Au lendemain de la Révolution française, l'ordre religieux est entièrement désorganisé. Suite à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, la Terreur menée par Robespierre a été des années de persécutions innombrables pour le clergé et d'annihilation de l'Eglise et de toute pratique religieuse. Toutefois, la fin de la Terreur et le retour à plus de modération et de tolérance durant les quatre années de gouvernement du Directoire ont permis une réapparition et un redéveloppement relatif de la pratique religieuse. L'arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir par le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII marque un retour à la religion. Avec la volonté de conserver en partie les acquis de 1789 mais aussi le désir de modernisation, le Premier Consul, influencé par ailleurs par l'idéologie des Lumières, favorise la régénérescence des cultes religieux, et notamment de l'Eglise catholique, ce qui lui a valu d'être surnommé le « héros » à de nombreuses reprises. Cependant, ce surnom a également suscité des controverses comme une grande partie de son action. Il convient donc de s'interroger sur l'évolution et la réussite ou l'échec des objectifs poursuivis par Napoléon en matière de cultes. Le retour à la religion entrepris par le Premier Consul puis l'Empereur a-t-il permis de faire renaître les liens fondamentaux entre l'Eglise et l'Etat ?
[...] En échange, le clergé est choyé. Ainsi, en 1808, l'épiscopat est intégré à la noblesse de l'Empire. Toutefois, un contrôle permanent sur les actions, les rassemblements et les écrits religieux est maintenu, traduisant le désir de Napoléon de conserver une influence sur le clergé. Par ailleurs, le renforcement des liens entre l'Etat et l'Eglise peut être mis en évidence par l'établissement de mesures visant à établir une monarchie chrétienne. En 1804, le futur empereur décide de se faire sacrer. La cérémonie religieuse se déroule en présence du pape dans un cadre monarchique et divin. [...]
[...] De plus, dès 1809, l'Empereur ordonne le renforcement du contrôle policier à l'égard de l'Eglise et des répressions afin de lutter contre l'influence du pape. Ces mesures suppriment pourtant peu à peu la paix religieuse et les liens dont il était lui-même le principal initiateur. Ainsi, il interdit aux évêques d'organiser des missions avec le concours de prédicateurs extérieurs, fait arrêter des membres du clergé suspecté d'être partisan du pape. Il met également en œuvre une véritable censure de la presse catholique, interdisant tout écrit religieux présentant une opposition au régime. [...]
[...] Ce détachement et cette rupture de Napoléon avec l'autorité pontificale portent très fortement préjudice à la réconciliation et aux liens rétablis entre l'Eglise et l'Etat. Il s'accompagne d'un développement d'une église gallicane et du renforcement des contrôles et des répressions qui accentuent la détérioration de l'ordre religieux. L'Empereur, face à la crise avec la papauté, cherche à la dépasser. La plus significative des mesures mises en œuvre et marquant la rupture avec l'autorité pontificale est l'établissement d'évêques auxquels Pie VII a refusé de donner l'investiture canonique. [...]
[...] Le Premier Consul, face à ce désordre, entame des réformes et des négociations avec l'Eglise et le pape. Son objectif est en effet de rétablir la paix religieuse dans le pays afin de ramener l'ordre social. Dès son arrivée au pouvoir, il multiplie les gestes en faveur des catholiques : il pacifie la Vendée, favorise le retour des prêtres émigrés, autorise de nouveau l'ouverture des églises le dimanche. Le nouveau pape Pie VII élu en 1799 après la mort de son prédécesseur accepte les propositions de négociations de Bonaparte. [...]
[...] Parallèlement, un réseau clandestin au service du pape se développe. Il assure notamment l'envoi, la transmission et la publication des écrits réalisés par Pie VII, toujours prisonnier, dans l'ensemble de l'Empire, assurant ainsi le maintien du soutien envers le pape. Par ailleurs apparaît et se développe la société des Chevaliers de la Foi, regroupant des membres du clergé qui s'associent aux royalistes, dont le duc de Provence, futur Louis XVIII, dans le but de restaurer une monarchie chrétienne en France. [...]
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