Qu'il soit défini comme le fait d' « avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore (…), la volonté de vivre ensemble » (Renan, 1882) ou comme « le souci prioritaire de conserver l'indépendance, de maintenir l'intégralité de la souveraineté et d'affirmer la grandeur de cet État-nation » (Raoul Girardet), le nationalisme semble particulièrement vif en France au lendemain de la défaite de 1870.
Cependant, malgré l'«année terrible », malgré le souvenir de la défaite face à la Prusse et l' « amputation » qui en a suivi, le nationalisme français est loin de se résumer à l'unique idée de Revanche, même si la « perte des deux provinces colore de façon originale le nationalisme français. »
Se développe en effet dans les remous de la défaite un nationalisme républicain, d'héritage révolutionnaire, diffusé par l'Etat lui-même afin d'assurer une cohésion nationale à la France et lui rendre sa grandeur et sa place dans le concert des nations.
Un nouveau nationalisme, dit de droite et conservateur, s'enracine ensuite progressivement dans la société française et ce nationalisme des « nationalistes » de la fin du XIXe et du début du XXe siècle semble avant tout être, à la veille de la Première Guerre mondiale, un mouvement de repli, de défense contre la menace allemande.
Ainsi, comment, à partir d'un même dessein d'une grandeur française à reconquérir, s'est opéré ce glissement politique du nationalisme français, d'un nationalisme de gauche en 1870 à cette nouvelle conception et à ce nationalisme de droite ?
[...] Celle-ci est également alimentée par le scandale de Panama révélé en 1892 par Edouart Drumont, journaliste ouvertement antisémite et antiparlementaire, dans la Libre Parole. L'affaire Dreyfus révèle quant à elle la puissance du courant nationaliste de droite, aux couleurs révolutionnaires d'agitation, de refus de la République», qui s'éloigne de plus en plus du nationalisme républicain. Il faut cependant noter que l'antidreyfusisme est un mouvement de masse, fondé sur un antisémitisme diffus, répandu dans la société française et dont la propagande est assurée par l'existence de ligues, anciennes ou nouvelles - la Ligue des Patriotes de Déroulède créée en 1882, la Ligue de la Patrie Française de 1899 (en réponse à la Ligue des Droits de l'homme, née en 1898) ainsi que la Ligue antisémitique fondée par Drumont en 1890 mais également par la presse. [...]
[...] Le nationalisme français de 1870 à 1914 La France a là une pointe d'acier enfoncée en sa chair, qui ne la laissera plus dormir écrit Ernest Renan en 1871 à propos du désastre militaire de Sedan et l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine. Qu'il soit défini comme le fait d' avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore ( la volonté de vivre ensemble (Renan, 1882) ou comme le souci prioritaire de conserver l'indépendance, de maintenir l'intégralité de la souveraineté et d'affirmer la grandeur de cet Etat- nation (Raoul Girardet), le nationalisme semble particulièrement vif en France au lendemain de la défaite de 1870. [...]
[...] C'est ainsi qu'un nationalisme officiel s'enracine progressivement dans la société française A. L'école de la République, un vecteur de diffusion du nationalisme républicain Le régime dispose d'un instrument décisif pour propager le nationalisme républicain et pour former un nouveau type de citoyens possédant une véritable conscience nationale : l'Ecole, où est incontestablement enseigné ce nationalisme officiel, élevé à la hauteur d'une véritable idéologie dominante L'école primaire notamment a joué un rôle déterminant dans la diffusion de ce nationalisme républicain au sein de la société française en exaltant les vertus de solidarité, de discipline, de travail, ainsi que le culte de la patrie et de ses grands hommes, le suffrage universel et les principes de 1789. [...]
[...] Par exemple, le mot le plus utilisé par la droite dans les années 1880 est celui de menace A ce discours insécuritaire sur la décadence de la France s'ajoutent de graves crises à partir desquelles le nationalisme des nationalistes associé à des attitudes politiques précises, conservatrices le plus souvent et toujours antilibérales et antiparlementaires, achève de se construire et c'est dans les années qui vont suivre que va se définir cette nouvelle doctrine nationaliste. A. Le discours insécuritaire et de la décadence française Au discours républicain tendant à montrer que la République est le meilleur des régimes possibles, répond un discours insécuritaire sur la décadence de la France. Ce sentiment d'insécurité est accentué par l'obsessionnelle crainte de l'espion, figure constitutive du Nous national. Ce nouveau nationalisme semble bien décidé à lutter contre tout ce qui, à l'intérieur d'abord, pourrait constituer une nouvelle menace mettant en péril la nation. [...]
[...] L'enseignement de l'école est également prolongé par des associations - comme la Ligue de l'enseignement (crée par Jean Macé en 1866, sa devise est Pour la Patrie, par le Livre et par l'Epée des groupes de gymnastique, etc - des bibliothèques tenues par des instituteurs républicains, des images, des bustes (de Marianne par exemple), des statues, etc B. L'Armée : l'Arche sainte symbole de l'unité nationale L'Armée est également un instrument privilégié pour réaliser l'apprentissage de ce nationalisme républicain. Non seulement l'Ecole magnifie l'Armée, mais elle joue également un rôle dans l'acceptation du sacrifice pour la défense de la nation française et dans la préparation au service militaire (notons par exemple la tentative de Paul Bert de créer en 1882 des bataillons scolaires). [...]
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