« Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres. » Cette citation de Romain Gary permet de comprendre la subtilité qui existe entre le patriotisme et le nationalisme. En effet, même si ces deux concepts reposent sur l'idée d'un amour inconditionnel de la patrie, une recherche de gloire nationale et la volonté de protéger les intérêts nationaux, il existe une grande différence.
Alors que le patriotisme est toute forme d'attachement sentimental au territoire où l'on est né, le nationalisme est souvent considéré comme un patriotisme exacerbé à outrance, selon Raoul Girardet, il sert à désigner la préférence aveugle et exclusive pour tout ce qui est propre à la nation à laquelle on appartient.
Mais la meilleure définition du nationalisme vient de Maurice Barrès, un des pionniers du mouvement nationaliste, qui explicite dans un discours pour la troisième conférence de la Ligue de la Patrie Française le 10 mars 1899, que « le nationalisme, c'est de résoudre chaque question par rapport à la France » .
D'après ces définitions on peut voir à quel point il pertinent de distinguer ces deux phénomènes dans le temps en France, c'est-à-dire de déterminer quel moment est patriote et lequel est nationaliste, mais aussi la spécificité Française du nationalisme et du patriotisme. Pour cela, la période qui va de la défaite contre la Prusse en 1870 et l'entrée en guerre contre l'Allemagne en 1914 semble être la plus propice pour étudier comment le nationalisme s'est développé grâce au patriotisme dans cet entre-deux guerre.
[...] C'est aussi le moment où se concrétise le plus explicitement le nationalisme Français, qui trouve sa spécificité dans sa définition de la nation, c'est-à-dire, l'adhésion à une patrie avec laquelle on partage, je cite Fustel de Coulanges des intérêts, de l'affection, des souvenirs et de l'espérance Mais le patriotisme et le nationalisme ne sont pas des notions éphémères et ponctuelles dans l'histoire française, on les retrouvera au moment de la 2nde guerre mondiale. [...]
[...] A l'humiliation de la défaite se sont ajoutées les clauses de l'Armistice signé en 1871 qui détermine l'annexion de l'Alsace et la Lorraine et l'occupation de la France jusqu'au remboursement d'une indemnité de 5 milliards. C'est un véritable traumatisme pour les Français qui avaient depuis la Révolution Française conscience de l'existence d'une nation et d'une patrie française. C'est à ce moment-là que naît un culte des provinces perdues la quête d'une nouvelle gloire française pour laver l'humiliation de la guerre et le repli français. La politique républicaine participe à la construction d'un patriotisme exacerbé La France doit donc avancer. [...]
[...] Néanmoins, la montée d'un sentiment de menace de la part de l'Allemagne permet un retour du patriotisme qui se rattache au nationalisme régnant. Tout d'abord, sur la période qui va de 1870 à 1882, le traumatisme de la défaite contre la Prusse est palpable et va amener à une exacerbation du patriotisme, notamment par le biais des politiques menées par la IIIe République A partir de 1882, l'exaltation patriotique fait naître un nationalisme à multiples facettes qui déterminent la politique française (II). [...]
[...] Mais dés 1905, la perspective d'une guerre contre l'Allemagne fait renaître un élan patriotique tout en maintenant un nationalisme puissant Un antagonisme entre pacifistes et nationalistes En 1905, c'est le Bloc des gauches qui est au pouvoir. La politique menée n'est pas en faveur d'une revanche contre l'Allemagne ni pour la remilitarisation de la France. Il y a au contraire plutôt un phénomène de pacification de la République, d'atténuement de la ferveur patriotique. La politique est beaucoup plus focalisée sur les réformes intérieures du pays. Un certain patriotisme est certes présent, mais il n'est pas aussi fort que le nationalisme qui conserve une très grande ampleur. Ceci est vérifiable à travers les journaux et leurs lecteurs. [...]
[...] Ce nationalisme se caractérise par son attachement à la République et à la démocratie. En outre, on peut dire qu'il est le prolongement du patriotisme construit dans les premiers moments de la IIIe République, il change en ce sens où les républicains prennent conscience d'une menace, intérieur, l'opposition de droite et extérieur, l'Allemagne, qui est la première des caractéristiques du nationalisme. Pour y voir plus clair, des hommes politiques tels que George Clemenceau, Edouard Hériot ou encore Jules Ferry, sont les chefs de file de ce nationalisme républicain. [...]
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