« Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres ». Cette phrase de Romains Gary montre que le nationalisme peut être défini comme le souci prioritaire d'affirmer la suprématie de la nation sur les autres et de préserver l'intégrité de la souveraineté, il s'agit d'une tendance politique souvent assimilée à l'extrême droite. C'est la valeur nationale qui prédomine. Mais ce terme souffre d'une « imprécision de sens » ainsi que d'une ambiguïté d'utilisation.
Le terme de « nationalisme » connaît une importante évolution. C'est Augustin Barruel, abbé contre-révolutionnaire, qui l'emploie pour la première fois en français en 1789, lui donnant un sens péjoratif car utilisé pour stigmatiser le caractère immoral du « patriotisme jacobin ». Dans un premier temps, le nationalisme apparaît comme étant l'héritier de la période révolutionnaire. Puis il est perçu également en tant qu'héritier du traditionalisme, d'une forme d' « historicisme » qui prend conscience des particularités nationales et prône une redécouverte du passé. Sous la Restauration et plus tard sous le Second Empire, le nationalisme se situe à gauche, se fonde sur la souveraineté populaire, déclare la paix au monde, mais se tient prêt à affronter les tyrans, armes à la main, comme l'illustre l'épisode de la Commune en 1871 qui s'appuie d'abord sur un patriotisme exacerbé. À partir de 1870 et de la défaite française à Sedan, la France connaît l'essor de courants nationalistes outranciers. La défaite est une plaie inguérissable (on parle toujours du souvenir de l'Année terrible) et les Français deviennent obsédés par la revanche. Néanmoins l'esprit revanchard bien que toujours très fort en 1914 connaît des phases, et il retombe notamment avec le boulangisme puis l'Affaire Dreyfus, qui voient l'émergence d'un nationalisme antisémite et conservateur, nationalisme de droite. Entre la guerre de 1870 et celle de 1914, le nationalisme français, facteur de changements politiques, imprègne profondément l'ensemble de la société, développant ainsi un véritable culte national. Ainsi, comment évolue le nationalisme français de 1870 à 1914 ? Comment s'opère le glissement d'un nationalisme « ouvert » vers un nationalisme « fermé » ?
[...] Ce nationalisme aboutit à l'Union sacrée en 1914 et au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il faut néanmoins souligner le fait que malgré ses évolutions, le nationalisme français connaît de puissants éléments de continuité : émotion des grandes ferveurs collectives, culte des héros et des grandes figures de l'histoire nationale, constante ferveur militaire, culte de la patrie De 1870 à 1914, la hantise que la grandeur de la France se défasse semble avoir sans cesse dominé le contexte moral du nationalisme français. [...]
[...] Ainsi, comme l'affirme Marcel Mauss, sociologue et ethnologue français, bien que le nationalisme soit générateur de maladie et de consciences nationales, il n'est avant tout que l'expression de deux réactions : l'une contre l'étranger, l'autre contre le progrès qui soi-disant mine la tradition nationale Bibliographie - COLON David, L'histoire du XIXe siècle en fiches, Ellipses, Paris - GIRARDET Raoul, Le nationalisme français 1871- 1914, Seuil, Paris - WINOCK Michel, Nationalisme, antisémitisme et fascisme en France, Seuil, Paris - THIESSE Anne-Marie, La création des identités nationales. [...]
[...] Il faut toutefois souligner une distinction entre le boulangisme des campagnes et celui des faubourgs ouvriers, entre le boulangisme populaire et celui des états-majors. Mais en dépit de ses contradictions internes, c'est une famille politique nouvelle qui voit le jour avec le boulangisme : ce que l'on appellera plus tard le mouvement nationaliste et que ses fidèles désignent dès la fin des années 1880 sous le nom de parti national Celui-ci, directement issu du radicalisme politique, est l'exaltation d'un nationalisme militaire et cocardier et ce n'est pas un hasard s'il trouve d'abord ses bases les plus solides dans la rue parisienne. [...]
[...] Cette unanimité nationale (dont font exception certains dissidents de gauche) persista jusqu'en 1918 à la fin du conflit. Si l'Union sacrée a vu la participation ou le soutien des socialistes français, c'est parce qu'en leur sein vibrait encore le nationalisme révolutionnaire et républicain. On retrouve dans les discours mêmes des personnes qui ont le plus ardemment milité pour la paix (Jaurès, Vaillant, Allemane) des traces d'amour patriotique mais aussi celles d'un authentique orgueil national. Les socialistes veulent défendre leur patrie parce que la France reste à leurs yeux le sanctuaire de la Révolution. [...]
[...] Contre le rationalisme, le libéralisme et le scientisme, on exalte les valeurs de sentiment, d'action et de discipline. La jeunesse intellectuelle a donc donné au nationalisme une expression originale par sa tonalité affective, et assez différente de celle de leurs aînés. Le nationalisme de la guerre et la montée des tensions L'opposition entre le nationalisme de droite et le nationalisme de gauche s'affaiblit au moment où le Reich de Guillaume II commence à mener une agressive Welpolitik et que la figure d'un danger n'est non plus théorique mais bel et bien concrète, immédiate et mortelle. [...]
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