En 1799, la France déchirée par dix ans de lutte aspire à la paix : Bonaparte apparaît alors comme l'homme providentiel, capable d'inscrire les modifications de 1789 dans la durée. Son action consistera à concilier l'héritage révolutionnaire et monarchique. Le régime en devenir oscille donc entre rupture et continuité avec le passé. Napoléon a-t-il trahi la Révolution ?
[...] Napoléon a accompli les objectifs de la Révolution en faisant aboutir bon nombre de ses projets et en fournissant à l'état le cadre indispensable au maintien de ces bouleversements. George Lefebvre désignait l'empereur Napoléon comme : l'enfant des philosophes, qui détestait la féodalité, l'inégalité civile, et l'intolérance religieuse. Dans ce sens, il fut l'homme de la Révolution S'il est vu comme un conservateur en France, il est considéré comme un révolutionnaire en Europe dans les monarchies où il impose, au fil de ses conquêtes impériales, les réformes faites dans le pays. [...]
[...] Cela n'aboutit qu'avec Napoléon dont les juristes parviennent à synthétiser le droit d'Ancien Régime et la législation révolutionnaire. Le Code Napoléon repose sur les principes des Lumières, maintient la suppression des privilèges, réaffirme les droits de l'homme et l'égalité, notamment devant la loi. Enfin, les piliers du Code civil de 1804, famille et propriété, sont l'écho direct de la Révolution. Bonaparte veut poser les masses de granit d'un nouvel État, ce qui suppose des finances saines, une administration efficace, une police et une justice compétentes. [...]
[...] De même, la vie culturelle est largement contrôlée : les théâtres, lieu de l'effervescence politique, sont limités en nombre, la littérature soumise à la censure, la presse muselée ou dévouée à la cause du chef de l'état et l'art mirent au service de la propagande du régime. On peut finalement véritablement questionner la capacité de Napoléon à respecter l'héritage de la Révolution, ce qu'il a pourtant prêté serment d'accomplir le jour même de son sacre, dans la mesure où même le principe d'égalité civile est mis à mal. Bonaparte semblait pourtant attaché à la défense de cet acquis né de l'abolition des privilèges en 1789. Néanmoins, le rétablissement de l'esclavage dans les colonies en 1802 semble contraire à cette promesse. [...]
[...] La République héritée de 1789 n'est plus qu'une illusion : on cesse de célébrer les fêtes révolutionnaires comme le 14 juillet et même si l'on garde le drapeau tricolore, on délaisse la Marseillaise. Pourtant, Napoléon dispose d'une véritable assise populaire et affirme vouloir défendre les droits de l'homme et lutter contre la féodalité et les privilèges. Napoléon s'est, dès son arrivée au pouvoir, donné pour mission de consolider les avancées de la Révolution française par un pouvoir central fort, capable d'institutionnaliser les idéaux de 1789. Napoléon, en mettant un terme à la Révolution et en posant les bases légales et administratives nécessaires à sa pérennité, l'a sauvée. [...]
[...] Usant de son assise populaire, qu'il stimule par le biais de la propagande et du recours constant au plébiscite, Napoléon devient un souverain tout-puissant qui a en main l'avenir de la France, qui doit parvenir à réussir sa transition et à se doter d'un État stable. Bonaparte voit la prise de mesures d'exception comme indispensable pour rétablir l'ordre. Mais l'exception devient permanente laissant penser que ce régime est tout simplement devenu dictatorial et liberticide. Les libertés publiques, la liberté de presse ou d'expression sont fortement diminuées au nom de l'ordre public. [...]
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