En 1871, la perte des provinces perdues « colore de façon originale le nationalisme français » (R. Girardet). En effet, après « l'année terrible », marquée par la profonde blessure de la défaite devant la Prusse et l'amputation de l'Alsace-Lorraine, le nationalisme en France connaît un vaste essor. Loin de se résumer à l'idée de la revanche, il fait écho à ceux des grandes puissances européennes.
Mais le nationalisme revêt différentes définitions au fil du temps : si au XIXe siècle, il désigne l'exaltation des caractères propres, des valeurs traditionnelles d'une nation considérée comme supérieure aux autres (en 1874, le Larousse définit le nationalisme comme la « préférence aveugle et exclusive pour tout ce qui est propre à la nation à laquelle on appartient »), il apparaissait, après la Révolution de 1789, comme un courant de pensée fondé sur la sauvegarde des intérêts nationaux et l'exaltation de certaines valeurs nationales - Barruel le désigne comme permettant « de mépriser les étrangers, de les tromper, de les offenser ».
[...] II) 1886-1905 : Le nationalisme des nationalistes Naissance dans un nouveau contexte intellectuel - Éclosion du nouveau nationaliste, passage à droite de l'idée nationale permise par un nouveau contexte (le temps est au retour à l'instinct, à l'irrationnel ; remise en question du scientisme ; développement du Darwinisme social ; études sur l'inconscient ; vague néo-romantique . ) - Racines nouvelles et anciennes de l'antisémitisme : vague qui déferle la France depuis le début du siècle. L'édition, la presse catholique (La Croix), les intellectuels (Renan), la littérature s'imprègnent d'antisémitisme. On assiste à un racisme scientifique. [...]
[...] Les républicains portent leurs efforts sur l'école primaire (lois Ferry en 1881- 82 et loi-cadre de Goblet en 1886), où sont enseignés un patriotisme et un nationalisme à hauteur d'une idéologie dominante (morale laïque prônant les valeurs républicaines, apprentissage d'un amour de son pays . L'École contribue à magnifier l'armée qui occupe alors une grande place dans la nation (les manifestations militaires sont fréquentes). La patrie se confond avec l'Armée, véritable symbole national. - Hors de l'école, l'idéologie patriotique se diffuse puisque des associations à vocation culturelle et populaire se mettent en place. Les supports à la propagande du patriotisme se multiplient. [...]
[...] Pourtant, le nationalisme sera discrédité par son activisme politique trop virulent quelques années plus tard. Bibliographie - BERSTEIN Serge, WINOCK Michel (dir.), L'Invention de la démocratie, 1789- 1914, Paris, Le Seuil - GARRIGUES Jean, Le Boulangisme, Paris, PUF - RÉMOND René, Les Droites en France, Paris, Aubier - WINOCK Michel, La Fièvre hexagonale, Paris, Le Seuil Aide sur l'affaire Dreyfus et la crise boulangiste - CARON Jean-Claude, VERNUS Michel, L'Europe au XIXe siècle : des nations aux nationalismes (1815 - 1914), Paris, Armand Colin Compréhension globale des différents moments nationalistes. [...]
[...] - Il s'affirme sous l'affaire Dreyfus (décision de justice envers un individu considéré comme traître ; contre qui s'unir : bataille d'intellectuels, manifestations, formation de deux camps. Cette affaire révèle la puissance du courant nationaliste, qui prend des formes qu'il gardera en tant qu'idéologie au XXe siècle. - Couleurs révolutionnaires d'agitation, de refus de la République, qui prend de plus en plus de distance avec le patriotisme républicain. Un nationalisme activiste : Barrès et Maurras - Deux tendances principales émergent : le nouveau nationalisme se définit en construisant des systèmes doctrinaux. [...]
[...] - La défaite et l'amputation qui a suivi laissent des traces profondes. C'est un traumatisme d'autant plus que celles-ci sont une surprise pour la société française, point de départ d'une redéfinition de la nation telle qu'elle était pensée en 1789. - Désormais, les Français pensent à travers la défaite, qui fournit de nouveaux thèmes de réflexion au nationalisme, à partir de la perte de l'Alsace-Lorraine. D'abord, le temps est au recueillement et à l'obsession du modèle allemand ; c'est la crise de la pensée française. [...]
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