Le nationalisme est l'un des grands phénomènes du XIXe siècle, il apparaît dans sa nouveauté et sa modernité comme le fruit des changements qui affectent en profondeur la société.
Le terme de nationalisme figure pour la première fois dans le Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse en 1874. Il lui donne deux sens. Le premier, synonyme de chauvinisme, définit comme une préférence aveugle et exclusive pour tout ce qui est propre à la nation à laquelle on appartient. Le second, rattaché aux mouvements nationalitaires du XIXe siècle européen comme l'existence propre des peuples à l'état de nation indépendante. Mais au tournant du XXe siècle, apparaît une nouvelle définition influencée par Barrès et Maurras où le nationalisme désignera un système de pensée fondé sur l'affirmation de la primauté dans l'ordre politique et de la défense des valeurs nationales et des intérêts nationaux. Ainsi, le mot nationalisme s'applique soit pour stigmatiser une forme outrancière de patriotisme, soit il sert d'étiquette et de profession de foi à certains mouvements que l'on a pris l'habitude de situer à droite ou à l'extrême droite de l'horizon politique.
[...] A la création de la ligue, les adhérents sont républicains, mais très tôt la mutation idéologique du délégué général vers un certain extrémisme, entraîne des changements dans la Ligue. Durant les années 1885-1888, elle évolue vers une organisation luttant contre la république parlementaire. De 1871 à le régime traverse deux grandes crises à la faveur desquelles le nouveau nationalisme prend corps, il s'agit de la crise boulangiste d'abord (1886-1889) et de l'affaire Dreyfus ensuite (1894- 1899). Le boulangisme dépasse par ses causes et par ses conséquences la personne même du général Boulanger. C'est une crise grave qui traverse le régime républicain français entre les années 1886 et 1889. [...]
[...] L'antisémitisme est donc devenu officiel et exposé dans la plupart des milieux. Le monde intellectuel est dès lors marqué par un nécessaire engagement dans l'œuvre de l'artiste ou écrivain. L'Affaire Dreyfus approfondit la bipolarisation de la France et exacerbe des mouvements nationalistes de plus en plus violents trouvant écho dans une population de plus en plus antisémite. Avec la crise de l'Affaire Dreyfus, les ligues sont surtout le témoin du malaise d'une partie de la société devant les grandes transformations de la fin du siècle. [...]
[...] L'école de la République enseigne un patriotisme et un nationalisme officiel, qui prônent le travail, la discipline, la solidarité et l'entraide entre les hommes. L'armée est le symbole de la nation, elle est sacrée et alors que les valeurs se dégradent, elle seule est une institution stable. En même temps que le socle des valeurs républicaines et la République elle- même se consolident à la fin du XIXe siècle se produit un chassé-croisé des idées qui aboutit à la constitution d'une droite nouvelle. [...]
[...] On la voit bien à l'œuvre pendant l'affaire Dreyfus, à travers le faux patriotique A la fin de l'année 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, polytechnicien et juif alsacien sont accusés de trahison pour avoir livré des documents secrets aux Allemands. Il est condamné au bagne à perpétuité et déporté sur l'Ile du Diable. Au départ, l'opinion publique française est très largement antidreyfusarde. La famille de Dreyfus engage alors le journaliste Bernard Lazare pour prouver son innocence. Parallèlement, le colonel Georges Picquart, chef du contre-espionnage constate en mars 1896 que le véritable traitre est Ferdinand Walsin Esterházy. Mais l'Etat-Major refuse de revenir sur son jugement. [...]
[...] S'entame alors une scission de la France entre dreyfusards et antidreyfusards. Ce débat touche aussi bien la classe politique qu'intellectuelle et trouve un écho plus largement dans l'ensemble de la population. Des émeutes antisémites éclatent dans les villes et une excessive violence se développe dans les partis nationalistes notamment par le biais des ligues. L'affaire faite en fait revivre l'affrontement des deux France. On voit en effet s'épanouir un nationalisme de type populiste dont la force politique est représentée par l'Action française et les ligues dans une action de plus en plus extrême. [...]
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