperçoit qu'entre les Empires multiséculaires ottomans, russes et autrichiens d'une part, et l'empire communiste d'autre part, l'entre-deux-guerres fut la seule période où les nations d'Europe centrale furent livrées à elles-mêmes, où les nationalismes ont pu s'exprimer librement. [...]
[...] D'abord, quels sont les critères qui fondent le nationalisme en Europe centrale ? Principalement, c'est la langue et l'histoire qui occupent une place privilégiée dans l'imaginaire national de ces pays. Au sein d'un ensemble géographique qui fut longtemps dominé par le latin, puis par l'allemand, l'invention puis l'affirmation d'une langue nationale a en effet beaucoup joué dans la construction des nationalités d'Europe centrale. La deuxième composante majeure est l'histoire. Le XIXe siècle a montré avec quel acharnement les intellectuels des nations d'Europe centrale sont partis à la recherche d'événements historiques, de poètes, de manuscrits fondateurs en vue de légitimer la nationalité émergente. [...]
[...] En fait, on assiste véritablement à un chassé-croisé entre anciens et nouveaux maîtres pour reprendre les termes de Bernard Michel. De plus, avec la création des Etats d'Europe centrale, le programme des nationalismes se complexifie : il ne s'agit plus pour la nation d'accéder à l'indépendance puisque les Etats nationaux existent, mais de revendiquer des territoires peuplés de nationaux : l'irrédentisme et le séparatisme viennent donc colorer le nationalisme d'entre-deux-guerres en Europe centrale. Confrontés à ces nationalismes et à un désir de paix, il semble que la Société des Nations ne parvienne pas à adopter une position très claire. [...]
[...] Nations et nationalismes en Europe centrale dans l'Entre-deux-guerres Introduction Définir l'Europe centrale n'est pas chose facile. Historiquement, la région se situe en effet sur de nombreux clivages entre différentes civilisations. De fait, il est difficile de trouver un élément d'unité dans cet ensemble hétérogène. La définition la plus intéressante de l'Europe centrale reste sans doute celle de l'historien Jacques Rupnik. D'après lui, c'est le décalage entre la matière réelle, composite des Etats et un imaginaire collectif illusoire qui définit l'Europe centrale. [...]
[...] Comment ce type de nationalisme se manifeste-t-il ? A l'intérieur du pays, cela passe d'abord par une centralisation excessive : si l'on excepte la Tchécoslovaquie, chaque nouvelle capitale veut aspirer à devenir une nouvelle Vienne. Cette centralisation s'ajoute donc à un discours unitaire national qui coexiste avec le rejet des minorités. Mais ce rejet, dons nous parlions à l'instant comporte des degrés variés : en Autriche par exemple, l'égoïsme sacré entraîne une ségrégation nationale devant l'emploi. Mais c'est en Yougoslavie que le rejet des minorités est le plus violent, les Serbes se livrant dès l'entre-deux-guerres à l'épuration ethnique avec massacres et transferts de populations. [...]
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