En Algérie, l'apparition de véritables mouvements nationalistes revendicatifs se manifeste relativement tardivement en comparaison à d'autres pays sous domination coloniale. Peut-être parce que le pays, avant même la colonisation française de 1830, se trouvait placé sous la domination ottomane depuis le XVIe siècle et qu'aucun germe d'une quelconque conscience nationale historique n'y était présent. Le mouvement des Jeunes Algériens apparu en 1908 et réclamant des droits politiques pour les élites de l'Algérie Française ainsi que l'amélioration du sort du peuple en contrepartie du service militaire obligatoire, apparaît comme le premier groupe à tendance nationaliste. Il n'en demeure pas moins que ce premier mouvement ne concurrence que discrètement les visées assimilationnistes prépondérantes de l'époque.
En 1919, le capitaine Khaled, appartenant au mouvement des Jeunes Algériens, écrit une lettre au président américain Wilson pour demander l'autodétermination de l'Algérie sous l'égide de la Société des Nations. Il réclame par la suite une représentation élue des musulmans algériens dans un collège spécial au parlement français. Ainsi, un sentiment de nationalité fondé sur l'Islam existe sans doute en Algérie, mais il n'aboutit pas encore à une
revendication explicitement nationaliste. Ce n'est véritablement qu'avec la création de l'Etoile Nord Africaine en 1926 et par la voix de son fondateur Messali Hadj qu'apparaît la première revendication publique de l'indépendance totale de l'Algérie. Celle-ci est par ailleurs réclamée dans un premier temps en compagnie de la décolonisation du Maroc et de la Tunisie.
[...] C'est ainsi que les formidables forces sociales et politiques libérées par la volonté légitime d'accéder à l'autodétermination et à la liberté n'ont pu éviter de tomber dans le gouffre de la guerre Bibliographie: ACHOUR (Ouamara), Analyse du discours nationalitaire algérien (1930-1954) in Mots Année 1986 Volume 13 Numéro 13 pp. 131-158 CARLIER (Omar) (1995), Entre Nation et Jihad. Histoire sociale des radicalismes algériens, Paris, PFNSP COLLOT (Claude), HENRY (Jean Robert) (1978), Le mouvement national algérien, textes, 1912-1954, Ed. L'Harmattan DJAZIRI (Moncef), La problèmatique partisane dans les systèmes politiques du Maghreb, relance des études comparatives HARBI (Mohammed) (1975), Aux origines du FLN. Le populisme révolutionnaire en Algérie, Paris, Ch. Bourgois. [...]
[...] Messali Hadj se retrouvera alors de plus en plus isolé au sein du mouvement car sa stratégie politique plutôt que militaire ne trouvera plus écho auprès d'une nouvelle génération militante radicalisée L'association des Oulémas musulmans algériens Cheikh Abdelhamid Ben Badis: le leader historique. Albelhamid Ben Badis est né le 4 décembre 1889 à Constantine. Il est le fils d'une famille bourgeoise dont il revendique les origines berbères. Ben Badis grandit dans un entourage pieux et apprend le Coran dès son jeune âge. En 1908, il part étudier à la mosquée de Zitouna en Tunisie et devient peu à peu sensible aux problèmes posés aux musulmans par le colonialisme occidental. [...]
[...] Dès lors les condamnations vont se succéder et, jusqu'en 1945, Messali Hadj passera de nombreux mois en prison sans que cela ne l'empêche de poursuivre ses activités en faveur de l'indépendance de l'Algérie L'Etoile Nord-Africaine. Le texte fondateur de l'Etoile Nord-Africaine est le discours prononcé par Messali Hadj au sommet de Bruxelles en 1937. Il y énonce un certain nombre de revendications immédiates ainsi qu'un programme politique à plus long terme: Les revendications immédiates Cité dans P. MILZA, Sources de la France du XXe siècle, Paris, Larousse, coll. [...]
[...] Voilà notre vrai but, ni plus ni moins»7. Les Oulémas enseignent jusqu'en 1933 dans les mosquées puis, quand cela leur est interdit, dans des cercles privés. L'association essaie également de créer des écoles primaires et quelques médersas libres où l'enseignement se fait en arabe. Leur but est avant tout de renforcer l'identité arabo-musulmane des algériens pour éveiller en eux une conscience identitaire et évoluer vers l'indépendance Les Oulémas comme tendance arabo-islamique des mouvements nationalistes algériens. Ce que les Oulamas combattent avant tout, et qui est sans doute un combat plus important à leurs yeux que l'accession à l'indépendance, c'est l'assimilation et la seule valorisation de la culture française. [...]
[...] La tendance arabo-populiste s'inscrit elle dans une perpective de rupture nette avec la France et les autorités coloniales qui la représentent. Aussi bien l'Etoile Nord-Africaine (et ensuite le Parti du Peuple Algérien) que l'association des Oulémas rejettent toute évolution vers l'indépendance se faisant de concert avec la France et présentent des inclinaisons révolutionnaires ayant trait à des aspects politiques ou culturo-religieux. Il est intéressant de s'apercevoir que les parcours de vie de Ferhat Abbas et de Messali Hadj, à l'origine représentants respectifs d'un nationalisme républicain et évolutif et d'un nationalisme plus tranché et révolutionnaire, vont amener leurs idéologies à se rapprocher en 2 radicalisant peu à peu Ferhat Abbas et en adoucissant le mode d'action prôné par Messali Hadj Les clivages socio-politiques et culturels à l'origine des différences entre les courants nationalistes. [...]
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