Le parti fasciste italien n'est pas simplement né à l'issu du congrès de Rome de 1921, qui lui donne une structure officielle, le parti national fasciste.
Avant d'être officiellement un parti en 1921, le fascisme s'est implanté dans le pays à travers ses fameux faisceaux et a participé au sein d'un « bloc national » à des élections et s'est donc fait reconnaître comme réelle force politique. Les compromis et les difficultés qui accompagnent cette création montrent que la création du parti fasciste est un pas dans l'évolution de la nature fondamentale du fascisme.
Si la création d'un parti est nécessaire, c'est parce que celui-ci est la structure qui appuie et coordonne une action locale et nationale et surtout qui permet d'accéder au pouvoir pour y accomplir un programme dans la légalité. Mussolini va tenter de concilier la nature illégale du fascisme, fondée sur la violence des fasci avec celle légale d'un parti.
Pourquoi la formation d'un parti fasciste ? C'est aussi parce que le fascisme se veut, par la volonté de Mussolini, un mouvement de masse, et que cela demande une structuration précise et organisée. Il s'agit de ne pas laisser échapper ces forces centrifuges qui constituent à la fois la force et le désordre du fascisme. Le fascisme agraire et les syndicats doivent être mis sous l'autorité d'une direction centralisée mais aussi militarisée : le parti est original par les forces sur lesquelles il s'appuie, mais aussi par son caractère militaire. La Milice est là pour assimiler l'action violente des fasci à une troupe encadrée et organisée.
[...] Il faut chercher la raison de ce changement profond par les éléments qui constituent le mouvement fasciste. En effet, sur membres (environ la moitié des adhérents) sont de petits commerçants des employés des fonctionnaires exercent des professions libérales et sont des étudiants issus de la bourgeoisie. De plus, cette domination est visible à travers les cadres du parti : les trois quarts des responsables nationaux, des secrétaires fédéraux ou des dirigeants locaux appartiennent à la petite bourgeoisie urbaine. Cependant, les dirigeants du squadrisme condamnent le caractère réactionnaire et la bureaucratisation du mouvement, c'est-à-dire ce dont ils craignent depuis l'idée de la création d'un parti organisé. [...]
[...] Quand Bonomi prononce en 1921 la dissolution de toutes les organisations armées, l'occasion est saisie par la direction du PNF pour affirmer sa nature résolument militaire : le parti ne fait qu'un avec ses escouades En plus de confirmer sa non- reconnaissance du gouvernement en place et du parlementarisme, le parti fait un grand pas vers les squadre. C'est ainsi qu'est créée la Milice, dotée des chemises et fez noirs des arditi et divisée en ceinturies, cohortes et légions. Elle apparaît bien comme l'armée du parti. Les ras combinent donc dans leurs personnes une autorité à la fois politique et militaire. Ainsi, la milice satisfait la tendance violente en la canalisant en organisation militaire. [...]
[...] Un nationalisme déçu et un syndicalisme révolutionnaire La situation italienne à l'issue de la résolution du conflit et de la conférence de Paris est marquée par une grave crise économique qui se traduit notamment par une forte inflation, par un mécontentement de la population paysanne, qui après avoir fourni le gros des armées italiennes, n'a pas bénéficié du partage des terres attendu, et surtout par un fort sentiment national de déception. Ce sentiment de victoire mutilée qui mêle à la fois l'exaltation de la victoire, mais aussi la frustration de revendications insatisfaites, est repris par les nationalistes et va bientôt devenir un point de référence des fascistes. C'est dans ce contexte qu'apparaissent les fasci di combattimento, expression d'une nostalgie de la guerre et d'une forte tradition révolutionnaire. La guerre a fait beaucoup de frustrés et de mécontents. [...]
[...] Il pense pouvoir les inclure dans l'échiquier politique, comme il l'a fait auparavant pour les socialistes. La participation des fascistes au gouvernement pourra donc contenir la violence squadriste en opposant à leurs méthodes une solution politique et légale. Il est vrai que l'inclusion du fascisme dans le bloc national leur fait gagner le respect des libéraux, mais le fascisme ne se détache pas pour autant de son action violente, et celle-ci tend à embarrasser Mussolini Son action qui vise donc à rendre le fascisme respectable passe aussi par la signature d'un pacte de pacification en août 1921, encouragé par le successeur de Giolitti, Ivanoe Bonomi. [...]
[...] En effet, Mussolini veut faire du fascisme une véritable force politique. Mais sa position antiparlementariste, sa définition en tant que antiparti rendait difficile la création d'une structure politique organisée. Mais à partir du moment où le mouvement s'est allié avec la classe dirigeante pour écraser les soulèvements socialistes, il a recruté une clientèle politique et s'est donné en quelque sorte vocation à rentrer sur la scène politique. La répression du Bienno rosso lui a permis de s'implanter localement et de devenir une vraie force, reconnue et crainte par l'Etat. [...]
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